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  • Cartes postales (4) : l'île d'Iki

    images-6.jpegAccrochées à des lattes de bambou strictement rectilignes, exposées au soleil des jours durant avant d'être entassées dans des caisses à claire-voie et envoyées dans le monde entier, les seiches de l'Ile d'Iki ressemblent à de grands cerfs-volants blêmes.

    Du mollusque secret en forme de bouclier, qui projette sur ses rivaux une sorte d'encre brunâtre, il ne reste plus, désormais, que le fantôme crayeux.

  • Cartes postales (3) : la Louisiane

     DownloadedFile.jpegLes grands canots d'écorce étroits et longs qui sillonnent, le soir, la touffeur des bayous. On glisse sur les eaux comme en un rêve silencieux.

    Parfois, un petit opossum blanc et gris bondit hors des feuillages, le museau intrigué. Ailleurs, niché au creux d'un arbre, c'est un serpent couleur de glaise qui réintègre lentement les eaux mortes. Un vieil Américain, la pipe vissée entre les dents, commente à sa manière chacun de ces petits miracles.

    A l'extrémité de la barque, marquée d'un écriteau pisseux, une place est réservée aux gens de couleur : les brownies. C'est la place la plus dangereuse et, bien sûr, la plus exposée au gros temps.

    C'est ainsi, en Louisiane, qu'on s'assure la bienveillance des vieux alligators et du Diable qui rôdent sournoisement sur les eaux vertes et brunes.

  • Y a-t-il un Français dans la salle ?

     Qui voudrait encore être français, dites-moi, par les temps qui courent ?

    DownloadedFile.jpegÇa a commencé par une chasse à l’homme. Le fugitif s’appelait Depardieu. Gérard, dit Gégé. Ou encore Obélix. On l’a traité de tous les noms : minable, traître à la patrie, salaud. Même les ministres, pour accéder à la notoriété, l’ont traîné dans la boue. Et pourquoi lui ? Pourquoi à ce moment-là ? Parce que la France, comme dit la langue de bois, traverse une crise sans précédent. Chômage, dette extérieure, croissance zéro. Moral dans les chaussettes. Sans doute, François Hollande ne s’attendait-il pas à trouver son pays dans cet état. Le fait est qu’il est au bord du gouffre. À la veille de l’élection présidentielle, Manuel Valls l’avait prédit : « Si on perd, on est mal. Si on gagne, on est mort. »

    Quand un pays va mal, c’est bien connu, il faut désigner des coupables. Les exilés fiscaux sont devenus de parfaits boucs émissaires. Impossible de les dénoncer tous : il y en a trop. Des industriels, d’abord, de Guerlain à Jean-Louis David, de Bouygues à Daniel Hechter. Des sportifs, ensuite, de Marion Bartoli à Alain Prost, Monfils, Pioline, Killy, Forget, Alesi. Le plus souvent planqués en Suisse.images-3.jpeg Des artistes, enfin, d’Emmanuelle Béart à Johnny, de Patricia Kaas à Daniel Auteuil, sans oublier Marc Lévy et Éric-Emmanuel Schmitt. Comme on voit, rien que du beau monde. Bientôt, il ne restera plus en France qu’un seul chanteur, Michel Sardou, le pire de tous, ce qui n’est pas glorieux !

    Cela s’est poursuivi, il y a quelques semaines, avec le grand débat sur « le mariage pour tous ». Pressé par des lobbies puissants, Hollande a lancé le débat, mais à contre cœur, lui qui n’aime pas le mariage et vit avec sa concubine. Et à nouveau, la France s’est embrasée. Pour ou contre, il faut choisir son camp. La logique binaire, toujours. Peut-on critiquer le mariage gay sans être traité, aussitôt, de fasciste ? A-t-on le droit, encore, de poser des questions, sans jeter sur les autres des anathèmes définitifs ? En France, il semblerait que non.

    DownloadedFile-1.jpegHeureusement, l’Afrique est venue au secours du gentil Hollande. Un conflit oublié qui durait depuis des mois. Des menaces sur le Mali, producteur d’uranium et de pétrole, d’or et de diamant. Ce n’est pas rien. Sans parler du péril islamiste. Il y a toujours des barbus pour lancer une jihad quelque part. Alors, oui, on y va. En fanfare. Cela détourne l’attention des Français de la crise et ça permet, en plus, de faire une bonne action. Au Mali, les enfants font flotter à nouveau le drapeau français. Ouf, l’infâme est repoussé aux confins du désert !

    Enfin une bonne nouvelle en ces temps de déprime et de croissance moribonde !

    « La politique est un art subtil, écrivait Machiavel, où les hommes prudents savent toujours se faire un mérite des actes auxquels la nécessité les contraint. »