Honte, déshonneur. Enfer et damnation. Caramba, encore raté !
Quels dieux faut-il invoquer après la défaite pathétique de l'équipe professionnelle suisse face aux amateurs luxembourgeois?
Toute la question est là, précisément. Alors que les Suisses font profession de footballeurs, les autres, plus modestement, se contentent d'être des amateurs. Autrement dit : des hommes qui aiment le jeu. Les premiers, on le sait, sont grassement payés. Les seconds, hormis l'honneur de faire la une des gazettes ducales, jouent pour la gloire, et le plaisir. En se défonçant et en rêvant, de temps à autre, d'une hypothétique performance.
C'est là, sans doute, tout le nœud du problème. Choyés dans leur club, adulés comme des divas en équipe nationale, les joueurs suisses ne sont plus performants. Ils ne montrent plus rien, parce qu'ils n'ont plus rien à prouver. Ils croient le match gagné avant même d'avoir entamé la partie. Il n'y en a point comme eux. Et dès qu'on leur résiste, ils sont désemparés et partent en ficelle…
Otmar Hitzfeld, l'un des meilleurs entraîneurs du monde, aura bien du pain sur la planche, s'il veut rendre à nouveau compétitive une équipe formée de onze délicates pouliches. Depuis la terrible défaite contre l'Ukraine, en 2006, l'équipe régresse à chaque match. Le ressort est cassé. Il faut un horloger subtil, intelligent, inventif, pour remettre la machine en marche. Faire de l'ordre, d'abord, puis imposer un nouveau contrat de confiance (et de performance). C'est un pari risqué, tant pour l'entraîneur que pour les joueurs. Mais il est nécesaire pour la suite, si l'on ne veut pas partir d'avance battu pour les prochaines compétitions.