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Ecrivain de la comédie romande - Page 269

  • Amnésie collective

    images-1.jpegDepuis quelques jours, la Suisse tout entière a retenu son souffle, brûlé des cierges ou des bâtonnets d'encens, prié les Dieux du ciel ou de la médecine, pour la santé de Hans-Rudolf Merz, notre grand argentier, victime d'une méchante crise cardiaque.

    Heureusement, les nouvelles qui nous parviennent chaque jour de l'hôpital de l'Île sont bonnes. Malgré un quintuple pontage coronarien (ce n'est pas rien), le rétablissement de M. Merz semble suivre son cours. 

    Aux dernières nouvelles, notre ministre des finances se serait même réveillé, ce qui réjouit tout le monde…

    La question, maintenant : quand, donc, les autres conseillers fédéraux vont-ils se réveiller?

    Quand Moritz Leueuberger va-t-il sortir de son hibernation? Et Samuel Schmid de sa léthargie ? Et Micheline Calmy-Rey de sa cure de prozac? Et Pascal Couchepin de ses ruminations nocturnes? Et Evelyne Widmer-Schlumpf de cette stupeur qui la fait tant ressembler à Edith Piaf?

    Attendons le prochain bulletin médical… 

      

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  • Parlez-moi de l'ennui!

    images-2.jpegLes revoilà ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Le duo le plus dépressif (mais pas toujours déprimant) du cinéma hexagonal s'est acoquiné de nouveau pour nous pondre un de ces films français ni bon, ni mauvais, mi-psychologique, mi-rien du tout, bien au contraire, comme nos voisins en ont depuis longtemps le secret. Si Flaubert était parmi nous, il dirait que c'est un film sur rien. Rien, vraiment? Les relations humaines, les malentendus, le petites trahisons, les douleurs cachées, etc. En un mot : la petite musique des jours qui passent. Filmé à la va-comme-je-te-pousse, Parlez-moi de la pluie (c'est le titre de la chose) ressemble à une pâtisserie mal cuite : le goût n'est pas désagréable, mais  c'est mou, spongieux, ça colle aux dents, et il n'en reste pas grand-chose une fois qu'on l'a mangée (à part les aigreurs d'estomac).
    Pourtant, les ingrédients sont bons : un Jamel qui joue les contre-emplois ; un Bacri fidèle à lui-même ; une Agnès Jaoui fatiguée et empâtée, qui incarne les politiciennes de province. Hélas, la pâte ne prend pas. Les dialogues, le plus souvent improvisés, sont plats et prévisbles ; l'argument, mince comme une feuille de papier à cigarette ; le résultat, bâclé et décevant.
    Rendons justice à nos voisins français : en littérature comme en musique ou en cinéma, ils ont inventé un nouveau genre : les œuvres dispensables. Ce sont des films, des livres ou des chansons qui ne sont pas désagréables, loin de là, qui procurent même parfois un certain plaisir. Mais dont, au fond, tout le monde pourrait se passer. Ils n'ont aucune nécessité (hormis commerciale), aucun enjeu, aucune ambition. On pourrait y ranger les chansons de Vincent Delerm, de Bénabar ou de Carla Bruni (-Sarkozy) ; les livres de Philippe Delerm, Christine Angot, Etienne Barilier, Amélie Nothomb ; les films des frères Larrieu, de Xavier Gianoli, d'Olivier Assayas, de Mathieu Kassovitz…
    Comme on le voit, la liste est longue. Mais, faute de place, j'arrête ici.
    A vous de la compléter…
     

  • Barilier au secours de Bush

    images.jpegGeorges W. Bush peut dormir sur ses deux oreilles : contre la vague d’antiaméricanisme qui déferle sur l’Europe (et le monde entier), il a trouvé un chevalier sans peur et sans reproche pour défendre sa cause, et pourfendre de son Excalibur les renégats qui le traînent dans la boue. Son nom étonnera les lecteurs romands, puisqu’il s’agit d’Étienne Barilier, plus connu pour ses romans et ses essais sur la musique et la littérature que pour la défense des chefs d’État en perdition. Mais soyons justes : son dernier livre, Nous autres civilisations…  mérite qu’on le lise de près et qu’on en parle, car il est passionnant d’un bout à l’autre, malgré ses a priori discutables. Tout commence par une déconstruction subtile des divers discours qui ont fleuri aux quatre coins du monde sur le 11 septembre. Barilier les classe en trois catégories : la version spéculaire signée Arundathi Roy ou Luciano Canfora (Ben Laden n’est que le reflet inversé de Bush) ; la version émanatiste, signée Noam Chomski (Ben Laden n’est qu’une émanation des États-Unis, qui sont « le centre noir de tous les maux ») et la version de Jean Baudrillard, que Barilier appelle moniste-animiste (le terrorisme, c’est le système, dont les Twin Towers n’étaient que les incarnations anthropomorphiques). Même si l’actualité (les tortures, viols, meurtres perpétrés en Irak au nom de la Civilisation) donne tort à Barilier, il faut reconnaître que le débat développé dans la première partie du livre est stimulant, malgré quelques naïvetés. La suite également est intéressante, qui aborde la question de l’altérité de l’Islam, du voile et des femmes, de la parole divine, qui interdit toute forme de démocratie tant qu’elle reste intangible. C’est la conclusion forte du livre de Barilier : plutôt que de nous tourner vers La Mecque ou Washington, tournons nos regards vers Athènes, berceau de la philosophie et de la démocratie. Si les événements du 11 septembre nous apprennent quelque chose, c’est justement cela : que la réponse au terrorisme politique ou religieux, c’est la démocratie, le libre arbitre, l’égalité entre les êtres et les sexes. C’est une leçon qui date un peu, sans doute, mais qu’il faut répéter, partout, à chaque instant, sans se lasser.
    * Étienne BARILIER, Nous autres civilisations… Éditions Zoé, 2004.

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