Nous vivons une drôle d'époque. L'information que distillent les média se doit d'être accrocheuse et exclusive. Tous les journaux, même les plus prestigieux comme le New York Times, Le Monde ou notre petit Temps, cèdent à la tentation de scoops qui devraient retenir, quelques instants, l'attention d'un lecteur de plus en plus distrait, de plus en plus fatigué par cette concurrence imbécile.
La dernière preuve en date s'appelle WikiLeaks, un site spécialisé en fuites et révélations fracassantes, fonctionnant sur le bon vieux fantasme de la paranoïa. Que disent les puissants quand nous avons le dos tourné ? Quelles vérités (nécessairement cachées) circulent entre diplomates ou ministres ou militaires, qui changeraient certainement la face du monde si elles étaient divulguées ?
Ces vérités, les voici : le président Sarkozy est un homme « susceptible et autoritaire », tandis que Silvio Berlusconi, fatigué par ses orgies nocturnes, n'a plus la force, ni la clarté d'esprit pour diriger l'Italie. Angela Merkel serait « trop prudente et manquerait d’imagination. » Le président russe Dimitri Medvedev, lui, serait dominé par son Premier ministre Vladimir Poutine. Quant à Hillary Clinton, elle aurait ordonné à ses diplomates de s'emparer du numéro de carte de crédit de leurs invités. Etc. etc. Ces âneries ont rempli des pages entières de nos quotidiens, du Temps au Matin (car il n'y a pas de différence, ni de hiérarchie dans la recherche du scoop). Des pages entières sans nul regard critique, nulle mise en perspective. De la bonne herbe qu'on donne à paître aux moutons de lecteurs…
On attend des élèves qu'ils exercent à l'école leur regard critique. Difficile de le faire dans un monde où ceux qui devraient surveiller, vérifier, approfondir l'information se contentent de propager des ragots gracieusement fournis par un site, WikiLeaks, qui ressemble à une benne à ordure, et dont les intentions semblent bien mystérieuses.
J'ai donné, la semaine dernière à Alger, une longue interview à Dalila, charmante journaliste de La Nation arabe. Dalila m'envoie aujourd'hui l'article qu'elle a tiré de notre rencontre… en arabe. Quelqu'un pourrait-il me dire ce que je raconte dans l'interview ?
Difficile de l'ignorer : les XIIIème Sommet de la Francophonie s'ouvre ce week-end à Montreux. Comme on le sait, il devait se tenir à Madagascar. Mais comme l'île est sujette aux violences politiques, les Malgaches ont renoncé à organiser la manifestation. Ce sont les Québéquois, alors, qui ont proposé la Suisse comme nouvel organisateur. Et Micheline Calmy-Rey, avec courage, a accepté le défi de mettre sur pieds, en quelques semaines, une manifestation qui regarde tout de même près de 220 millions de personnes dans le monde.
Ce sont les grands absents de ce XIIIè Sommet. À croire qu'il n'y en a pas — ou qu'ils sont quantité négligeable. Bien sûr, la chanson francophone est vaguement à l'honneur. Quand je dis vaguement, c'est qu'on a ressorti de leur malle, après des semaines d'âpres négociations, la fine fleur de la chanson francophone d'antan. Julien Clerc, Diane Dufresne, Laurent Voulzy, Maurane. Et pour la Suisse, puisqu'il fallait un Suisse : Jérémie Kisling. Il va sans dire que je n'ai rien contre ces chanteurs, qui sont tous admirables. Mais n'y avait-il pas d'autre choix ? La chanson francophone s'est-elle arrêtée de chanter dans les années 80 ? Et Stress ? Et Polar ? Et Carla Bruni alors ?!