l faut avoir du cran, en pays catholique et conservateur, pour parler du diable, de l'Antéchrist et des sorcières qui organisent des orgies dans la forêt. Et Christelle Magarotto n'en manque pas. Dans son deuxième livre, après Le Cube, roman destroy publié aux éditions Monographic, elle frappe fort, comme une boxeuse qui ne craint pas les coups.
Bien sûr, il s'agit ici, avec La fille du diable*, d'un livre de genre, comme on dit, du genre gore et gothic. Tout y est exacerbé, excessif, poussé aux extrêmes.
Comme dans tout bon roman gore, tout commence ici dans la plus grande banalité : une jeune femme, mal mariée (une tradition de la littérature depuis le XIXe siècle), décide un soir de pleine lune d'aller se balader en forêt. Elle tombe alors sur une sorte de fête païenne, un sabbat des sorcières, au cours de laquelle elle fait l'amour avec un être d'une beauté irréelle qui s'avère être une créature du diable.
Les choses, alors, s'accélèrent. Nous n'attendrons pas neuf mois pour voir le résultat de cet accouplement, mais quelques semaines. L'Antéchrist est une fille ! Promise à un destin hors du commun, bien sûr, puisqu'elle est la fille du diable.
Je n'en dirai pas plus : il faut savourer ce court récit apocalyptique plein de bruit et de fureur, de cris, de viols, de gueuletons de chair fraîche (et crue), de rage et de colère. Journaliste, écrivaine, mais aussi peintre, Christelle Magarotto vit en Valais. Elle a le sens de la langue et beaucoup de choses à dire. C'est une plume à suivre de près !
* Christelle Magarotto, La Fille du diable, 2022.