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Ecrivain de la comédie romande - Page 266

  • Premier roman, premier amour

    images.jpegFrida*, le premier roman de Mélanie Chappuis (née à Bonn en 1976, mais lausannoise d’adoption) a toutes les qualités et les défauts d’un premier livre. Les qualités, d’abord : une fraîcheur de ton, une naïveté, une liberté qui fait du bien dans la production souvent très « retenue » de la littérature romande. Ainsi empoigne-t-elle son sujet (l’amour trompé) de manière très directe, sans s’embarrasser de fioritures, dans un style à la fois sensible et personnel. Certes, les tourments qu’elle raconte, ceux d’une femme amoureuse qui attend, sans cesse, que l’amant marié quitte sa femme, ne brillent pas par leur originalité (Barbara Cartland n’est jamais loin !). Mais le ton, une fois encore, une sincérité à fleur de mots rend la lecteur de Frida tout à fait agréable.
    Les défauts, maintenant : engluée dans les affres d’un quotidien qui l’obsède, l’héroïne de Mélanie Chappuis a de la peine à prendre de la hauteur, sinon de la distance. L’expérience qu’elle relate reste le plus souvent au premier degré. Et ce n’est pas le dédoublement des voix narratives (le récit principal est interrompu par des passages en italiques dans lesquels la narratrice s’interroge et s’adresse à elle-même) qui parvient à sauver le roman de sa dangereuse banalité.

    * Mélanie Chappuis, Frida, Editions Bernard Campiche, 2008.

  • On ne prête qu'aux riches

    images.jpegIl m'arrive de fréquenter des écrivains ; certains, toujours les mêmes, bien introduits dans les sphères officielles, écument, à Berne ou à Zürich, les coquetèles et les mondanités ; d'autres, de loin les plus nombreux, essaient d'écrire des livres et, lorsqu'ils y parviennent, se lancent dans l'interminable course d'obstacles de la demande de subventions. Il faut rédiger des dossiers en 3, 4, voire 5 exemplaires, demander des devis, évaluer les ventes possibles, etc. Toutes ces démarches prennent généralement deux fois plus de temps que pour écrire un livre. Et, au final, l'auteur récolte, avec un peu de chance, 1000 à 2000 Frs d'aide à la publication. Il n'en verra bien sûr pas le moindre centime, puisque ce subside ira directement à son éditeur…
    Mais les temps vont changer, peut-être, depuis que Berne, après avoir gardé un silence farouche, a décidé de venir en aide à la principale banque de Suisse, pleurant misère et obligée, à son tour, de faire la manche, sinon le trottoir.
    Bonne nouvelle pour tous ceux qui ont de la peine à boucler leurs fins de mois ! Bonne nouvelle, aussi, pour tous les artistes quémandant, ici ou là, quelques centaines de francs pour survivre ou poursuivre un travail obstiné (et plus nécessaire que jamais) !
    Car enfin, si le Conseil fédéral trouve en une soirée quelques dizaines de millions, euh, pardon, de MILLIARDS pour aider une pauvre banque tombée soudain dans la misère, il trouvera sans problème quelques — soyons fous! — dizaines de millions non pas pour faire œuvre philanthropique, mais pour aider, stimuler, encourager la création artistique, qui constitue la vraie richesse de ce pays! Oui, soyons fous, rêvons à ce que serait un pays — la Suisse, par exemple — si le centième, voire le millième de l'argent gaspillé par les banques (UBS en tête) dans la débâcle américaine avait été investi à bon escient dans la création !
    C'est-à-dire dans le présent et l'avenir.

  • L'Axe du Rien

    images.jpegNous vivons, depuis un mois, dans l’hystérie du 13 septembre.
    Rien à voir avec l’histoire des jumelles (cf. American hysteria), hélas. Mais tout à voir avec une histoire de bourses, trop pleines ou désespérément vides. Des bourses où l’argent — semence de la guerre et du business — ne circulerait plus. Des bourses gangrenées, nécrosées, atteintes de tumeurs malignes.
    N’importe quel médecin, dans ce cas-là, fût-il américain et républicain, prescrirait un traitement radical : quand un organe est à ce point atteint par le mal, il faut l’éradiquer, immédiatement et définitivement. Autrement dit: couper la chose malade, avant que le mal ne touche, par contagion, les autres parties du corps, jusqu’ici restées saines.
    Mais personne, aujourd’hui, n’a le courage des médecins. Surtout pas les politiques, esclaves de l’économie et des sondages. Il faudrait, tout d’abord, reconnaître l’importance du mal, qui n’est pas extérieur, ni causé par la menace de pseudo-terroristes, iraniens, nord-coréens ou talibans. Non : le mal est intérieur. Il est ici, dans nos bourses, il progresse comme un cancer sournois. Le mal, depuis toujours, ronge l’Axe du Bien, comme son ennemi intime, son complice, son frère. Il faudrait, ensuite, oser donner un nom à cette maladie, vigoureusement niée à Wall Street, comme à la Maison Blanche.
    Mais si le Mal n’existe pas, pourquoi administrer au patient un remède radical ?
    On le voit : il n’y a pas plus d’Axe du Bien que d’Axe du Mal, aussi fantasmatiques l’un que l’autre. Il n’y a plus, aujourd’hui, qu’un immense Axe du Rien, célébration commune d’une monnaie virtuelle (on ne parole plus en milliards, mais en centaines, en milliers de milliards de dollars !). Faillite d’un système ou d’une société gangrenée par l’argent vide, la semence pourrie de la spéculation.