Depuis une vingtaine d'années, Frédéric Pajak se raconte (et se construit) en images et en mots. Il a inventé un genre littéraire singulier : le récit écrit et dessiné. Ce n'est ni un roman graphique, ni une BD, ni même un texte illustré de dessins. Chez lui, textes et dessins se répondent, mais de manière allusive, sans que jamais l'un prenne le dessus sur l'autre. On peut lire les livres de Pajak comme un double récit, strictement parallèle, dont les images et les mots se rejoignent, sans doute, mais à l'infini.
Son dernier livre, Dans le calme du soir*, noua plonge avec délice dans la mélancolie du souvenir. Pajak évoque les villes où il a vécu (Paris, Strasbourg, Lausanne, Aoste, Mantoue, Arles), en nomade convaincu, et il brosse le portrait, gourmand et affectueux, de ses oncles, en particulier, qui deviennent, sous sa plume, des personnages hauts en couleur. Pajak se retourne, avec nostalgie, sur ce passé plus ou moins lointain pour le revivre et l'éclairer. Et l'on part avec lui pour ces villes que l'on connaît bien et que l'on aime, et que Pajak ressuscite avec le double talent qui est le sien : l'écrivain et le dessinateur.
« La nostalgie nous prouve que nous avons vécu des choses importantes. » disait un philosophe français. En se racontant, Pajak nous donne les clés d'un passé qui est le sien, mais aussi le nôtre. Et qui vibre encore, par l'image et les mots, dans la mémoire de chacun d'entre nous.
* Frédéric Pajak, Dans le calme du soir, éditions Noir sur Blanc, 2022.