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  • Cartes postales (14) : la Goulette

    images-13.jpegA l'aube, on quitte le port de Trapani, longue jetée grise et bitumeuse, sur un paquebot branlant qui met le cap sur la haute mer. Les plus intrépides restent sur le pont, à regarder la terre qui s'éloigne. Les autres passagers, terrés à fond de cale, somnolent vaguement, le visage défait, cherchant à conjurer la houle inexorable qui gagne leurs entrailles. On ne voit plus les côtes de Sicile. On n'aperçoit pas encore le rivage africain.

    Miracle du passage de la rive perdue à la rive espérée, réinventée à chaque fois qu'on traverse la mer. Quelques heures plus tard, dans les coursives, sur l'entrepont, dans les petits salons miteux, règne une étrange agitation. Chacun quitte sa cabine, s'enfuit sur le pont supérieur. Au loin, on aperçoit le port de la Goulette. Tunis à la grâce ombrageuse. Si l'on ferme les yeux, la première chose que l'on perçoit, tandis que le bateau rejoint la terre aride, c'est un parfum inoubliable : les grappes blanches du jasmin.

  • Cartes postales (12) : Paleochora

    palechora.pngSur le port, tout à gauche, il y a un bar anglais qui sert jusqu'à midi de somptueux breakfasts.

    Plus loin, les tavernes se suivent et se ressemblent. Sous le toit de canisse où le soleil parvient toujours à se frayer un passage, on trouve les mêmes petites tables carrées, soigneusement recouvertes de toile cirée jaune ou bleu, les mêmes chaises de paille, le sel et le poivre agglutinés par la chaleur et déposés dans de petits godets de verre. Pourtant, si l'on se lève à l'aube, en attendant de prendre le vapeur qui mène à Agia Roumeli, il faut aller s'asseoir un instant chez Diakakis, la première taverne après le bar anglais.

    Dans la fraîcheur de l'aube, on y déjeune d'abondance. Et parfois, si on a de la chance, on y voit apparaître un grand oiseau de mer, chaloupant, la démarche incertaine, le plumage usé par des années de vie sédentaire, les ailes certainement rognées, mais le bec toujours avide et criaillant. Des pêcheurs le gavent de poissons et d'algues, d'os de seiches.

    De temps à autre, le pélican secoue sa grosse tête, émet un gloussement étranglé, ouvre à nouveau tout grand son entonnoir. Puis il s'en va, repu, sommeiller dignement à l'ombre des roseaux.

  • Cartes postales (11) : Stromboli

    images-10.jpegLes bancs de sable noir, émaillés de galets spongieux, les maisons basses et blanchies à la chaux, les ruelles tournantes parfois couvertes d'un treillis de vigne vierge que de petites fourgonnettes à trois roues empruntent sporadiquement, le soir venu, mais à tombeau ouvert, chargées de caisses de limonade, de poules caquetantes ou de touristes japonais.

    Miracle du matin qui monte sur Stromboli, patrie des amants silencieux, porté par l'air marin, l'orage et les vapeurs de soufre.