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badinage - Page 9

  • La critique passe-plats


    zidane chez astérix
    Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le dernier Astérix vient de sortir. Pas la BD, bien sûr, qui, depuis la mort du génial René Goscinny, ne crée plus jamais l'événement, malgré le talent d'Albert Uderzo. Non, le FILM. THE MOVIE. Avec tout ce que la France compte de talents de première et seconde zone. En vrac, pour ne froisser personne : Gérard Depardieu, Alain Delon, Clovis Cornillac et même… l'inénarrable Zizou, le roi du coup de boule. dans le rôle de Numérodix…
    Si vous n'avez pas remarqué la sortie du film, c'est que, sans doute, vous n'achetez pas les journaux ou que vous vivez sur une autre planète. Car comment échapper à cette campagne de promotion tous azimuts? Une page entière dans Le Matin dimanche, deux pages dans L'Hebdo, des articles substantiels dans le Temps, la Tdg, TVGuide, et j'en passe… Partout, les mêmes salades, les mêmes interviews creuses, les mêmes anecdotes lues mille fois ailleurs.
    À se demander si les critiques de cinéma lisent les journaux où écrivent leurs collègues…
    Bref, de la pure propagande, sans l'ombre d'une réflexion personnelle. C'est aujourd'hui le rôle de la critique cinématographique : passer les plats, résumer l'histoire, gommer toutes les questions, mettre en valeur le produit promu à force de millions…
    Le drame, dans cette nouvelle économie du cinéma (plus le budget de promotion est important, plus on parle du film dans les médias), ce n'est pas que des milliers de spectateurs aillent voir le dernier Astérix (si seulement c'était le dernier!) qui, après tout, n'est pas pire que la plupart des films français qui sortent dans nos salles. Non, le drame, c'est que les grosses machines comme Astérix occultent les vrais films, les vrais bons films.
    Vous voulez des exemples?
    Alors courez, toutes affaires cessantes, voir le dernier film de Sean Penn, Into the Wild, un pur chef-d'œuvre de par son scénario, ses acteurs, sa musique, ses images. Jean-Louis Kuffer en a largement parlé sur son blog : le film de Sean Penn, d'une pureté absolue de sentiments, d'intelligence artistique, est un des grands films de ce début de millénaire.
    L'autre film à ne pas manquer, c'est le très beau film de Jacob Berger, 1 journée, qui passe actuellement en Suisse romande. Un film qui nous bouleverse avec, là encore, une honnêteté rare, une justesse de ton, un sens magnifique du dialogue et de la mise en scène. Jacob Berger, enfant de Meyrin, filme la ville où il a grandi avec amour et précision, sans jamais tricher, comme seuls les grands réalisateurs savent le faire. Après Aime ton père, qui mettait en scène les Depardieu père et fils, Berger sonde ici un couple qui avance tout au bord de l'abîme, sans s'en rendre compte, en confiant le récit tantôt à la femme, tantôt à l'homme et tantôt à l'enfant. Du grand art.
     

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  • Desperate Swiss Housewife

    claude-inga barbey
    La littérature romande a depuis quelque temps sa desperate housewife : Claude-Inga Barbey.
    On ne présente plus la Monique de Bergamote, ni celle qui livre, chaque semaine, ses états d’âme aux auditeurs de la Première. Depuis l’année 2000, Claude-Inga Barbey a écrit des chroniques (Petite dépression centrée sur le jardin), un roman (Le Palais de sucre) et des nouvelles (Le Portrait de Madame Mélo), tous publiés aux éditions d’Autre Part.
    Aujourd’hui, elle nous donne un roman, Les petits arrangements, qui ressemble à une confession déguisée. Claude-Inga Barbey y endosse le rôle de Pénélope, l’épouse délaissée, qui voit son Ulysse partir à l’étranger pour un séminaire dont il ne reviendra pas indemne, ni seul… La trame est simple, son évolution inéluctable. Tout le monde la connaît. Pourtant, en fin de course, contrairement à ce qui se passe chez Homère, Ulysse quittera Pénélope pour une collègue plus jeune qu’elle…
    Construit en résonance avec L’Odyssée, ces Petits arrangements se lisent vite et bien. Ils ne sont pas portés par un grand souffle littéraire, mais témoignent d’une urgence qui touche le lecteur : dire la douleur de l’abandon, la vie qui continue sans l’autre, les mille et un soucis de la vie quotidienne. C’est là, sans doute, que Claude-Inga Barbey excelle : dans l’évocation des tracas ordinaires, des longues lessives déprimantes de la ménagère au foyer, de l’ennui qui la ronge comme un cancer, à l’image de la Susan des Desperate Housewives ou de la Monique de Bergamote.
    Claude-Inga Barbey, Petits arrangements, éditions d'Autre Part, 2007. 


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  • Devine qui vient dîner…

    J’étais, hier soir, sur La Première, invité par Michèle Durand-Vallade, et invitant, à mon tour, l’écrivain tuniso-moudonois Rafik Ben Salah. Autant dire en excellente compagnie…
    Disons-le sans ambages : la radio (romande en particulier) possède sur ses concurrents de la presse écrite d’immenses avantages. Lesquels ? D’abord, ce luxe exorbitant à notre époque de frénésie et d’oubli : elle dispose du temps, une plage de temps, plus ou moins étendue, qu’elle offre à l’invité (vous, moi), et qui est une plage de liberté absolue. Ensuite, elle n’est pas, contrairement à la presse écrite, esclave des contingences économiques : peu de censure (ou d’autocensure), aucun annonceur qui vous dicte sa loi, aucun racolage (pas besoin de pages people à la radio), etc. Enfin, elle offre le contact et la chaleur humaine.
    J’étais donc l’invité, pour un soir, avec mon ami Rafik Ben Salah, de la chaleureuse (et espiègle) Michèle Durand-Vallade. Discussion libre, vive, passionnée (c’est si rare en Suisse romande) au cours de laquelle chacun peut non seulement développer les idées qui lui sont chères, mais également ouvrir son cœur. Ce qui, dans le contexte actuel sinistré de la presse romande, est impossible.
    C’est une grande bouffée d’air, pour un écrivain (et, hier soir, il y en avait deux), de pouvoir parler de son travail, de ses envies, de ses regrets, de ses ambitions. Là où la presse effleure un livre (quand elle ne le passe pas simplement sous silence), la radio prend le temps d’approfondir, de questionner, de retourner le couteau dans la plaie. À ce jeu-là, Michèle Durand-Vallade est experte. Sa chaleur, son écoute, sa vivacité donnent lieu à de passionnants moments de vérité.
    Alors un conseil: éteignez votre télévision ou transformez votre poste en aquarium, et écoutez, quand la nuit tombe, Devine qui vient dîner ce soir ou Drôle d’histoires avec Lolita et Miruna Coca-Cozma : ce sont de vrais moments de bonheur.

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