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Ecrivain de la comédie romande - Page 268

  • Maxime éternel

    images-1.jpgLaissons de côté, pour un temps, les miasmes de Wall Street et les gargouillis de la politique fédérale. Et laissons de côté, tant qu’à faire, le champ de bataille de la littérature romande (où de bien nobles combats restent encore à mener). Et revenons à nos amours. Les vraies, les passionnées : celles de l’adolescence.
    Je vous l’accorde : il ne passe pas souvent sur Couleurs 3, ni Espace 2 , ni Europe 1, ni RTL, ni Radio-Lac. Pourtant, le dernier disque de Maxime le Forestier, intitulé Restons amants, est un petit bijou de poésie et de musique. Bien sûr, depuis son premier disque (1972 !), Maxime a bien changé. Le ton n’est plus, ici, aux attaques contre l’armée (Parachutiste), ni aux protest-songs engagées (assassinant de Pierre Goldman). Non, le dernier album fait la part belle aux  « chansons vertes » évoquant le destin de la Terre, au désordre des sentiments, à la poésie douce-amère de l’amour.
    Écoutez :
    Restons amants des hôtels sombres
    Des rendez-vous dissimulés
    Où vont s’entrelacer les ombres
    Au danger, mélangées…

    La musique, ici, est de Julien Clerc, qui en connaît un bout en matière de refrains entêtants, de mélodies limpides, d’atmosphères feutrées : un chef-d’œuvre.
    Ecoutez encore :
    Restons amants des impatiences
    Des minutes qui sont comptées
    Des trésors de rus et de science
    Pour se retrouver…

    Même si la voix de Maxime n’a pas changé d’un quart de ton, les chansons, elles, alternent les tempi lents et rapides, les mesures en 5/4, voire même en 7/4. Ce qui n’est pas le moindre de leurs charmes.
    Mais écoutez encore :
    Restons amants des corps à corpss
    Des peaux qui savent se trouver
    Là sont les cœurs qui battent encore
    L’un à l’autre mêlés…

    Ce qui fait du bien, avec Maxime Le Forestier, ce n’est pas de replonger, corps et âme, dans l’adolescence disparue, mais de voir que, le temps passant, l’on peut grandir ensemble et vivre encore dans le désir, éternellement.
    La petite mort
    L’éternité…


  • Le bonheur est dans le jazz

    images.jpegDe souvenirs il est question dans l’imposant volume publié par les Editions Slatkine, intitulé Le Bonheur était dans le jazz*. Le grand Pierre Bourru (que tous les amateurs de jazz romands connaissent bien) se confie ici à Claude Tappolet, historien et auteur de plusieurs essais sur la vie musicale.
    Parler de jazz en Suisse romande, c’est évidemment parler de Pierre Bourru qui a œuvré, sa vie durant, à mieux faire connaître, et apprécier, cette « musique de nègres et de fous ». Grâce à Tappolet, on revient sur les débuts de Bourru (lui-même batteur émérite) qui s’est lancé, sans aucune expérience, mais avec la foi naïve des vrais amoureux de musique, dans l’organisation de concerts. On est impressionné (regardez le glossaire !) par le nombre de musiciens (et les plus grands) que Pierre Bourru a fait venir à Genève, le plus souvent au Victoria-Hall. Si l’on avait enregistré un disque à chaque fois, on aurait là tout simplement le meilleur du jazz contemporain. Cela commence, en 1949 par Sidney Bechet, puis Bill Coleman, Duke Ellington et cet immense génie du piano qu’est Oscar Peterson (premier concert à Genève en 1969), avec qui Bourru entretiendra des liens privilégiés, puisqu’il viendra plusieurs fois à Genève (mémorable concert avec Count Basie, pendant lequel le vieux Count vient rejoindre le jeune Oscar en deuxième partie, et improvise un bœuf qui dure la moitié de la nuit !). Si l’on voulait citer quelques noms, citons encore Lionel Hampton, la divine Ella Fitzgerald, Ray Charles et le facétieux Erroll Garner que Pierre Bourru emmènera dans le meilleur restaurant de Genève, croyant lui faire plaisir, et qui commandera, à la stupeur du maître de cuisine, « du saumon avec beaucoup de rondelles d’oignons » !
    Les anecdotes fourmillent dans ce livre savoureux et passionnant. Une dernière, pour la route. En 1972, Pierre Bourru est au bord du dépôt de bilan, après un concert mémorable avec Miles Davis qui fut un flop (300 personnes à peine au Victoria-Hall !). Un ami lui conseille d’accueillir un jeune chanteur canadien, mélancolique et taciturne, un peu illuminé, qui passe régulièrement de la scène à un monastère zen, sort un livre tous les cinq ans et donne peu de concerts. Pierre Bourru, qui ne le connaît pas, organise sa venue à Genève. C’est ainsi que le 14 avril 1972 (votre serviteur y était !), Leonard Cohen chante devant un public déchaîné (on refuse 400 personnes aux portes du Victoria-Hall) pour la première fois en Suisse et en Europe ! Et Pierre Bourru, grâce à ce pari, de retrouver sa mise !
    * Le Bonheur était dans le jazz par Pierre Bourru, souvenirs recueillis par Claude Tappolet, Slatkine, 2004.

  • Nationalisons les banques!

    images.jpegVous avez lu comme moi les nouvelles. A part l'élection d'une nouvelle miss Suisse — miss Sextoy — ces nouvelles ne sont pas bonnes. Le mal vient toujours du même endroit : les bourses gangrénées de Wall Street. Qui obligent tout le monde, ici bas, à retenir son souffle, dans l'attente de l'apocalypse…
    Après les Etats-Unis et le Japon, ce sont entre autres la Grande-Bretagne, le Benelux et l'Allemagne qui assurent à des établissements bancaires de leur pays d'échapper à la faillite. La Banque centrale européenne (BCE) elle-même annonce la tenue d'une opération spéciale de refinancement. Les banques centrales ont à nouveau injecté des liquidités lundi. Il s´agit de persuader les banques de recommencer à se prêter après les nouvelles défaillances enregistrées ce week-end sur la planète financière.
    Ce scénario catastrophe n'étonnera personne. On connaît désormais la chanson : quand une entreprise va bien, et dégage des bénéfices, ceux-ci sont répartis entre le PDG et les actionnaires. Quand, au contraire, cette entreprise est menacée de faillite, tout le monde se tourne vers l'État à qui l'on demande, en pleurnichant, d'insuffler de nouveaux capitaux. Ce qui se passe aux Etats-Unis se passera aussi en Belgique, en Allemagne, en France, et bientôt en Suisse. C'est la preuve que les banques (pour ne parler que d'elles) doivent être sévèrement contrôlées, voire nationalisées. C'est la preuve, encore, que la bourse, contrairement à ce que pensent certains traders, n'est pas un casino, mais doit obéir à certaines règles de conduite, dictées par l'intérêt commun, et non les profits personnels. C'est la preuve, enfin, que la haute finance est une chose trop importante pour être confiée aux seuls financiers, visiblement incompétents, ou malhonnêtes, ou les deux à la fois, pour mener à bien de telles tâches. 
    C'est la leçon que nous enseigne la tourmente boursière qui menace d'entraîner le monde entier dans ses tourbillons.

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