Il n’y a pas si longtemps, dans l’autre siècle, c’est là que j’allais jouer au football et marauder des pommes !
Aujourd’hui, la campagne Sarasin abrite les halles immenses de Palexpo. C’est là qu’ouvre ses portes le 25e Salon du Livre. Un quart de siècle, c’est un bail, pour une manifestation qui a grandi et grossi avec les années. Et qui accueille, bon an mal, depuis sa première édition en 1986, plus de 100'000 visiteurs.
Certes, le Salon du Livre de Genève n’est pas le premier, ni le plus important. Devant lui, il y a la Foire de Francfort, réservée aux « professionnels », celle de Bruxelles, exclusivement dédiée à l’édition, et le Salon du Livre de Paris, aujourd’hui Porte de Versailles, qui donne le vertige avec ses innombrables « animations », « débats » et autres « rencontres » avec près de 2000 auteurs en dédicace !
Mais le Salon de Genève, s’il n’est pas le plus grand, a son charme particulier. D’abord, c’est aussi le Salon de la Presse. Et l’occasion, pour les journaux comme pour leurs lecteurs, de faire plus ample connaissance. Dans un monde de plus en plus virtuel, où l’information passe d’un écran à l’autre à la vitesse de la lumière, où l’homme n’est bientôt plus qu’un avatar, il n’est pas inutile de rencontrer réellement ses lecteurs. Ni, inversement, tel ou tel journaliste, ne serait-ce que pour le féliciter, ou bien lui frotter les oreilles…
Ensuite, c’est l’occasion rêvée, pour celles et ceux qu’intimident les librairies (ils sont nombreux, semble-t-il), de flâner dans cette forêt de livres qui mélange à plaisir les genres, les hiérarchies et les langues. Où Titeuf côtoie le dernier livre de Monsieur Jardinier. Où la Bible et le Coran, traduits dans toutes les langues, se retrouvent à côté d’une nouvelle édition illustrée du Kamasutra…
Et la littérature, dans tout ça ?
Mine de rien, elle se bat chaque année pour conserver sa place. Qui devrait être la première. Ou la plus importante. Mais aujourd’hui, dans un monde voué à l’éphémère et régi par la dictature du spectacle, cette place est menacée. Le Salon est une grande librairie, ouverte à tous, où l’on trouve tout et n’importe quoi. C’est aussi une jungle où les places sont chères. La concurrence, impitoyable. Comment lutter à armes égales, quand on est éditeur en Suisse romande, contre les grandes machines de guerre françaises ? Comment faire connaître, avec les moyens modestes dont on dispose, les auteurs qui nous tiennent à cœur, et qui n’ont rien à envier aux autres : les stars de l’Hexagone ? Comment donner leur chance aux voix singulières d’ici, qui ne sont pas nécessairement les plus « populaires », ni les plus tonitruantes ?
C’est là que le Salon du Livre retrouve sa raison d’être. Qui n’est pas d’être un grand supermarché. Ni un souk. Ni une jungle où tous les coups commerciaux sont permis. Mais d’abord un lieu de découverte et de rencontre. Où l’on se laisse intriguer par un titre. Surprendre par un visage. Appeler par une couverture bigarrée.
Car le livre est tout ça : intrigue, surprise, appel secret vers l’inconnu. Il nous ouvre les yeux et le cœur. Il nous invite à découvrir le monde. Les autres mondes. Il nous permet de vivre mille vies différentes de la nôtre.
En un mot comme en cent : il nous rend libres.
Ensuite, c’est l’occasion rêvée, pour celles et ceux qu’intimident les librairies (ils sont nombreux, semble-t-il), de flâner dans cette forêt de livres qui mélange à plaisir les genres, les hiérarchies et les langues. Où Titeuf côtoie le dernier livre de Monsieur Jardinier. Où la Bible et le Coran, traduits dans toutes les langues, se retrouvent à côté d’une nouvelle édition illustrée du Kamasutra…
Et la littérature, dans tout ça ?