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all that jazz - Page 54

  • L'ère de la bêtise

    images-4.jpegNous vivons une drôle d'époque. L'information que distillent les média se doit d'être accrocheuse et exclusive. Tous les journaux, même les plus prestigieux comme le New York Times, Le Monde ou notre petit Temps, cèdent à la tentation de scoops qui devraient retenir, quelques instants, l'attention d'un lecteur de plus en plus distrait, de plus en plus fatigué par cette concurrence imbécile.

    La dernière preuve en date s'appelle WikiLeaks, un site spécialisé en fuites et révélations fracassantes, fonctionnant sur le bon vieux fantasme de la paranoïa. Que disent les puissants quand nous avons le dos tourné ? Quelles vérités (nécessairement cachées) circulent entre diplomates ou ministres ou militaires, qui changeraient certainement la face du monde si elles étaient divulguées ?

    Ces vérités, les voici : le président Sarkozy est un homme « susceptible et autoritaire », tandis que Silvio Berlusconi, fatigué par ses orgies nocturnes, n'a plus la force, ni la clarté d'esprit pour diriger l'Italie. Angela Merkel serait « trop prudente et manquerait d’imagination. » Le président russe Dimitri Medvedev, lui, serait dominé par son Premier ministre Vladimir Poutine. Quant à Hillary Clinton, elle aurait ordonné à ses diplomates de s'emparer du numéro de carte de crédit de leurs invités. Etc. etc. Ces âneries ont rempli des pages entières de nos quotidiens, du Temps au Matin (car il n'y a pas de différence, ni de hiérarchie dans la recherche du scoop). Des pages entières sans nul regard critique, nulle mise en perspective. De la bonne herbe qu'on donne à paître aux moutons de lecteurs…

    On attend des élèves qu'ils exercent à l'école leur regard critique. Difficile de le faire dans un monde où ceux qui devraient surveiller, vérifier, approfondir l'information se contentent de propager des ragots gracieusement fournis par un site, WikiLeaks, qui ressemble à une benne à ordure, et dont les intentions semblent bien mystérieuses.

  • Interview mystère

    images-4.jpegJ'ai donné, la semaine dernière à Alger, une longue interview à Dalila, charmante journaliste de La Nation arabe. Dalila m'envoie aujourd'hui l'article qu'elle a tiré de notre rencontre… en arabe. Quelqu'un pourrait-il me dire ce que je raconte dans l'interview ?

    الكاتب والناقد السويسري  "جون ميشال أوليفي" للأمة العربية:
    " السياسيون المتطرفون  وغياب المسلمين المعتدلين عن واجهة الحوار وراء تنامي الإسلاموفوبيا في سويسرا "


    " جون ميشال أوليفي" من مواليد 1952 بسويسرا، صحفي،كاتب،ناقد وأستاذ، سلم قريحته ومد عينيه إلى الرواية  ليلج  في قضايا الإنسان وهمومه في زمن العولمة والإنسلاخ الثقافي، ولعل اشتغاله بالكتابة الأدبية والفنية المعاصرة، وكذا تدريسه للغتين الفرنسية والإنجليزية، جعلا منه يصنف عند السويسريين من بين أحسن الكتاب في عهده، ومن الذين يمتلكون لغة أنيقة رشيقة التعابير تجعل من  قراءة كتبه متعة فنية يستشعرها القارئ، بحيث تثري قاموسه اللغوي بمصطلحات جديدة  هي مزيج من اللغات الشائعة الإستعمال في موطنه الأصلي، ويبدو أن روايته الأخيرة "الحب الزنجي" التي بيعت بالإهداء في الصالون الدولي للكتاب بالجزائر، هي  نافذة تسلط الضوء على موضوع الهجرة والثقافة المسلوبة في عالم أصبح قرية صغيرة، تحول فيها الإنسان المعاصر إلى كائن تقني تواصلي، حاجته إلى الثقافة البصرية دائمة في إنتاج المعاني وتأسيس القيم الجمالية ورسم رؤاه  المستقبلية بفضل مختلف الوسائط التقنية، و التي تعمل على إعادة تشكيل  العالم وصياغته بما يخدم مصلحة القوي.
    "الأمة العربية" إلتقت بالكاتب الصحفي "جون ميشال أوليفي" على هامش تواجده بالجزائر، وعادت بهذا الحوار الذي يحدثنا فيه عن روايته الأخيرة التي عرفت أعلى نسبة مبيعات في أوروبا منذ صدروها شهر جويلية الفارط، إلى جانب موقع الأدب السويسري الذي لايخلو من كتب دينية إسلامية، و كذا الأسباب الكامنة وراء  تنامي الهاجس الإسلامي.

