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football

  • Qui après Petkovic ?

    Unknown-9.jpegC'était trop beau : d'après certains journalistes, la Nati 2018 était la meilleure équipe de Suisse de tous les temps. Méthode Coué ? Ignorance du passé (1954, 1994, 2014) ? La réalité, pendant cette Coupe du Monde, fut tout autre. Une première mi-temps désastreuse face au Brésil, puis une égalisation chanceuse qui sauve un peu les meubles. Copie carbone contre la Serbie. Première mi-temps médiocre, puis réveil et enfin une volonté de bien faire évidente. images-4.jpegOn passera assez vite sur les gesticulations ridicules de Xhaka et de Shakiri (qui ont tout de même cassé l'élan de l'équipe qui n'a plus rien montré après ce match). Ensuite, un non-match contre le Costa-Rica (pourquoi donc?). Et, enfin, cerise sur le gâteau, un autre non-match, catastrophique, contre une équipe de seconde zone, la Suède, qui n'en demander pas tant…

    Comme on voit, le bilan est plutôt maigre.

    Est-ce la faute des joueurs, trop bien payés dans leur club millionnaire pour mouiller leur maillot national ? Est-ce la faute de l'entraîneur Petikovic, sorte de statue de sel, impavide et inexpressive, qui n'a pas su motiver ses troupes, ni trouver la bonne tactique pour tirer le meilleur parti de ses joueurs (pour la plupart très bons) ?

    La question est posée. 

    Unknown-8.jpegCe qui est sûr, c'est qu'après sa dernière maladresse (annoncer par téléphone à Behrami et consorts qu'ils ne seraient plus sélectionnés à l'avenir — pour démentir ensuite cette information par voie de presse), ce coach impénétrable n'est plus l'homme de la situation. Place aux jeunes, certes, c'est l'avenir de la sélection, et les talents manquent pas (Zakaria, Embolo, Akanji). Mais alors avec un nouvel entraîneur, un homme qui ne ronge pas son spleen sur la ligne de touche, qui sait motiver ses joueurs, qui ne pratique pas la langue de bois.

    Cet homme existe, c'est sûr. A l'ASF de le trouver pour le convaincre de reprendre une équipe nationale qui n'a perdu que deux matches (contre le Portugal et la Suède) en deux ans !

  • Jean-Michel Olivier : l'écrivain qui jouait en avant

    par Laurence de Coulon

    JEAN-MICHEL-OLIVIER_018.JPGL’unique Suisse prix Interallié, le Genevois Jean-Michel Olivier nous parle de ses passions, du foot et de l’écriture. Et de celles qui vibrent dans son dernier roman, Passion noire

    Dans Passion noire, Jean-Michel Olivier, prix Interallié 2010 avec L’Amour nègre, raconte les affres de Simon Malet, un écrivain à succès harcelé par les femmes. Sa mère, d’abord, étouffante et indigne, plus absorbée par la réservation de son séjour thalasso que par l’anniversaire de son fils. Puis, il y a Azari, sa femme à tout faire, originaire de l’Est et amoureuse de Vladimir Poutine.

    Pénélope, un chat très occupé à saccager les livres préférés de son maître. Nancy Bloom, une universitaire féministe qui aimerait bien démonter le machisme à l’œuvre dans les romans de Simon Malet devant ses étudiants. Et Marie-Ange, une admiratrice qui implore une réponse. Où est l’homme, au milieu de toutes ses femmes?

    Quelle est votre première passion?
    Dans ma lointaine jeunesse, c’était le foot. Je vivais dans le quartier populaire de Saint-Jean, près de l’ancien stade des Charmilles. Le foot était une passion très forte, mais c’est aussi un quartier dont le nom des rues rappelle Rousseau, et ça explique peut-être mon attirance pour la littérature.

