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les dispensables

  • Cinéma Grand-Guignol

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    Ça commence comme un (mauvais) remake du chef-d'œuvre de John Boorman, La Forêt d'émeraude (1985). Puis ça ressemble (un peu) à Rangoon (1995), autre film magistral du même John Boorman. Enfin ça se termine comme une reprise, naïve et prétentieuse, d'un autre film-culte : Apocalypse Now, de Francis F. Coppola. Comme on le voit, le jeune cinéaste belge Fabrice Du Welz, qui signe Vinyan — chef-dœuvre de cinéma Grand-Guignol — n'a peur de rien. Et surtout pas d'être écrasé par ces références pourtant prestigieuses…

    Actualité oblige, la mode est aujourd'hui aux récits de deuil impossible : c'est tantôt des parents qui pleurent la mort de leur fils unique (La Chambre du Fils de Nanni Moretti), tantôt un homme anéanti par la mort de sa femme (Caos calmo d'Antonio Grimaldi), tantôt, comme ici, un couple dont l'enfant a disparu en Thaïlande, emporté par le tsunami. Le malheureux père a le visage du comédien anglais Rufus Sewell (perdu au milieu des rizières). Quant à la mère, elle est incarnée par la transparente Emmanuelle Béart, inexpressive et maigrichonne, qui verse beaucoup de larmes pour donner un semblant d'épaisseur à son rôle de madone inconsolable. Pas de chance. C'est l'époque des moussons. Il pleut pendant tout le film. La concurrence est rude. Le film de Welz chemine cahin-caha vers sa fin improbable, qui verse dans le grand-guignol. Le film est si mauvais, par moments, qu'on pourrait le croire français. Il faut bien du courage, en ces temps difficiles pour le cinéma d'auteurs, pour produire un film qui loue la culture du navet.

     

     
    Fabrice Du Welz
  • Parlez-moi de l'ennui!

    images-2.jpegLes revoilà ensemble, pour le meilleur et pour le pire. Le duo le plus dépressif (mais pas toujours déprimant) du cinéma hexagonal s'est acoquiné de nouveau pour nous pondre un de ces films français ni bon, ni mauvais, mi-psychologique, mi-rien du tout, bien au contraire, comme nos voisins en ont depuis longtemps le secret. Si Flaubert était parmi nous, il dirait que c'est un film sur rien. Rien, vraiment? Les relations humaines, les malentendus, le petites trahisons, les douleurs cachées, etc. En un mot : la petite musique des jours qui passent. Filmé à la va-comme-je-te-pousse, Parlez-moi de la pluie (c'est le titre de la chose) ressemble à une pâtisserie mal cuite : le goût n'est pas désagréable, mais  c'est mou, spongieux, ça colle aux dents, et il n'en reste pas grand-chose une fois qu'on l'a mangée (à part les aigreurs d'estomac).
    Pourtant, les ingrédients sont bons : un Jamel qui joue les contre-emplois ; un Bacri fidèle à lui-même ; une Agnès Jaoui fatiguée et empâtée, qui incarne les politiciennes de province. Hélas, la pâte ne prend pas. Les dialogues, le plus souvent improvisés, sont plats et prévisbles ; l'argument, mince comme une feuille de papier à cigarette ; le résultat, bâclé et décevant.
    Rendons justice à nos voisins français : en littérature comme en musique ou en cinéma, ils ont inventé un nouveau genre : les œuvres dispensables. Ce sont des films, des livres ou des chansons qui ne sont pas désagréables, loin de là, qui procurent même parfois un certain plaisir. Mais dont, au fond, tout le monde pourrait se passer. Ils n'ont aucune nécessité (hormis commerciale), aucun enjeu, aucune ambition. On pourrait y ranger les chansons de Vincent Delerm, de Bénabar ou de Carla Bruni (-Sarkozy) ; les livres de Philippe Delerm, Christine Angot, Etienne Barilier, Amélie Nothomb ; les films des frères Larrieu, de Xavier Gianoli, d'Olivier Assayas, de Mathieu Kassovitz…
    Comme on le voit, la liste est longue. Mais, faute de place, j'arrête ici.
    A vous de la compléter…