Ecrivain de la comédie romande - Page 271
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Ô rage, ô désespoir
Honte, déshonneur. Enfer et damnation. Caramba, encore raté !Quels dieux faut-il invoquer après la défaite pathétique de l'équipe professionnelle suisse face aux amateurs luxembourgeois?Toute la question est là, précisément. Alors que les Suisses font profession de footballeurs, les autres, plus modestement, se contentent d'être des amateurs. Autrement dit : des hommes qui aiment le jeu. Les premiers, on le sait, sont grassement payés. Les seconds, hormis l'honneur de faire la une des gazettes ducales, jouent pour la gloire, et le plaisir. En se défonçant et en rêvant, de temps à autre, d'une hypothétique performance.C'est là, sans doute, tout le nœud du problème. Choyés dans leur club, adulés comme des divas en équipe nationale, les joueurs suisses ne sont plus performants. Ils ne montrent plus rien, parce qu'ils n'ont plus rien à prouver. Ils croient le match gagné avant même d'avoir entamé la partie. Il n'y en a point comme eux. Et dès qu'on leur résiste, ils sont désemparés et partent en ficelle…Otmar Hitzfeld, l'un des meilleurs entraîneurs du monde, aura bien du pain sur la planche, s'il veut rendre à nouveau compétitive une équipe formée de onze délicates pouliches. Depuis la terrible défaite contre l'Ukraine, en 2006, l'équipe régresse à chaque match. Le ressort est cassé. Il faut un horloger subtil, intelligent, inventif, pour remettre la machine en marche. Faire de l'ordre, d'abord, puis imposer un nouveau contrat de confiance (et de performance). C'est un pari risqué, tant pour l'entraîneur que pour les joueurs. Mais il est nécesaire pour la suite, si l'on ne veut pas partir d'avance battu pour les prochaines compétitions.Lien permanent Catégories : all that jazz -
Servet, Servette : même combat!
Qu'a-t-on appris lors du procès de Marc Roger (et de ses acolytes) que tout le monde ne sût déjà?
Que notre Tartarin était un gestionnaire catastrophique, qu'il était mégalo et mythomane, naïf et beau parleur, mais qu'il avait le don d'inspirer la confiance à de plus naïfs que lui. Qu'il était mû, encore, par un véritable amour du Servette, cette légende que Genève ne mérite pas. Que son plus grand défaut, enfin, fut de ne pas appartenir à la mafia locale : autrement dit, il n'avait pas de protecteur, ni dans le monde politique, ni dans le monde économique. Il l'a payé très cher.
Et ses acolytes? Ils en ont pris pour leur grade.
Marguerite Fauconnet a falsifié des documents et risque, tout simplement, la radiation de l'ordre des avocats français. Ce n'est pas rien…
Olivier Mauss, qui a beaucoup donné au Servette quand le club allait bien, mais a retiré ses billes quand le club, entré dans la tourmente, avait besoin de lui, est également sur la sellette : il a laissé le navire couler, sans état d'âme, ni courage particulier. Il payera sa lâcheté au prix fort : on lui réclame deux millions de francs de dommages et intérêts. Une paille, pour l'une des plus grandes fortunes du pays. Qui, durant tout le procès, n'a eu de cesse d'afficher son mépris tant pour Marc Roger que pour les anciens joueurs du club.
Et après?
Même si les principaux chefs d'accusation contre Roger ont été abandonnés (escroquerie, banqueroute frauduleuse), que la responsabilité du désastre servettien a été reconnue partagée, il reste un homme brisé, que Genève a voulu immoler sur la place publique comme un certain Calvin l'avait fait, il y a 450 ans.
Cela ne vous rappelle rien? Michel Servet, condamné pour hérésie par le tribunal de la Réforme et brûlé vif, devant les regards horrifiés et amusés des Genevois…
Pour se racheter, la ville avait ensuite donné son nom à un quartier, qui lui-même l'a donné à un club de football.
Servet, Servette : même destin, même combat…
Espérons que nos illustres ministres en tirent la leçon. Et qu'on attribue vite une rue — ou mieux : un stade — à Marc Roger. Pour le dédomager de ses déboires judiciaires genevois.
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Éloge de la fofolle
Imaginez une jolie femme, 30 ans, célibataire, qui traverse la vie comme une salamandre le feu. Un peu fofolle…On lui vole son vélo ? Elle regrette seulement de n’avoir pas pu lui faire ses adieux, et décide, aussitôt, de prendre des leçons de conduite. Elle tombe sur un libraire neurasthénique ? Elle lui conseille de lire un bon livre. Un professeur d’auto-école paranoïaque ? Elle trouve les mots pour endiguer sa rage, sa haine des autres, ses frustrations.
En toutes circonstances, la jeune femme, Poppy dans le film, réagit de la même manière : elle rit. Non du malheur des autres, mais de la chape de noirceur qui enrobe aujourd’hui toute chose. Elle se moque de la dépression ambiante, du chagrin généralisé et obligatoire. Chaque jour, allez savoir pourquoi, elle se réveille armée d’un optimisme à toute épreuve. Comme le dit un personnage du film, elle a mystérieusement traversé les mailles du filet. Autrement dit, elle a échappé à la culture de la mort, à la normalisation négative. Dans une société où l’aliénation (par la famille, le travail, l’individualisme forcené) est la règle, elle fait tache.
Nul doute qu’un jour ou l’autre, hélas, la société la rattrapera pour l’interner ou la « soigner », c’est-à-dire la neutraliser. Mais, en attendant, elle dispense à qui veut l’entendre sa leçon de bonheur. Et cette leçon, chacun devrait l’apprendre par cœur, tant elle est belle, et qu’elle fait du bien.
Ah, oui, j’ai oublié de vous dire : le film s’appelle Happy-go-Lucky. Il est signé du réalisateur anglais Mike Leigh. Et c’est la lumineuse Sally Hawkins qui incarne la géniale fofolle. Il se joue actuellement à Lausanne, à Genève, à la Chaux-de-Fonds. Il ne faut surtout pas le manquer.
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