Imaginez une jolie femme, 30 ans, célibataire, qui traverse la vie comme une salamandre le feu. Un peu fofolle…On lui vole son vélo ? Elle regrette seulement de n’avoir pas pu lui faire ses adieux, et décide, aussitôt, de prendre des leçons de conduite. Elle tombe sur un libraire neurasthénique ? Elle lui conseille de lire un bon livre. Un professeur d’auto-école paranoïaque ? Elle trouve les mots pour endiguer sa rage, sa haine des autres, ses frustrations.
En toutes circonstances, la jeune femme, Poppy dans le film, réagit de la même manière : elle rit. Non du malheur des autres, mais de la chape de noirceur qui enrobe aujourd’hui toute chose. Elle se moque de la dépression ambiante, du chagrin généralisé et obligatoire. Chaque jour, allez savoir pourquoi, elle se réveille armée d’un optimisme à toute épreuve. Comme le dit un personnage du film, elle a mystérieusement traversé les mailles du filet. Autrement dit, elle a échappé à la culture de la mort, à la normalisation négative. Dans une société où l’aliénation (par la famille, le travail, l’individualisme forcené) est la règle, elle fait tache.
Nul doute qu’un jour ou l’autre, hélas, la société la rattrapera pour l’interner ou la « soigner », c’est-à-dire la neutraliser. Mais, en attendant, elle dispense à qui veut l’entendre sa leçon de bonheur. Et cette leçon, chacun devrait l’apprendre par cœur, tant elle est belle, et qu’elle fait du bien.
Ah, oui, j’ai oublié de vous dire : le film s’appelle Happy-go-Lucky. Il est signé du réalisateur anglais Mike Leigh. Et c’est la lumineuse Sally Hawkins qui incarne la géniale fofolle. Il se joue actuellement à Lausanne, à Genève, à la Chaux-de-Fonds. Il ne faut surtout pas le manquer.
En toutes circonstances, la jeune femme, Poppy dans le film, réagit de la même manière : elle rit. Non du malheur des autres, mais de la chape de noirceur qui enrobe aujourd’hui toute chose. Elle se moque de la dépression ambiante, du chagrin généralisé et obligatoire. Chaque jour, allez savoir pourquoi, elle se réveille armée d’un optimisme à toute épreuve. Comme le dit un personnage du film, elle a mystérieusement traversé les mailles du filet. Autrement dit, elle a échappé à la culture de la mort, à la normalisation négative. Dans une société où l’aliénation (par la famille, le travail, l’individualisme forcené) est la règle, elle fait tache.
Nul doute qu’un jour ou l’autre, hélas, la société la rattrapera pour l’interner ou la « soigner », c’est-à-dire la neutraliser. Mais, en attendant, elle dispense à qui veut l’entendre sa leçon de bonheur. Et cette leçon, chacun devrait l’apprendre par cœur, tant elle est belle, et qu’elle fait du bien.
Ah, oui, j’ai oublié de vous dire : le film s’appelle Happy-go-Lucky. Il est signé du réalisateur anglais Mike Leigh. Et c’est la lumineuse Sally Hawkins qui incarne la géniale fofolle. Il se joue actuellement à Lausanne, à Genève, à la Chaux-de-Fonds. Il ne faut surtout pas le manquer.
Jour après jour, ce qui ressort des témoignages recueillis lors du procès de Marc Roger vient confirmer ce que nous pensions de l'affaire : à savoir que le Français, à jamais étranger dans une société genevoise où règnent l'omerta et le copinage, a joué dans l'affaire le rôle du lampiste de service. Tous les témoins entonnent la même rengaine. Christian Luscher :« Il avait un projet solide et beaucoup d'énergie. On lui a fait confiance. » Olivier Mauss : « Peut-être ai-je été trop naïf ? Mais je lui ai fait confiance… » Et les joueurs de rajouter : « Il parlait bien, il avait des idées, nous lui avons fait confiance. » Seule la comptable, cherchant désespérément une oreille charitable dans un club où personne, visiblement, ne se souciait d'argent, tient un discours un peu différent : « M. Roger n'avait aucune connaissance en comptabilité. Tout le monde le savait. En outre, il était d'une naïveté confondante. La preuve : un jour, il a failli racheter le club de foot du Vatican, un club qui n'existe pas. »
Pour son premier roman, on peut dire que Nicolas Buri (né en 1965 à Genève) ne manque pas d'ambition, ni de toupet. Pierre de scandale* met en scène, dans un livre haletant, rien moins que Jean Calvin lui-même. Revisitant, après tant d’autres, mais de manière absolument personnelle, la vie mouvementée du grand réformateur français. Tout commence en 1515, date fatidique de la bataille de Marignan, et surtout de la mort de sa mère. À partir de ce choc, de la haine larvée qu’il voue à son père, Calvin va s’affranchir des siens, quitter sa modeste province pour aller suivre, à Paris, l’enseignement des maîtres de l’époque. C’est là qu’il croisera Rabelais (rencontre à vrai dire improbable), aura des démêlés avec les représentants de l’Inquisition, rencontrera Michel Servet. Dans une langue âpre et précise, jubilatoire, Buri décrit le périple de celui qui n’est encore qu’un pèlerin catholique assez ordinaire. Il faudra des voyages, des rencontres, des illuminations, pour que Calvin se forge un destin qui marquera durablement l’Europe, et singulièrement Genève, la nouvelle Rome protestante.