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Ecrivain de la comédie romande - Page 247

  • Mardi de l'Encre à la Potinière

    L7844.jpgNous avons déjà parlé ici des Mardi de l'Encre organisés par les éditions Encre Fraîche le premier mardi de chaque mois. Le débat, animé par Sita Pottacheruva, tourne autour d'un thème et confronte deux auteurs, généralement très différents. Le thème de ce mardi 7 avril sera le roman noir. J'aurai la chance d'y être invité avec l'écrivain genevois Jean-Jacques Busino (présenté ici), auteur de nombreux (et excellents) polars, parus aux éditions Rivages noir.VMjp.jpg
    La soirée commencera à 20h, au restaurant La Potinière (Jardin anglais, derrière l’Horloge fleurie).
    Et les débats porteront sen particulier sur La Vie mécène (voir ici l'article de Danier Fattore), paru en 2007, et Le théorême de l'autre, paru en 2000.
    Bien sûr, on peut manger sur place, après les débats, la cuisine y est excellente.
    Venez nombreux!

  • Mémoire brûlée

    images.jpg Toute l’œuvre d’Yvette Z’Graggen, qui trouve un grand écho en Suisse romande, est un questionnement minutieux du passé. Passé commun dans Un Temps de colère et d’amour (1980) ou Changer l’oubli (1989), quand l’écrivaine genevoise se penche sur le silence des sombres années de guerre. Mémoire individuelle quand elle cherche à revisiter, pour mieux en comprendre les secrets, le passé de sa propre famille.
    C’est bien de cela qu’il s’agit dans Mémoire d’elles*. Tout commence ici par deux lettres exhumées du silence, et datées de 1915 et 1916, dans lesquelles Jeanne, la grand-mère maternelle, écrit à sa fille Lisi (la propre mère d’Yvette Z’Graggen). Lettres exaltées, bouleversantes, pathétiques, qui disent à la fois le malaise de vivre et la souffrance d’aimer.
    Lisant et relisant ces lettres, les seules sauvées d’une correspondance perdue, Yvette Z’Graggen va se glisser peu à peu dans le corps de Jeanne pour comprendre son tourment : la maladie inexorable (et encore sans nom) qui l’éloigne des siens, la rend étrangère à elle-même.

    Bien vite, le drame se dessine : c’est celui d’une fille  « née trop tôt dans une société rigide, corsetée de conventions et d’interdits ». Son destin est tracé : il ressemble au destin de toutes les femmes de cette époque : le mariage avec un homme ayant une bonne situation, les enfants à élever, les tâches ménagères. Mais Jeanne rêve d’autre chose : du grand amour d’abord,  « un don total, un partage sans réserve » de voyages, de liberté. Le plus étrange sans doute (mais il n’y a pas ici de hasard), c’est qu’elle rencontre cet amour dans la personne d’un dentiste viennois, jeune et séduisant, qu’elle va aimer jusqu’à la déchirure.

    Élevée dans la peur, entre un père violent et une mère effacée, Jeanne va bientôt donner naissance à une petite fille, Lisi, qui bouleverse son existence. Une nouvelle terreur l’habite, peuple ses nuits de cauchemars, l’empêche de s’occuper comme elle le désirerait de son enfant. Comme elle s’éloigne de cette petite fille qu’elle chérit, elle s’enferme lentement dans le silence, devient méconnaissable, est internée à plusieurs reprises. C’est cette folie à jamais mystérieuse dont Yvette Z’Graggen essaie de démêler les fils, en renouant, comme elle le dit, avec sa mère et sa grand-mère. C’est-à-dire avec une part mystérieuse d’elle-même.
    * Yvette Z’Graggen, Mémoire d’elles, L’Aire, Poche bleue.

  • Claude-Inga barbante

    images.jpegJ'ai toujours aimé les marionnettes. Et j'aime beaucoup Claude-Inga Barbey, qui est à la fois comédienne, écrivaine et metteuse en scène. On pourrait croire que les deux font la paire, surtout quand c'est Claude-Inga qui manipule les marionnettes, comme c'est cas actuellement aux Marionnettes de Genève*. La pièce s'appelle Règlement de contes. Elle a été écrite par notre femme-orchestre, qui joue et manipule, sur scène, des fleurs, un grand soldat de plomb et surtout un canard, à qui elle fait subir les pires tortures. Le prétexte de la pièce est de « corriger » les contes d'Andersen (dont certains finissent mal) dans un sens résolument positif. Pour cela, elle est aidée par l'excellente Doris Ittig, qui joue la servante du Maître, et par l'irrésistible Claude Blanc, qui incarne le vieil Andersen.

    Mais le résultat laisse songeur. C'est le moins qu'on puisse dire. Même les enfants, à qui la pièce est adressée, ne s'y trompent pas, qui parlent, s'agitent et s'ennuient pendant plus d'une heure de spectacle. Ma fille (5 ans) en est sortie consternée, et triste. Ce qui est un comble…

    Pourquoi est-ce si mauvais?

    Parce que la pièce, qui devrait être écrite, semble improvisée, d'un bout à l'autre, par des comédiens peu concernés, inattentifs, qui sont comme livrés à eux-mêmes. Parce que l'argument, ensuite, est très faible, et fort peu développé : on comprend vraiment mal où l'auteur de la pièce veut en venir. Et surtout parce que la scène, si lègère et magique, du Théâtre de Marionnettes, est squattée par une bavarde impénitente qui agite frénétiquement des marionnettes qu'elle ne sait pas manipuler. Alors que le marionnettiste devrait être invisible, Claude-Inga Barbey réussit le prodige de faire qu'on ne voit qu'elle durant plus d'une heure ! Au détriment du texte, des autres comédiens, de la magie du théâtre…

    Comment expliquer un tel désastre ?

    Insignifiance du texte ? Inexistence de la mise en scène? Narcissisme exacerbé de l'auteur qui ne joue pas avec les autres comédiens, mais toute seule ? Éternel cynisme du propos (corriger Andersen dans un sens « moderne ») qui convient mal ici à des contes que tout le monde connaît et apprécie ? À vous de choisir…

    J'ai toujours aimé les marionnettes. Et j'ai toujours apprécié Claude-Inga Barbey. Mais les deux ne font pas la paire…

    * Règlement de contes, de Claude-Inga Barbey, mise en scène par Claude-Inga Barbey, avec Claude-Inga-Barbey (et, accessoirement, Doris Ittig et Claude Blanc), Théâtre de Marionnettes, Genève, jusqu'au 26 avril. Dès 5 ans.