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  • New York, aller-retour.

    420465_10150666724248346_741223345_9113852_842542776_n.jpgJe viens de passer une semaine à New York dans le cadre d’une délégation genevoise (à laquelle s’est joint, pour quelques jours, the former President of the Swiss Confederation, Pascal Couchepin) venue défendre, en Amérique, les « idées globales nées à Genève ». Sous ce titre ronflant, on range aussi bien les idées de Jean-Jacques Rousseau, dont on fête cette année le 300ème anniversaire de la naissance, que Henry Dunant ou Jean Piaget. Faisaient partie de cette délégation, outre votre serviteur, des personnalités aussi diverses que l’écrivain Michel Butor (sur la photo avec sa fille Agnès, son petit-fils Salomon et Olivier Delhoume), l’ancien patron de la TV Guillaume Chenevière (auteur d’un excellent livre sur Rousseau*), la journaliste Thérèse Obrecht, le blogueur Stéphane Koch ou encore le pianiste de jazz Marc Perrenoud.

    Pendant une semaine, nous avons multiplié les rencontres et les débats (les Américains adorent débattre de tout), les concerts, les spectacles, en défendant, le mieux possible, ces « idées globales nées à Genève ».

    Et qu’avons-nous constaté ? Que ces idées, nées au XVIIIè, XIXè ou XXè siècle, à Genève et ailleurs, sont toujours d’une actualité brûlante.

    Un débat, particulièrement intéressant, était intitulé « Occupy Rousseau ». Il mettait en présence, en anglais, des lecteurs de Rousseau (au rang desquels Pascal Couchepin a fait très bonne figure), des sénateurs américains et des représentants du mouvement « Occupy Wall Street » (dont l’équivalent, en Europe, serait le mouvement des Indignés). Étonnant de voir à quel point les fusées lancées par Rousseau (sur la démocratie, le contrat social, l’inégalité) éclairent encore aujourd’hui notre monde. Chacun s’y réfère. Chacun en discute âprement. Ces idées sont vivantes, aux États-Unis comme partout dans le monde.

    images.jpegUn autre débat, passionnant, a tourné autour de l’éducation. Les idées défendues par Rousseau dans son Émile (1762) sont-elles toujours d’actualité ? Et celles de Pestalozzi ? Et de Jean Piaget ? N’est-il pas dangereux, comme Jean-Jacques l’a prôné, de placer l’enfant (ou l’élève) au centre de l’école ? On constate, aujourd’hui, que les idées de Rousseau sont entrées dans les mœurs. En Europe comme en Amérique. Et qu’elles sont devenues, en matière d’instruction, la pensée dominante. Le Citoyen de Genève en serait le premier surpris !

    Certes, nous vivons dans un petit pays qui a tendance à se replier sur lui-même. Un pays qui, depuis quelques années, a mal à son image. Pourtant, les idées nées dans ce pays sont universelles. Elles traversent les frontières et les époques : Rousseau, mais aussi Jung, Frisch, Le Corbusier, Cendrars et cent autres. C’est la vraie carte de visite de la Suisse. Non l’argent sale des banques. Ni les montres ou le chocolat. Ni même les coucous. Mais la richesse culturelle incroyable de ses quatre langues, de ses vingt-six cantons, de son histoire. Certains, à New York ou ailleurs, jugent même cette histoire exemplaire.

  • Genève rencontre New York (suite et fin)

    f-2012-03-12-book.jpgDernier jour à New York.

    Visite du Metropolitan Museum le matin avec ses trésors de peinture italienne, flamande, espagnole.

    Le soir, présentation de L'Amour nègre (et de son auteur) au French Institute de l'Alliance française, sur la 60ème rue. Les discussions ont lieu dans la bibliothèque. 60'000 volumes. La plus grande bibliothèque francophone des USA. Elles sont menées, de main de maître, comme toujours, par Olivier Delhoume, qui connaît le livre, et la littérature française, sur le bout des doigts. Dans le public, des Genevois bien sûr. Mais aussi des Américains férus de littérature française. C'est la première fois qu'un auteur suisse est reçu dans cette impressionnante bibliothèque.

    Ensuite, il faut foncer à Cooper Union où se tient un débat sur la censure et Internet qui met aux prises un journaliste saoudien, Internet_Censorship1-600x500.jpgEbtihal Mubarak, Anas Qtiesh, un blogger syrien établi à San Francisco, Stéphane Koch, bien connu de la blogosphère helvétique, et Thérèse Obrecht, ancienne journaliste de la TSR et présidente de Médecins Sans Frontières suisses. Où commence la censure ? Et où est-elle présente ? Quels dangers menacent les utilisateurs de l'Internet, enfants compris ? Où vont toutes les traces que nous laissons journellement sur la Toile ? Qui les recueille ? Qui les enregistre ?

