Derrière les dunes, au pied de l'antique citadelle, la plage est oubliée. Des couples de baigneurs sommeillent dans la lumière éparse. Un vent tiède et salé balaie le sable en tourbillons. Comme des vers luisants, des pêcheurs au flambeau glissent le long des côtes. Un homme marche à travers les roseaux. Il se fraie un chemin vers la mer. Judith est restée à l'hôtel. Simon l'a quittée le cœur libre, abandonné, radieux dans la lumière mourante. Il traverse un éperon de roches jaunâtres. Il s'assied. Son corps prend peu à peu la chaleur des pierres. Il est en embuscade, il ne sait pas ce qu'il attend.
Immobile, ténébreuse, une femme se tient devant la mer immense. D'une voix monocorde, elle fredonne une vieille chanson de marinier. Elle redresse la tête, lui lance un regard de défi. Elle s'agenouille pour baigner son visage. Elle porte une combinaison de plongée sous-marine, un masque rouge et noir, un long trident d'argent. Sous le nylon lustré on devine ses seins durs. Elle s'avance jusqu'à l'eau qui lentement, inexorablement, l'engloutit toute entière.
Alors, sans hésiter, il se jette dans le vide...