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Éloge de la fofolle

840.jpgImaginez une jolie femme, 30 ans, célibataire, qui traverse la vie comme une salamandre le feu. Un  peu fofolle…
On lui vole son vélo ? Elle regrette seulement de n’avoir pas pu lui faire ses adieux, et décide, aussitôt, de prendre des leçons de conduite. Elle tombe sur un libraire neurasthénique ? Elle lui conseille de lire un bon livre. Un professeur d’auto-école paranoïaque ? Elle trouve les mots pour endiguer sa rage, sa haine des autres, ses frustrations.
En toutes circonstances, la jeune femme, Poppy dans le film, réagit de la même manière : elle rit. Non du malheur des autres, mais de la chape de noirceur qui enrobe aujourd’hui toute chose. Elle se moque de la dépression ambiante, du chagrin généralisé et obligatoire. Chaque jour, allez savoir pourquoi, elle se réveille armée d’un optimisme à toute épreuve. Comme le dit un personnage du film, elle a mystérieusement traversé les mailles du filet. Autrement dit, elle a échappé à la culture de la mort, à la normalisation négative. Dans une société où l’aliénation (par la famille, le travail, l’individualisme forcené) est la règle, elle fait tache.  
Nul doute qu’un jour ou l’autre, hélas, la société la rattrapera pour l’interner ou la « soigner », c’est-à-dire la neutraliser. Mais, en attendant, elle dispense à qui veut l’entendre sa leçon de bonheur. Et cette leçon, chacun devrait l’apprendre par cœur, tant elle est belle, et qu’elle fait du bien.
Ah, oui, j’ai oublié de vous dire : le film s’appelle Happy-go-Lucky. Il est signé du réalisateur anglais Mike Leigh. Et c’est la lumineuse Sally Hawkins qui incarne la géniale fofolle. Il se joue actuellement à Lausanne, à Genève, à la Chaux-de-Fonds. Il ne faut surtout pas le manquer.

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