    Ce furent quelques questions que les pannelists, comme on dit ici, autrement dit les débatteurs, ont essayé d'éclairer de leur mieux. Ils ont eu du mérite, à vrai dire, car Rebecca MacKinnon, qui menait les débats, semblait peu concernée par les questions pourtant cruciales.

    Le séjour touche à sa fin. Tout le monde est ravi, mais sur les genoux. L'« expédition culturelle » mise sur pieds par la ville de Genève, aidée de quelques sponsors généreux, s'est déroulée parfaitement, grâce aux bons soins de Cédric Alber, conseiller de Pierre Maudet, et d'Olivier Delhoume, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour organiser cette semaine intensive et passionnante, dont les échos bruissent déjà de part et d'autre de l'Atlantique.

  • Genève rencontre New York (5)

    images-1.jpegAvant-dernier jour à New York, où le ciel est toujours bleu délavé et où l'hiver est de retour, tant les températures ont chuté depuis quelques jours.

    Deux grands moments, encore, dans cette ville debout, éprise de liberté, où l'on ne peut fumer nulle part, ni prendre des photos dans les salles de spectacle, sans qu'un aimable gardien de l'ordre vienne vous faire une remarque…

    De liberté, il est question dans le spectacle présenté hier à La Kitchen, haut-lieu du théâtre expérimental et de la musique d'avant-garde (John Cage y a créé plusieurs de ses pièces, ainsi que Philip Glass, dans les années 70). L'artiste est suisse, même genevois. Né en 1969, Footwa d'Imobilité (le nom que Frédéric Gafner s'est choisi pour entamer une carrière solo) a été nourri au giron de la danse par sa mère Beatriz Consuelo, puis a dansé en Allemagne et fait partie de la prestigieuse troupe de Merce Cunningham à New York. Foofwa_new-120x100.jpgDepuis 2000, il a créé plus de 40 spectacles de danse-video. D'ailleurs, le spectacle d'aujourd'hui, joué en première américaine, débute par une vidéo de Jonathan O'Hear, qui réussit le prodige de réunir trois figures majeures de la danse contemporaine : Pina Bausch, Merce Cunningham et Michael Jackson. Autrement dit : la Reine de Wuppertal, l'Empereur de la danse moderne et le Roi de la pop. Footwa imagine leurs retrouvailles inattendues (ils sont morts à quelques semaines d'intervalle, en 2009, et se retrouvent aux portes de l'enfer). L'idée est assez géniale. Le spectateur, guidé par une sorte de Virgile à l'accent italien, va assister, pendant 50 minutes, aux périgrinations des trois danseurs qui racontent leur vie. Mêlant à la fois le théâtre et la danse, l'imitation, la parodie, les images video, le spectacle de Footwa interroge aussi la liberté de l'artiste. Le danseur est-il libre ou condamné à réciter une chorégraphie longuement apprise ? A-t-il le droit d'improviser ? Et de franchir la ligne rouge qui le sépare des territoires inconnus ? Footwa, qui joue non seulement devant le public, mais avec lui, nous entraîne dans une réflexion assez vertigineuse sur la danse et les libertés de l'interprète.

    images-2.jpegÀ peine le spectacle terminé, il faut sauter dans un taxi pour se rendre au Allen Room, près du Lincoln Center, à deux pas de Central Park, mais à l'autre bout de Manhattan.

    Cette salle, magnifique, est l'une des plus prestigieuses de New York. On n'a pas le droit de la prendre en photo. Qu'à cela ne tienne ! De nombreuses images circulent sur le Net, qui donnent une idée de l'endroit. Spectaculaire…

    Au programme, donc, ce soir, le trio du musicien de jazz genevois Marc Perrenoud (né en 1981), ancien élève du Collège de Saussure (cocorico!). Il joue avec l'excellent Marco Müller (basse) et le dynamique Cyril Regamey (batterie). Marc_Perenoud_Trio-120x100.jpgLe trio est installé devant l'immense bait vitrée qui offre une vue plongeante sur la ville et la nuit qui descend. It could be worse

    Disons-le d'emblée. Est-ce que cadre ? L'ambiance si particulière de cette fin d'après-midi ensoleillée ? La chaleur du public (en partie genevois) ? Le punch intact des musiciens ? Le concert fut sublime. Interprétant presque intégralement les titres de son dernier album, Two Lost Churches, Marc Perrenoud (visitez son site ici) et ses acolytes ont subjugué le public. Tout a commencé avec le lancinant « Gospel », avant d'enchaîner avec « Mantas Playground ». Puis le standard de Prévert et Kosma, « Autumn Leaves » (Les feuilles mortes) et l'extraordinaire et swingant « You'be so Nice to Come Home to » un titre de Cole Porter. Une heure et demie de jazz planant et métronomique. Un régal !

    Signalons que le spectacle de Footwa d'Imobilité, comme le concert du Trio de Marc Perrenoud, n'auraient pu avoir lieu sans le soutien de la ville de Genève et du Flux Laboratory animé par Cynthia Odier, qui peut être fière de ses protégés !