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all that jazz - Page 78

  • Dirty money, le film qui tombe à pic

    Affiche_723.jpg Comme l'homme du même nom, voici un film qui tombe à pic! Pile poil dans l'actualité, au moment où la Suisse, attaquée de toutes parts, doit admettre les pratiques frauduleuses de ses banquiers et en rabattre sur sa sacro-sainte moralité. Ce devrait être l'occasion, pour beaucoup de monde, de laver le linge sale non seulement en famille, mais sur la place publique. Car ce que le film de Dominique Othenin-Girard, Dirty money, l'Infiltré, nous montre s'est rééllement passé, et se passe encore aujourd'hui.

    On sait que ce film coup de poing est basé sur le livre de Fausto Cattaneo,* un flic tessinois intègre et assez fou pour jouer les infiltrés dans les réseaux de blanchiment d'argent lié au trafic de drogue. En particulier avec la Turquie. Sans complaisance, le film montre bien les espoirs et les doutes de l'agent infiltré (Antoine Basler, qui joue en état d'urgence). Lequel, manipulé par un juge ambitieux (Michel Voïta, excellent), doit d'abord se battre contre ses supérieurs hiérarchiques, et une procureur elle aussi ambitieuse, revancharde et sans scrupule (interprétée par Caroline Gasser), qui fait penser à notre Carla (del Ponte, hélas, et non Bruni!).

    Haletant d'un bout à l'autre, mis en scène comme une partie d'échecs où tout serait pipé mystérieusement d'avance, le film de Dominique Othenin-Girard a le grand mérite de saisir la question de l'argent sale à bras le corps. Comme un nœud d'alliances et de compromissions, de convoitises, de 41X157ZD4NL._SL500_AA240_.jpgsilences armés, de complicités peu reluisantes. Le rythme est bien sûr soutenu. Le propos, d'abord un peu confus, se clarifie au fil de la narration, et de cette course éperdue pour prendre au piège les trafiquants de drogue, et ceux, chez nous, qui recyclent leur argent. Même si, parfois, on aimerait, de la part du réalisateur, un point de vue plus précis et plus clair, ce film fera date parce qu'il s'attaque aux fondements obscurs de notre opulence, les milliers de millions engrangés dans nos banques non seulement pour qu'ils y soient en sécurité, mais également pour qu'ils y soient blanchis.

    Cette grande lessive, Othenin-Girard en démonte patiemment le mécanisme secret et pour une fois qu'un cinéaste suisse saisit l'actualité à bras le corps, il faut lui rendre hommage.

    * Fausto Cattaneo, Comment j'ai infilté les cartes de la drogue, Albin Michel, 2001.

  • Mardi de l'Encre à la Potinière

    L7844.jpgNous avons déjà parlé ici des Mardi de l'Encre organisés par les éditions Encre Fraîche le premier mardi de chaque mois. Le débat, animé par Sita Pottacheruva, tourne autour d'un thème et confronte deux auteurs, généralement très différents. Le thème de ce mardi 7 avril sera le roman noir. J'aurai la chance d'y être invité avec l'écrivain genevois Jean-Jacques Busino (présenté ici), auteur de nombreux (et excellents) polars, parus aux éditions Rivages noir.VMjp.jpg
    La soirée commencera à 20h, au restaurant La Potinière (Jardin anglais, derrière l’Horloge fleurie).
    Et les débats porteront sen particulier sur La Vie mécène (voir ici l'article de Danier Fattore), paru en 2007, et Le théorême de l'autre, paru en 2000.
    Bien sûr, on peut manger sur place, après les débats, la cuisine y est excellente.
    Venez nombreux!

  • Un pape criminel

    images.jpeg C'est entendu : la religion, dans nos contrées, n'intéresse plus personne. Il y a belle lurette que nous avons évacué croyances, superstitions, magie blanche et magie noire. Pour nous, s'Il existait encore, Dieu est mort à Auschwitz et à Hiroshima. En outre, depuis que l'Homme a vaincu la Nature, exploré l'espace et marché sur la lune, inventé chaque jour de nouvelles techniques, de nouveaux remèdes, de nouvelles formes d'art, la question religieuse semble définitivement réglée. Un livre de Claude Frochaux, L'Homme religieux*, montre combien toute forme de religion est condamnée par les progrès techniques, économiques et sociaux, à disparaître tôt ou tard de nos sociétés.

    Sur la terre, un seul homme, aujourd'hui, semble encore y croire (mais y croit-il vraiment?) Vous l'avez reconnu : c'est l'homme sur le balcon, qui dispense à tous les miséreux et les naïfs du monde sa bonne parole : Benoit 16 en personne, Père spirituel et souverain Poncif. Preuve, s'il en fallait encore une, de la déliquescence de l'église (catholique en l'occurrence), notre grand Pape a levé l'excommunication qui pesait sur les prêtres d'Écône. Ce qui a permis au plus brillant d'entre eux, Mgr Williamson, d'exprimer enfin urbi et orbi ce qu'il pensait de l'Holocauste. Qu'on lui apporte des preuves des chambres à gaz, et il est prêt à y croire! Que ceux qui ont péri dans les fours crématoires viennent lui raconter leur calvaire, et il prendra en considération la Shoah…

    Mais notre Père à tous ne se contente pas de réhabiliter les criminels de guerre. Il va aussi faire du tourisme en Afrique, dans sa papamobile, pour mobiliser et moraliser les foules de malades et d'indigents qui boivent ses paroles. Ainsi, des milliers de Camerounais enthousiastes — familles au grand complet, enfants des écoles en uniforme, religieuses, orchestres de percussions  — ont fait, l'autre jour, une haie au cortège officiel le long de la route menant de l'aéroport à la nonciature apostolique où Benoît 16 est logé.

    Ce n'est pas tout : dans l'avion qui le menait dans la capitale camerounaise depuis Rome, le pape a estimé que l'« on ne pouvait pas régler le problème du sida », pandémie dévastatrice en Afrique, « avec la distribution de préservatifs. Au contraire (leur) utilisation aggrave le problème » a-t-il affirmé. On savait le Vatican opposé à toute forme de contraception autre que l'abstinence, mais réprouver ainsi l'usage du préservatif, même pour des motifs prophylactiques (prévention de maladies), constitue un pas de plus dans la dérive criminelle d'une église de plus en plus déphasée et coupée de toute réalité. À quelle époque vit donc Benoît 16? Le Moyen Âge? Le Préhistoire?

    L'Afrique est le continent le plus pauvre du monde. C'est le seul continent, aussi, où le nombre de fidèles augmente chaque année (3% de plus en 2007). De là à penser qu'il est dans l'intérêt de l'église de maintenir l'Afrique le plus longtemps possible dans l'état de pauvreté, de maladie et de détresse qu'elle connaît actuellement, afin de grossir les rangs d'une Eglise qui ne cesse de oerdre du terrain, il n'y a qu'un pas. Que notre benoît pape — même s'il ne l'avouera jamais — se montre prêt à franchir chaque jour.

    * Claude Frochaux, L'Homme religieux, L'Âge d'Homme, 2008.