Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le bonheur est dans le jazz

images.jpegDe souvenirs il est question dans l’imposant volume publié par les Editions Slatkine, intitulé Le Bonheur était dans le jazz*. Le grand Pierre Bourru (que tous les amateurs de jazz romands connaissent bien) se confie ici à Claude Tappolet, historien et auteur de plusieurs essais sur la vie musicale.
Parler de jazz en Suisse romande, c’est évidemment parler de Pierre Bourru qui a œuvré, sa vie durant, à mieux faire connaître, et apprécier, cette « musique de nègres et de fous ». Grâce à Tappolet, on revient sur les débuts de Bourru (lui-même batteur émérite) qui s’est lancé, sans aucune expérience, mais avec la foi naïve des vrais amoureux de musique, dans l’organisation de concerts. On est impressionné (regardez le glossaire !) par le nombre de musiciens (et les plus grands) que Pierre Bourru a fait venir à Genève, le plus souvent au Victoria-Hall. Si l’on avait enregistré un disque à chaque fois, on aurait là tout simplement le meilleur du jazz contemporain. Cela commence, en 1949 par Sidney Bechet, puis Bill Coleman, Duke Ellington et cet immense génie du piano qu’est Oscar Peterson (premier concert à Genève en 1969), avec qui Bourru entretiendra des liens privilégiés, puisqu’il viendra plusieurs fois à Genève (mémorable concert avec Count Basie, pendant lequel le vieux Count vient rejoindre le jeune Oscar en deuxième partie, et improvise un bœuf qui dure la moitié de la nuit !). Si l’on voulait citer quelques noms, citons encore Lionel Hampton, la divine Ella Fitzgerald, Ray Charles et le facétieux Erroll Garner que Pierre Bourru emmènera dans le meilleur restaurant de Genève, croyant lui faire plaisir, et qui commandera, à la stupeur du maître de cuisine, « du saumon avec beaucoup de rondelles d’oignons » !
Les anecdotes fourmillent dans ce livre savoureux et passionnant. Une dernière, pour la route. En 1972, Pierre Bourru est au bord du dépôt de bilan, après un concert mémorable avec Miles Davis qui fut un flop (300 personnes à peine au Victoria-Hall !). Un ami lui conseille d’accueillir un jeune chanteur canadien, mélancolique et taciturne, un peu illuminé, qui passe régulièrement de la scène à un monastère zen, sort un livre tous les cinq ans et donne peu de concerts. Pierre Bourru, qui ne le connaît pas, organise sa venue à Genève. C’est ainsi que le 14 avril 1972 (votre serviteur y était !), Leonard Cohen chante devant un public déchaîné (on refuse 400 personnes aux portes du Victoria-Hall) pour la première fois en Suisse et en Europe ! Et Pierre Bourru, grâce à ce pari, de retrouver sa mise !
* Le Bonheur était dans le jazz par Pierre Bourru, souvenirs recueillis par Claude Tappolet, Slatkine, 2004.

Les commentaires sont fermés.