La Parti socialiste suisse — comme le capitalisme d'ailleurs ! — traverse une crise sans précédent. Habitué, presque partout, à être dans l'opposition, le rôle qui lui convient le mieux, il joue, en Suisse, le jeu de la concordance. C'est-à-dire du compromis, du politiquement correct. Du Juste Milieu. Il rejette dans ses marges toutes celles et ceux qui ne correspondent pas à la pensée dominante du moment, qui bien sûr est unique.
Les femmes illustrent à merveille ce dilemme douloureux : d'un côté, il y a Maria Roth-Bernasconi, mamy sympathique et bien-pensante, mariée et mère de famille, comme il se doit, qui n'a certes pas inventé le fil à couper le beurre, mais qui est de tous les débats et de tous les combats pour nous asséner ses vérités carrées, reine du poncif et des platitudes, incarnation du socialisme plan-plan. De l'autre, vous l'avez reconnue, il y a Valérie Garbani, la bad girl neuchâteloise, célibataire, libre de mœurs et de pensée, ayant un certain penchant pour le heavy metal et la bouteille, souvent les deux en même temps d'ailleurs, conseillère municipale compétente, tout le monde le reconnaît, mais ayant un peu de peine à supporter la pression médiatique, surtout depuis qu'un journal de boulevard vitaminé l'a prise comme tête de Turc.
Voilà, aujourd'hui, le dilemme des socialistes suisses : devoir choisir entre Courtney Love-Garbani et la Mère Denis-Bernasconi… Laquelle des deux lave le plus blanc (Ah ! C'est bin vrai, ça)? Laquelle incarne le mieux l'idéal sinon révolutionnaire (il y a belle lurette que ce mot a disparu du vocabulaire politique), du moins de révolte et de contestation cher aux fondateurs du PS ? Laquelle des deux est la plus en phase avec la société d'aujourd'hui (et ses problèmes) ?
Grandeur et décadence du PS : en son sein ne règnent plus que les mères de famille (si possible nombreuse), les sociaux-démocrates en cravattes, les gentilles sages-femmes, les syndicalistes recyclés, les nouvelles girouettes de la pensée unique, les inventeurs de platitudes…
Où est le temps de la révolte et des cerises? Le temps des rêves (un peu) fous ? Ah ! Où sont passées les égéries indomptables de notre jeunesse ?
Ma mère ne lit pas les journaux. Mon père ne lisait pas de livres. En revanche, il dévorait tles quotidiens. Il commençait par les pages sportives, souvent dans le deuxième ou le troisième cahier, pour remontait inexorablement vers les pages suisses, puis internationales. En s'arrêtant longtemps sur les avis mortuaires, sur lesquels il était imbattable. Comme, d'ailleurs, sur les derniers résultats sportifs.
Allons, ne faisons pas la fine bouche: le cinéma suisse, pour modeste qu'il soit, mérite bien une fête, et des quartz! Grâce à Nicolas Bideau — détesté des cinéastes comme seul le Diable peut l'être des fidèles — nous avons, nous aussi, notre remise des Césars ou des Oscars. À quelques différences près, tout de même. Alors que les théâtres parisiens ou hollywoodiens paraisssent trop petits pour accueillir toutes les stars en lice, la salle zurichoise qui a accueilli la remise des quartz samedi dernier paraissait bien trop grande. C'est pourquoi, heureusement, on avait multiplié les invitations de personnalités politiques, sportives, médiatiques qui ont rempli l'espace, si modeste, des artisans du cinéma lui-même.