
Fulvio Pelli existe-t-il? Quelqu'un l'a-t-il rencontré en personne ? Quelqu'un lui a-t-il parlé ? Est-on sûr que c'était lui?
Il me semble l'avoir croisé à Locarno, où le gratin politique aime à se faire voir, mais peut-être était-ce son sosie…
La politique suisse, qui n'a jamais brillé par son lustre et sa visibilité, avait besoin de Fulvio Pelli* pour incarner cette présence diaphane, cette transparence spectrale, en un mot cette inexistence qui semble si bien la caractériser.
Dans son genre, Fulvio Pelli* incarne à merveille la confusion du centre politique suisse. Ni dedans, ni dehors ; ni avec, ni sans ; ni de gauche, ni de droite. Bien au contraire. Ce candidat fantôme appartient à un parti fantôme qui mène depuis deux mois une stratégie fantôme pour ne pas perdre son siège au Conseil fédéral (ce qui s'annonce mal). Aucun projet, aucune initiative positive, aucun débat d'idées, aucune volonté d'engagement. On laisse les autres occuper le terrain en attendant qu'ils se fatiguent, ou qu'ils se retirent d'eux-mêmes. Voilà tout le programme du nouveau parti libéral-radical (ou l'inverse)…
Dans le pire des cas, Fulvio Pelli* sera élu le mois prochain. A l'insu de son plein gré bien sûr. Et l'on aura un Conseiller fédéral encore plus gris, neutre, pleutre, transparent, que les autres. Dans le meilleur des cas, l'assemblée fédérale renverra tous ces fantômes à leur inexistence (ce qui semble peu probable).
Alors, peut-être, un véritable candidat avec un programme, des idées, de l'imagination, voire du culot, sortira des rangs pour occuper la place du grand Pascal, qui doit bien s'amuser, depuis deux mois, de ce bal des fantoches.
* Nom fictif.
Dans la grisaille politique suisse, le départ de Pascal Couchepin, soigneusement mis en scène par ses conseillers en communication, a fait figure de coup de tonnerre, alors qu'il n'est, au mieux, qu'un non événement. En effet, depuis le temps que tout le monde, à Berne et ailleurs, réclamait la démission du conseiller fédéral valaisan, son départ faisait partie de la logique des choses. Même si, refusant de céder aux pressions, le Roi Couchepin a voulu décider lui-même du moment de partir…
À trois semaines du Salon du Livre, tout Genève ne parle que de ça : le brûlot politique que Laurent Moutinot publie aujourd'hui sous le titre sibyllin de Nom d'une pipe*. À mi-chemin de la confession (Rousseau n'est jamais loin) et du règlement de comptes, ce pamphlet risque bien de supplanter Zones humides et Un Juif pour l'exemple au sommet des meilleures ventes de Suisse romande…