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forum des 100

  • Quand les Grandes Têtes Molles font la fête

    cover.jpg Comme chaque année, l'Hebdo organise à l'Université de Lausanne, et à grands frais, un forum réunissant les « 100 personnalités qui font la Suisse romande ». On n'y croise que du beau linge : Pascal Couchepin, qui comprend si bien les problèmes des médecins, Nicolas Hayek, notre Swatch-man, Maria Roth-Bernasconi, notre Mère Teresa, Gilles Marchand,  le futur fossoyeur de la RSR, et même l'inénarrable Marie-Hélène Miauton, grande prêtresse des sondages plus ou moins trafiqués. Sans oublier, bien sûr, quelques alibis culturels, stars sur le retour ou « décideurs » omnipotents.

    Un tel rassemblement de Grandes Têtes Molles est exceptionnel. Il n'a d'équivalent que Davos, et son World Economic Forum. Dont on sait l'arrogance et l'immense vanité. Le forum de l'Hebdo est-il plus utile ? Pour répondre à cette insidieuse question, il suffit de revenir sur le Forum de l'an dernier. Qui, parmi cette assemblée de lumières, a vu venir la crise ? Qui l'a seulementr pressentie ou imaginée ? Personne. On y a parlé d'économie, comme toujours, de mondialisation, de libéralisation (pour certains, le marché n'est jamais assez libéral). Personne n'a évoqué la possibilité d'une crise ou d'une faillite du système. Normal, me direz-vous, puisque les « décideurs » sont précisément à l'origine de cette crise et de cette faillite. Peut-être, cette année, nos Grandes Têtes Molles seront-elles plus modestes, plus lucides, ou simplement plus honnêtes ?

    Rien n'est moins sûr, pourtant, car le système d'autocélébration est bien rodé. Et, chez ces gens-là, on ne fait pas de vagues, ni de bruit : l'important est d'être sur la photographie. Guy Debord l'a bien analysé : c'est la loi de la société de spectacle.

    La crise, née aux États-Unis, mais largement mondialisée, et qui va toucher avant tout les pays les plus pauvres, nous a-t-elle appris quelque chose ? Il semblerait que non. Nous poursuivons notre chemin vers l'abîme. Aveuglément, obstinément. Nous fonçons dans le mur que tant de « décideurs » extralucides ont bâti pour nous. Nous bavardons, nous ergotons. Nous célébrons nos Grandes Têtes Molles, à grand renfort de caviar et de champagne.