Ecrivain de la comédie romande - Page 264
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La revanche des purs
L'élection de Barack Obama, cette nuit, à la Présidence des Etats-Unis d'Amérique, est réjouissante à plus d'un titre. C'est la victoire, on l'a dit, d'un homme simple et ordinaire, encore parfaitement inconnu il y a deux ans : l'incarnation, si chère à nos amis états-uniens, du puissant rêve américain. C'est aussi la victoire de l'espoir et du changement après huit années d'enfer bushien – et le monde a besoin d'espoir. C'est enfin l'entrée en scène, officielle et en grandes pompes, du peuple noir, et pas n'importe où : à la Maison Blanche! Ce peuple à qui l'on ne doit pas seulement les génies du basket ou du jazz, mais aussi de la religion, du cinéma et maintenant de la politique…Mais il me semble que cette élection, en ces temps où finance et politique dansent une valse nauséabonde, prend encore un autre sens. Obama, on le sait, est un homme du Middle West. Grâce à lui, c'est la victoire de Chicago, la ville aux quatre vents, sur Los Angeles et New York, les Sodome et Gomorrhe de l'Amérique. C'est la revanche des purs sur les miasmes de Wall Street et les rêves de pacotille d'Hollywood. C'est la leçon des gens ordinaires, intègres, travailleurs, anonymes, sur l'obsession du profit et de l'argent facile. Grâce à lui, les États-Unis d'Amérique vont enfin redevenir aimables et fréquentables. Ce n'est pas rien, avouez-le, après Guantanamo et Abu Graïb! Nous allons pouvoir retourner dans ce pays légendaire sans honte, ni remords, et vivre à notre tour le rêve américain.Décidément, en cette aube brumeuse, que des bonnes nouvelles!Lien permanent Catégories : all that jazz -
La TSR peut faire mieux (bis)
Enfin, la TSR s'intéresse à la culture! Après des années de néant, notre télévision prend en compte son cahier des charges et nous propose une vraie émission culturelle. Avouez qu'il y a de quoi rêver…
Cette fois-ci, c'est le journaliste Michel Zendali (ex-Hebdo, ex-Matin dimanche, ex-Liberté) qu'on envoie à la mine. Son émission s'appelle « Tard pour bar » et porte bien son titre. Elle se situe en fin de soirée (ah! la TSR est courageuse, mais pas intrépide…) et son décor est le bar d'un cinéma désaffecté de Lausanne. Le concept de l'émission? Une première partie constituée d'un débat, puis une longue interview d'un « acteur culturel », le tout ponctué d'interventions d'une DJ fébrile, d'un barman bavard et de quelques chroniqueurs, plus ou moins inspirés.
Le résultat? Intéressant, mais comme toujours à améliorer…
Le débat, tout d'abord, passionnant, animé, autour du beau projet de nouveau Musée des Beaux-Arts que la ville de Lausanne (décidément toujours en avance d'une idée) veut construire à Bellerive. Même si ce débat ne réunissait aucun artiste, mais seulement des politiques (!), même s'il était simplement calqué sur les débats routiniers d'Infrarouge, l'idée est bonne, et l'on se réjouit des prochaines discussions autour d'un sujet culturel. Intéresssant était aussi l'entretien, au zinc du bar, entre Zendali et son invité, le metteur en scène colombien Omar Porras, personnalité attachante et chaleureuse, qui défend si bien un théâtre vivant et inventif.
Le reste? Anecdotique. Comme les interventions, brouillonnes, de la DJ chargée de relancer les débats (?) ou celles des chroniqueurs et -euses, crispées et crispantes. On passera rapidement sur le coup de fil, pour le moins laborieux, à Pierre Keller, chargé de chroniquer, pour la semaine prochaine, un « event » culturel, pour relever la performance, trop courte et mal présentée, du chanteur genevois Fauve qu'on aurait aimé mieux connaître.
Au final, une émission encourageante, pour une fois, qui devrait faire la part belle, à l'avenir, aux personnalités culturelles de Suisse romande (jeudi dernier, nous n'avons eu droit qu'à une brochette de people). N'oublions pas, pourtant, que les « artistes », ici comme ailleurs, n'existent que par les œuvres qu'ils produisent et, mis à part la belle chanson de Fauve, ces œuvres étaient curieusement absentes de l'émission. Mais Michel Zendali va certainement redresser le cap…
* Tard pour bar, tous les jeudis vers 22h30, sur la TSR.
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La TSR peut faire mieux
On attendait avec beaucoup d'impatience ces « Petits déballages entre amis *». Ce n'est pas tous les jours, en effet, que notre TSR se lance dans la production et la réalisation d'une nouvelle série. On se souvient de « Bigoudi », des « Pique-meurons », de « Paul et Virginie », des « Gros Cons ». Tout cela est déjà ancien. Mais aujourd'hui, avec les « Petits déballages… », la TSR veut frapper un grand coup, et répondre définitivement aux critiques qui prétendent qu'il ne se passe rien de nouveau, ni d'intéressant, dans le domaine de la fiction, sur cette chaîne nationale…D'abord, il faut dire le plaisir, immense, de retrouver, dans une série télévisée, une équipe de comédiens romands magnifiques. On les connaît bien sûr grâce aux scènes de théâtre. Mais la télévision offre à leur talent une autre visibilité. Julien George est excellent dans son rôle de faux dur, Laurent Deshusses est semblable à lui-même, c'est-à-dire épatant, Barbara Tobola est une comédienne lumineuse. Caroline Gasser (« D'accord! ») est parfaite, comme l'inspecteur Philippe Mathey ou l'acheteuse de 4x4 Caroline Cons. Seule erreur de casting : Marc Donet-Money, inexpressif à souhait, qui n'arrive pas à donner à son personnage d'homo coincé une quelconque vraisemblance.Bref, les comédiens sont excellents. Ce n'est pas là que le bât blesse.Mais le scénario… Mais les dialogues… Mais la réalisation!…En ces temps de globalisation, le télespectateur lambda (vous, moi) a accès à tous les programmes de toutes les chaînes du monde, même les plus navrantes. Il peut donc comparer. Et si l'on prend les meilleures séries TV du moment (Nip Tuck, Desperate Housewives et surtout Six Feet Under, le chef-d'œuvre absolu), force est de constater que nos « Petits déballages » sont désolants. Pourquoi? Les faiblesses principales sautent aux yeux : alors que les séries américaines sont construites, élaborées, réalisées par les meilleurs spécialistes du genre, ces « Petits déballages » suintent l'amateurisme : scénario inexistant, dialogues ineptes, mise en scène à l'emporte-pièce, réalisation bâclée. Alors que les Américains soignent le moindre détail, ici tout semble improvisé. Les personnages, au bout de cinq épisodes, sont toujours aussi inconsistants. L'intrigue est nulle. La caméra s'attarde longuement sur les déboires de Michel (cliché du dentiste-divorcé-homo-coincé), le plus inintéressant de la bande des quatre, au détriment des autres — et surtout de Fred, la délicieuse Barbara Tobola, qui joue un personnage autrement plus consistant, mais n'a pas les faveurs, semble-t-il, des réalisateurs.Quel dommage! Avoir à sa disposition une poignée des meilleuirs comédiens de Suisse romande et ne pas savoir comment les utiliser et les mettre en valeur! Lancer une nouvelle série sans consulter ni scénariste, ni écrivain!Au final, la TSR, qui a dans le domaine de la culture et de la fiction plusieurs années de retard, peut et doit mieux faire.* Petits déballages entre amis, tous les vendredis, à 20h20, sur la TSR.Lien permanent Catégories : all that jazz