L'affaire Fillon ne vous rappelle rien ? Allons, cherchez, vous y êtes presque…
Mais, bon sang, c'est bien sûr ! comme disait le brave commissaire Bourrel. Il y a 6 ans, presque jour pour jour… L'affaire DSK !
L'analogie es troublante : deux candidats à la présidence de la République française — largement favoris — flingués en plein vol par les médias (en attendant le verdict de la Justice). Le premier pour « agression sexuelle, viol, séquestration » ; le second parce qu'il a accordé, pendant des années, un emploi fictif à son épouse, la bien-nommée Pénélope (près d'un million d'euros tout de même !). Dans les deux cas, la Justice s'en mêle. Mais trop tard : les hommes ont déjà été lynchés publiquement par les médias. Ils sont morts tous les deux — symboliquement, politiquement.
On comprend mieux, avec le temps, les contours du complot dont les deux hommes ont été victimes : il s'agissait d'écarter deux candidats gênants de l'élection présidentielle. Mission accomplie. Peu importe d'où vient le coup (Sarkozy ? Juppé ? Dati ? Macron ?) Seul compte le résultat.
L'affaire DSK a constitué un véritable feuilleton à suspense pour la presse française (et étrangère). Une aubaine. Un miracle. Jour après jour, on a fouillé la vie (pas très nette) de l'homme politique. Des « victimes » ont sauté sur l'occasion pour se payer un quart d'heure de notoriété. On a poursuivi l'homme. On l'a traqué, cerné, puis lapidé sur la place publique. Il ne s'en remettra pas.
En octobre 2011, la Justice américaine rendait son verdict. Comme on sait, DSK a été blanchi de toutes les accusations portées contre lui. Lynché, mais innocent.
Il risque bien de se passer la même chose pour François Fillon. tout le monde, en France comme ailleurs, attend le verdict de la Justice. Mais le mal est fait. D'autant que l'«inculpé» s'est très mal défendu. Et il est difficile, en effet, de demander des sacrifices à ses compatriotes (dont plus de 15% sont au chômage) tout en rétribuant grassement sa femme et ses enfants pour un travail qu'ils n'ont jamais effectué !
La morale de la fable, c'est que la presse est toute puissante (c'est-à-dire plus forte que la Justice). C'est elle qui aiguille nos choix, élimine tel ou tel candidat gênant, influence nos décisions. Tout cela sent la cabale, bien sûr. Mais quelle efficacité ! Innocent ou coupable, personne ne s'en relève.
À qui profite le crime ? Au criminel qui a volé, tué ou violé ? À la victime qui a fait la preuve de son innocence ? À la Justice qui tranche entre le Bien et le Mal ?
En publiant des documents volés, des extraits d'interrogatoire couverts par le secret de l'instruction, des confidences et des ragots insensés. Jamais la presse n'est tombée aussi bas. Voyeurisme. Populisme. Jamais elle n'a fait preuve d'un tel acharnement. Pourquoi ? Pour défendre les pauvres escorts malmenées par DSK ? Si seulement ! Par nostalgie puritaine ? Non plus. Pour écarter définitivement un homme politique du pouvoir ? Peut-être bien. Mais alors pourquoi ? Pour une raison toute simple : à l'époque où la presse tire la langue, où les journaux voient leur audience diminuer chaque jour, l'affaire DSK est du pain béni. Une aubaine ! Elle fait grimper les ventes, aussi sûrement que le Viagra aide à redresser certaines situations défaillantes. Le seul intérêt des articles minables qui retracent cette affaire, c'est d'augmenter le tirage des journaux, de prendre les lecteurs non par les sentiments, mais par les couilles (ou ailleurs, si l'on veut). Et une fois qu'on les tient, on ne les lâche plus…
L'affaire est simple : vous avez un homme riche, brillant, marié à l'une des femmes les plus célèbres de France. Un homme de scène et de pouvoir. Directeur du FMI et grand stratège de la finance mondiale. En outre, le favori des sondages pour l'élection présidentielle française de 2012. Un homme à qui tout réussit…