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all that jazz - Page 77

  • Quand les Grandes Têtes Molles font la fête

    cover.jpg Comme chaque année, l'Hebdo organise à l'Université de Lausanne, et à grands frais, un forum réunissant les « 100 personnalités qui font la Suisse romande ». On n'y croise que du beau linge : Pascal Couchepin, qui comprend si bien les problèmes des médecins, Nicolas Hayek, notre Swatch-man, Maria Roth-Bernasconi, notre Mère Teresa, Gilles Marchand,  le futur fossoyeur de la RSR, et même l'inénarrable Marie-Hélène Miauton, grande prêtresse des sondages plus ou moins trafiqués. Sans oublier, bien sûr, quelques alibis culturels, stars sur le retour ou « décideurs » omnipotents.

    Un tel rassemblement de Grandes Têtes Molles est exceptionnel. Il n'a d'équivalent que Davos, et son World Economic Forum. Dont on sait l'arrogance et l'immense vanité. Le forum de l'Hebdo est-il plus utile ? Pour répondre à cette insidieuse question, il suffit de revenir sur le Forum de l'an dernier. Qui, parmi cette assemblée de lumières, a vu venir la crise ? Qui l'a seulementr pressentie ou imaginée ? Personne. On y a parlé d'économie, comme toujours, de mondialisation, de libéralisation (pour certains, le marché n'est jamais assez libéral). Personne n'a évoqué la possibilité d'une crise ou d'une faillite du système. Normal, me direz-vous, puisque les « décideurs » sont précisément à l'origine de cette crise et de cette faillite. Peut-être, cette année, nos Grandes Têtes Molles seront-elles plus modestes, plus lucides, ou simplement plus honnêtes ?

    Rien n'est moins sûr, pourtant, car le système d'autocélébration est bien rodé. Et, chez ces gens-là, on ne fait pas de vagues, ni de bruit : l'important est d'être sur la photographie. Guy Debord l'a bien analysé : c'est la loi de la société de spectacle.

    La crise, née aux États-Unis, mais largement mondialisée, et qui va toucher avant tout les pays les plus pauvres, nous a-t-elle appris quelque chose ? Il semblerait que non. Nous poursuivons notre chemin vers l'abîme. Aveuglément, obstinément. Nous fonçons dans le mur que tant de « décideurs » extralucides ont bâti pour nous. Nous bavardons, nous ergotons. Nous célébrons nos Grandes Têtes Molles, à grand renfort de caviar et de champagne.

     

  • Jet Side Story, une comédie qui décoiffe

    Affiche_comedie_web.jpg Les anniversaires ont du bon : dans le cadre des festivités entourant le 450è anniversaire du collège de Genève, le collège de Saussure propose une comédie musicale… en hommage à la comédie musicale.

    Tous ceux qui ont vu et apprécié les spectacles musicaux des années précédentes ne seront pas déçus, une fois de plus. Il faut dire qu'avec Philippe Dragonetti à la direction musicale, Philippe Girard à la direction des chœurs, Claude Demeure au scènario et à la mise en scène, Rossella Riccaboni aux chorégraphies, Nathalie Wetzel et Patrick Reymond à la scénographie, l'affiche a fière allure ! Et le spectacle distille une énergie magique et communicative. De Georges Gershwin à Leonard Bernstein, en passant par les airs d'Irving Berlin, de Kurt Weill, de Michel Legrand (« Nous sommes des jumelles, nées sous le signe des Gémeaux… »), Jet Side Story revisite toute la grande époque de la comédie musicale, et de manière magistrale.

    Bien sûr, comme on le devine, tous les rôles (chanteurs, musiciens, chœurs) sont tenus par des collègiennes et des collègiens genevois dont le talent éclate à chaque instant. Énergie, on l'a dit, mais aussi justesse, générosité, fraîcheur, intelligence, sensibilité. C'est fou ce que ces jeunes ont du talent ! Ils savent danser, chanter, interpréter des partitions souvent d'une grande difficulté (Bernstein)! Véritable (re)création collective, Jet Side Story raconte les déboires (et les bonnes surprises) d'un collégien américain venu passer quelques mois à Genève en échange linguistique : à cette occasion, il découvrira la rivalité des bandes, les squatts, les promenades au clair de lune sous le Jet d'eau et… le Palais Mascotte, fort bien reconstitué ! Manière, pour les auteurs, de revisiter Genève loin des clichés et des sentiers battus.

    Allez, même si, victime, comme chaque année, de son succès, le spectacle affiche complet presque  tous les soirs, essayez tout de même d'obtenir un billet. Vous passerez une excellente soirée !

    Tous les soirs à 20h (4-5-6-7-8-9 mai) et à 14h (9 mai). Aula du collège de Saussure, 8 Vieux-Chemin d'Onex, 1212 Petit-Lancy (GE).

  • Êtes-vous jaloux de moi?

    images.jpegL'Hebdo, qui ne sait plus comment gagner des lecteurs, et, accessoirement, parler des livres qu'il reçoit mais ne lit pas, a eu l'étrange idée de sonder quelques écrivains romands « mâles » (et pourquoi pas « femelles »?) sur le seul écrivain suisse connu de la rédaction : Jacques Chessex.

    La question posée était la suivante : êtes-vous jaloux de Chessex?

    Même si la question ressemble à un piège, et qu'elle n'a aucune pertinence, je n'ai pas voulu me défiler. Mais, plutôt que de répondre à l'ultimatum d'Isabelle Falconnier, je tenté de replacer la question dans un contexte plus large, qui n'est pas celui de Chessex (dont la plupart des écrivains et des lecteurs se contrefoutent). Mais bien de la place et de l'intérêt qu'on accorde à la littérature vivante dans certains médias de ce pays (dont L'Hebdo).

    Voici donc ma modeste réponse à cette abyssale question : « Plusieurs journaux, en Suisse romande, pratiquent la monoculture, et de manière intensive. Ils piquent, au hasard, dans la riche production littéraire, un ou deux noms qu’ils matraquent à toutes les occasions. C’est un signe de paresse et d’aveuglement. Ainsi se croient-ils dispensés de lire la vraie littérature vivante, qui n’est pas celle des best-sellers (que tout le monde achète, mais que personne ne lit). En outre, en focalisant toute l’attention sur un ou deux noms, ils cherchent à faire croire que toute la littérature se résume à ces deux noms. Autrement dit qu’elle est morte. Ce qui est une tromperie. Jamais, en Suisse romande, la littérature n’a été aussi riche et diverse. Mais on préfère la mono-culture… Sur le chapitre de la jalousie, les écrivains, qui ne sont pas meilleurs que les autres, la connaissent certainement. Mais, pour ma part, à la jalousie j’ai toujours préféré l’admiration. »
    D'autres « écrivains mâles » passent aussi à la question : Jean Romain, Blaise Hofmann, Alain Bagnoud et Olivier Sillig. On peut lire leurs réponses dans le dernier Hebdo (gratuit au Salon du Livre).

    PS : À ceux (et celles) qui désireraient rencontrer tout ce beau monde, les jaloux et les pas jaloux, les romands et les pas romands, ceux qui s'en fichent et ceux qui ne s'en fichent pas, passez leur dire bonjour aux stands des Éditions de l'Aire (Bagnoud, Béguin, Bimpage, Godel, etc.), aux Éditions Campiche (Sillig, Burri, Bühler, Cunéo, etc), aux Éditions Zoé (Hofmann, Brécart, Layaz,  Barilier, etc) et l'Âge d'Homme (Kuffer, Haldas, Gallaz, Buache et votre serviteur).