    Pourquoi ça vous plaît, le foot?
    Je suis plutôt solitaire. Au contraire, le football permet l’apprentissage du jeu d’équipe, de la compagnie des autres, de la tactique et de la technique. L’esprit d’équipe, c’est une chose très forte dans le foot. Le jeu est un élément important pour moi, que ce soit le jeu avec le ballon ou avec les mots. Et avec la musique, parce que je joue aussi du piano. J’ai eu la chance de rencontrer d’autres passionnés comme l’écrivain Georges Haldas et l’éditeur Vladimir Dimitrijević.

    Où étiez-vous sur le terrain?
    J’ai commencé comme gardien. Mais au Servette FC, un entraîneur m’a dit qu’il m’avait vu jouer 10 minutes et que je ne serais jamais un grand gardien! Je suis passé d’un poste à l’autre. Le poste de buteur est le plus passionnant. J’ai joué assez longtemps en avant, puis j’ai été arrière central.

    Et maintenant, quelle est la place du football dans votre vie?
    Aujourd’hui, je garde ces émotions liées à l’enfance. Je suis devenu un supporter, avec ma fille. La particularité du football, c’est qu’il mélange les classes sociales. Je garde cet égalitarisme encore vivant, même si je ne pratique plus le foot.

    Dans votre dernier livre, quelle est votre relation avec votre narrateur?
    Passion noire est un roman. Le narrateur est un personnage de fiction qui utilise mon expérience littéraire et médiatique, notamment. Après le prix Interallié que j’ai reçu en 2010, j’ai été très sollicité 
    pendant deux ans, je n’ai pas arrêté d’aller d’un salon à l’autre. Le comble, ça a été huit émissions radio et télévision à la suite! Mon roman est une fiction, évidemment, ce personnage n’est pas moi, mais j’utilise un matériau autobiographique.

    Que pensez-vous de votre personnage et de son rapport aux femmes?
    Ce livre tombe assez bien avec la période «#Balance ton porc», parce qu’il évoque un donjuanisme un peu désuet, une sexualité beaucoup plus libre qui date peut-être des années 1970, où les relations entre les hommes et les femmes étaient beaucoup plus simples, avec une liberté très grande de vivre ses pulsions. Je me rends compte que ça va un peu à contre-courant aujourd’hui où on se méfie beaucoup de ce personnage et de ce comportement.

    Mais une femme se venge, à la fin de Passion noire...
    C’est une fin très morale, comme dans le Dom Juan de Molière où les femmes se vengent de ce personnage qui papillonne sans jamais s’engager. Ça correspond à ce que je crois profondément. Les femmes ont toujours raison. Ici la victime devient une figure triomphante. Dans la correspondance, Marie-Ange Lacroix est toujours en demande, en admiration, alors que lui adopte une posture cruelle, de méchanceté et de distance, parce qu’il est effrayé par la violence de cette affection. Il essaie de la maintenir de l’autre côté du lac, mais elle transgresse l’interdit. Je suis opposé à toute violence sexuelle et à tout harcèlement, mais je voulais justement représenter cette époque où les rapports étaient plus simples.

    Par contre, il y a un passage pas très moral où le narrateur fuit avec la fille de sa conquête, comme dans «Lolita» de Nabokov.
    Mon personnage est attiré par ce qu’il n’a pas le droit de faire. Il entre en relation épistolaire avec une femme en pensant qu’il pourra garder son quant-à-soi, sa bulle protégée, alors que pas du tout, quand on entre dans une relation, on va très loin. Dans le passage dont vous parlez, il est invité par une universitaire qui a des idées sur le genre très rigides, il y est hostile, et l’idée qu’il fugue avec sa fille me plaisait. C’est absolument immoral, d’ailleurs je me garde d’entrer dans les détails, et je centre l’attention sur le thème de la paternité manquante.

    Vous avez deux filles. Quel genre de père êtes-vous?
    Je suis un père très poule, non, très proche de mes filles. Elles sont issues de deux mariages différents. Sarah a 27 ans, elle a gagné le concours suisse «Ma thèse en 180 secondes» avec son travail sur l’histoire médiévale. La deuxième, Norah, est très différente. Je me suis beaucoup occupé des deux et m’occupe encore beaucoup de Norah, qui est une ado. J’essaie d’être très proche de mes filles, tout en promouvant cette distance qui permet une identité différente. On n’est pas dans une fusion continuelle, bien que ce soit souvent le cas. Il faut laisser une distance pour permettre à l’enfant de transgresser, de faire des faux pas et des bêtises, sinon c’est quelque chose qui manque.

