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badinage - Page 10

  • La France schizophrène

    nicolas et carla
    La France est un bien beau pays. Si fameux ! Et tellement plus grand que nous… Quel autre pays peut exhiber une Histoire plus glorieuse ? Une telle lignée de rois félons ou fainéants, cruels, dépravés, dévots ou paresseux? Même un roi horloger, qui pourrait être de chez nous, ce qui ne lui a pas porté chance, puisqu'il est mort sur l'échafaud…
    Quel autre pays peut s'enorgueillir de plusieurs révolutions : 1789, 1830, 1848 ? Sans parler de l'épisode de la Commune de Paris ou de Mai 68 ?
    Il m'a toujours semblé que nos voisins français vivaient dans une curieuse schizophrénie : en régime monarchique, ils ne rêvent que de démocratie ; et en régime démocratique, ils ont la nostalgie des monarques tout-puissants.
    N'est-ce pas ce qui se passe actuellement avec Nicolas Sarkozy, premier «président-citoyen» autoproclamé?
    A peine élu, le Roi divorce, car désormais c'est un citoyen comme les autres. Commence alors le bal des soupirants et des favorites. Autrement dit, Bernard Kouchner et Carla Bruni. Comme à l'époque du Roi Soleil, les courtisans jouent des coudes pour approcher ce nouveau fils de Dieu ou se faire remarquer de lui. Que Nicolas lâche un pet de travers, il y aura toujours en France 500 journalistes pour humer l'air autour de lui! Quel pays admirable! Qui manipule qui? Est-ce une presse formée aux méthodes américaines et bien dressée par le pouvoir qui organise à grand renfort de photos retouchées les réjouissances royales? Ou est-ce le fameux « président-citoyen ». ce nouveau roi de pacotille, qui ordonne narcissiquement son propre sacre?
    Bien malin qui pourrait le dire.
    Ce qu'on peut affirmer, en revanche, dans les deux cas de figure, c'est que le peuple français se retrouve gagnant : en mai dernier, il a élu un simple citoyen, proche de la middle class, à qui il a conféré les pouvoirs exorbitants d'un monarque de l'ancien régime. Pour le même prix, il a donc un roi et un simple citoyen…
    Le bonheur pour un peuple schizophrène!
     
     

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  • Vae Victis, Herr Blocher !

    la rage du fakir Un bon croquis, n'est-ce pas, vaut mieux qu'un long discours!

    Alors savourons, autant que faire se peut, la rage du fakir zurichois, brusquement étonné par le jeu d'alliances et de contre-alliances secrètes qui fait tout l'intérêt de la politique…

    Hué et humilié, le fakir populiste, n'en doutons pas, aura bien d'autres occasions de mordre et de laisser exploser sa rage. Laissons-le ruminer sa vengeance, bien au chaud dans sa niche de luxe. Laissons-le haïr ce pays qu'il prétend défendre et honorer. N'écoutons pas ses plaintes de vieil homme poignardé dans le dos. Quatre ans, c'est peu et c'est beaucoup pour se faire détester de ses pairs…

    Notre petit fakir a réussi cet exploit: rendons-lui cette justice!

    Une femme de plus au Conseil fédéral, c'est une chance de plus d'ouvrir le débat, de faire entendre d'autres idées, de laisser une chance, peut-être, à l'avenir de ce pays — qui ne se joue ni sur le terrain de la xénophobie, ni sur celui de l'isolement, ni sur celui du mépris social…

    Alors, Hop, Evelyne, courage et bonne chance !

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  • Une expérience stimulante

    la vie mécène

    A la veille de la grande mascarade fédérale, où chacun se pousse des coudes en espérant faire trébucher le voisin, sans avoir le courage ni l'envergure pour briguer une place de haute responsabilité, il est sain de parler d'autre chose. Et pourquoi pas de littérature, me direz-vous? Aie, aie, aie! J'en vois déjà qui quittent ce blog pour aller s'étourdir sur des sites moins sérieux, comme celui de Pascal Décaillet ou du Maire de Genève…

    Je vous propose une expérience tout à fait stimulante…

    Il y a quelque temps, je me promenais dans les rues de Montréal, dans la belle province du Québec, invité à venir y parler, dans deux importantes Universités, des auteurs suisses que j'aime. Candide en la matière, j'abordai une jolie passante, emmitouflée dans son loden, et engageai la conversation : « Excusez-moi, mademoiselle ! Je suis de passage à Montréal et je m'intéresse beaucoup à la littérature canadienne. Pourriez-vous me conseiller un ou deux auteurs importants d'aujourd'hui ? »

    Sans un mot, elle me prit pas le bras et m'emmena dans la librairie la plus proche. C'était une grande librairie, qui ressemblaient aux nôtres, à la différence près que les livres canadiens n'étaient pas confinés dans l'arrière-boutique (sinon dans des cartons fermés), mais occupaient la vitrine et la plus grande partie des tables-présentoirs.

    — Qu'est-ce qui vous intéresse? demanda la jeune femme.

    — Tout, répondis-je. Mais il me suffirait d'un ou deux noms…

    Elle commença alors à me vanter les mérites de Dominique Lavallée (La Course folle des spermatozoïdes, 2003), Hedi Bouraoui (Rose des sables, 1998), Louise-Anne Bouchard (Les Sans-soleil, Vai Piano), Normand Chaurette (Le Petit Köchel, 2001) et bien sûr Réjean Ducharme (Dévadé, 1991)…

    Elle s'empressa de poursuivre : « Mais ce n'est qu'un choix subjectif. Je pourrais vous citer quinze autres auteurs canadiens importants d'aujourd'hui.

    — Tout le monde les connaît ici ? demandai-je.

    — Oui, bien sûr. On commence à les lire à l'école primaire, puis au lycée, puis, bien sûr, à l'Université. Les journaux en parlent, comme la radio et la télévision. Ce n'est pas la même chose chez vous?

    — En Suisse, c'est plutôt l'omerta. Quand un livre important sort (ou dérangeant, ou atypique, ou poétique, ou original), on s'arrange pour ne pas en parler. Ou on liquide la chose en dix lignes en bas de page dans Le Temps…

    — Et à l'Université ? demanda ma belle Québécoise.

    — On ne parle pas des écrivains vivants (surtout suisses), ça risquerait de réveiller les morts! Et les professeurs ne lisent jamais ce qui paraît…

    — Mais alors qui vous lit?

    — Mystère et boule de gomme! Si un lecteur, malgré le silence de la presse et la discrimination des grands libraires, parvient à se frayer un chemin jusqu'au livre de son cœur, il a bien du mérite… »

    Je vous fais grâce de la suite de ma conversation avec la belle québécoise. Sachez seulement qu'elle se poursuivit ailleurs, dans un endroit plus tempéré, et qu'elle fut douce et agréable…

    De retour en Suisse, j'ai envie de tenter la même expérience. Promenez-vous dans les rues de Genève, en ce jour d'Escalade, et demandez aux gens que vous croisez de vous citer les noms de — mettons — trois écrivains genevois d'aujourd'hui.

    J'attends vos réponses avec impatience.

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