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  • Les éternels dindons de la francophonie

    images-2.jpegDifficile de l'ignorer : les XIIIème Sommet de la Francophonie s'ouvre ce week-end à Montreux. Comme on le sait, il devait se tenir à Madagascar. Mais comme l'île est sujette aux violences politiques, les Malgaches ont renoncé à organiser la manifestation. Ce sont les Québéquois, alors, qui ont proposé la Suisse comme nouvel organisateur. Et Micheline Calmy-Rey, avec courage, a accepté le défi de mettre sur pieds, en quelques semaines, une manifestation qui regarde tout de même près de 220 millions de personnes dans le monde.

    Alors, bien sûr, ça sent l'impro à plein nez. Des tables rondes ont été convoquées au titre extraordinairement excitant: « La viabilité mondiale : Comment faire face aux défis globaux en matière de développement durable, de changements climatiques et de biodiversité ? ». Ou encore : « Face à la crise alimentaire : Etats, privés, organisations internationales : quels rôles et responsabilités ? ». Sans parler de cette « Journée thématique sur les droits humains et les 10 ans de la Déclaration de Bamako ». En d'autres termes, francophonie rime d'abord avec géopolitique, faim dans le monde, virus HIV et développement durable…

    Et l'autre francophonie, me direz-vous ? La vraie. C'est-à-dire l'usage, la jouissance, le lien social, le patrimoine culturel que représente cette langue commune à près de 220 millions d'êtres humains : le français. Et plus précisément celles et ceux qui chantent cette langue, qui l'écrivent, qui la servent, qui en font une arme et un trésor ? En un mot : les artistes.

    images-3.jpegCe sont les grands absents de ce XIIIè Sommet. À croire qu'il n'y en a pas — ou qu'ils sont quantité négligeable. Bien sûr, la chanson francophone est vaguement à l'honneur. Quand je dis vaguement, c'est qu'on a ressorti de leur malle, après des semaines d'âpres négociations, la fine fleur de la chanson francophone d'antan. Julien Clerc, Diane Dufresne, Laurent Voulzy, Maurane. Et pour la Suisse, puisqu'il fallait un Suisse : Jérémie Kisling. Il va sans dire que je n'ai rien contre ces chanteurs, qui sont tous admirables. Mais n'y avait-il pas d'autre choix ? La chanson francophone s'est-elle arrêtée de chanter dans les années 80 ? Et Stress ? Et Polar ? Et Carla Bruni alors ?!

    Si la chanson est mal représentée (toujours l'amateurisme des organisateurs), la littérature, elle, n'est même pas représentée du tout. Aucune rencontre, aucune table ronde, aucune discussion sur la création littéraire au Québec, en Algérie, en Belgique, en Suisse romande, en France ? Rien. En Suisse, nous avons l'habitude du silence des universités, qui brillent toujours par leur inexistence. Mais là, c'en devient affolant. Y a-t-il un poète dans la salle ? Qu'il sorte immédiatement ! Un écrivain ? Qu'on l'expulse manu militari ! Un philosophe ? Qu'il ferme sa gueule ! Cet « oubli », qui n'en est pas un, est révélateur de la place accordée aujourd'hui par les politiques aux créateurs de toute sorte. Même pas un strapontin lors des grands raouts internationaux. Ce n'est certes pas à l'honneur de Micheline Calmy-Rey (dont le premier métier, pourtant, fut de diffuser des livres!). Mais, en Suisse, cela n'étonnera personne.