    Et quel mari êtes-vous?
    Je ne vais pas vous dire que je suis un mari parfait! Dans mes livres, mes personnages sont souvent solitaires, ils multiplient les expériences, alors que moi je suis un monogame convaincu. Je mène une vie tranquille et traditionnelle avec une femme qui est la même depuis vingt ans, une Vaudoise de Toronto que j’ai rapatriée ici. Le personnage de Cora lui ressemble un peu. C’est la seule dont il est amoureux et elle le laisse mariner.

    Vous étiez enseignant. Comment ça se passait?
    J’étais un prof un peu atypique, je pense. J’étais passionné de littérature, par contre j’étais beaucoup moins à cheval sur les évaluations et les épreuves, en essayant de transmettre mes passions littéraires pour Rousseau, Voltaire, Céline, Sartre et les autres. J’avais certaines exigences, mais les élèves ont dû me considérer comme assez cool, comme on dit dans leur langage.

    Vous avez également été journaliste.
    Le journalisme a une place importante. J’ai été critique de théâtre pendant longtemps. Ça m’a obligé à voir tout ce qui se produisait en Suisse romande, mais aussi à Paris et à Avignon. J’allais voir la pièce le soir, je passais au journal vers 11 heures et j’écrivais jusqu’à minuit. Ça m’obligeait à ne pas me tromper, à aller à l’essentiel du sujet. J’ai beaucoup appris. Pour l’écriture du roman, on a tout le temps, mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel.

    © Coopération, 10.4.18.

    ©photo : Patrick Gilliéron Lopreno

  • Servette : une honte bien genevoise !

    genève,servette,faillite,longchamp,kanaan,culture,sport,footballAlea jacta est : Servette est rélégué en 1ère ligue, avant, peut-être, de descendre encore plus bas, si les factures en cours ne sont pas épongées (et qui les épongerait ?). Ce n'est pas un scoop, hélas, car la nouvelle était connue de tous depuis des mois. Et personne, ici comme ailleurs, n'a levé le petit doigt pour inverser le cours des choses…

    Comment en est-on arrivé là ? La gestion mystérieuse de Hugh Quennec a bien sûr sa part de responsabilité. Naïveté ? Mégalomanie ? Méconnaissance du milieu du football (demandez à Michel Platini ou à Sepp Blatter, ils en connaissent un bout sur la question) ? Il y a de tout cela…

    Mais il ne faut pas oublier la responsabilité du milieu économique et politique. Les Genevois se méfient toujours des étrangers. Or Quennec est canadien. Cela explique bien des choses, et bien des résistances à faire confiance à un homme qui n'est pas du terroir. Les grosses fortunes du canton préfèrent placer leurs sous ailleurs…

    Quant aux politiques, ils ont montré une fois de plus leur couardise. Les plus petits, au Conseil d'État, ont exhibé leur arrogance (c'est leur marque de fabrique). Les autres, tous partis politiques confondus, ont montré leur indifférence, sinon leur impuissance. Il est bien plus utile, pour son image, d'aller couper un ruban ici, ou déposer une couronne de fleurs par là…

    Au bal des couards, Genève mène la danse. Après la farce de la traversée de la rade (pont, tunnel ou téléphérique photovoltaïque ?), du Stade de la Praille (à louer), du futur MAH (dans vingt ans, peut-être, avec un nouveau projet de Jean Novel), de la Nouvelle Comédie (qui la dirigera, et avec quels fonds ?), de l'extension souterraine de la gare Cornavin (2 milliards ? 3 milliards ? 5 milliards ?), Genève n'est jamais à cours de genevoiseries.

    On peut faire confiance à celles et ceux qui nous gouvernent : à défaut de courage, ils ont de l'imagination.