
Il n’y a pas si longtemps, dans l’autre siècle, c’est là que j’allais jouer au football et marauder des pommes !
Aujourd’hui, la campagne Sarasin abrite les halles immenses de Palexpo. C’est là qu’ouvre ses portes le 25e Salon du Livre. Un quart de siècle, c’est un bail, pour une manifestation qui a grandi et grossi avec les années. Et qui accueille, bon an mal, depuis sa première édition en 1986, plus de 100'000 visiteurs.
Certes, le Salon du Livre de Genève n’est pas le premier, ni le plus important. Devant lui, il y a la Foire de Francfort, réservée aux « professionnels », celle de Bruxelles, exclusivement dédiée à l’édition, et le Salon du Livre de Paris, aujourd’hui Porte de Versailles, qui donne le vertige avec ses innombrables « animations », « débats » et autres « rencontres » avec près de 2000 auteurs en dédicace !
Mais le Salon de Genève, s’il n’est pas le plus grand, a son charme particulier. D’abord, c’est aussi le Salon de la Presse. Et l’occasion, pour les journaux comme pour leurs lecteurs, de faire plus ample connaissance. Dans un monde de plus en plus virtuel, où l’information passe d’un écran à l’autre à la vitesse de la lumière, où l’homme n’est bientôt plus qu’un avatar, il n’est pas inutile de rencontrer réellement ses lecteurs. Ni, inversement, tel ou tel journaliste, ne serait-ce que pour le féliciter, ou bien lui frotter les oreilles…
Pour celles et ceux qui auraient raté L'Amour nègre (y en a-t-il encore en Suisse romande ?), c'est la dernière occasion de faire la connaissance d'Adam et de débattre avec son auteur…
Que serait le cinéma sans la littérature ? Rien, sans doute. Puisque les plus grands cinéastes ont adapté, transformé, pillé les grandes œuvres littéraires. Parfois le résultat est pitoyable (Tous les soleils, roman de Philippe Claudel adapté et réalisé au cinéma par l'auteur) ; parfois, au contraire, remarquable, comme si le cinéma donnait un second souffle au livre qui l'a inspiré.
Quant à Gérard Depardieu, qui a trouvé désormais sa carrure naturelle, qui est celle d'un colosse aux pieds d'argile, il est tout simplement prodigieux, léger (mais oui!), fragile, malicieux, candide. Depuis la mort de son fils Guillaume, le géant français enchaîne les films comme on se jette à l'eau, comme s'il jouait à chaque fois sa vie en revêtant la peau d'un autre. Il y a là un mystère (ou peut-être aucun mystère) dont seul le cinéma peut nous donner la clé…