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football - Page 2

  • Constantin, l'irréductible

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    S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer : ses cheveux en pétard, son accent rocailleux, sa gueule tantôt placide et tantôt renfrognée. À lui seul, il incarne le Valais de toujours. La légende du passé et la ruse du présent. Un esprit de conquête et une soif de revanche sur le sort toujours hostile.

    Ce n’est pas Christophe Darbellay, politicien à bout de souffle, ni Philippe Nantermod, jeune loup en quête d’avenir. Quoi qu’il fasse, et même quand il ne fait rien (ce qui est rare), il parvient à noircir les pages des journaux. Tous les hommes politiques, de son canton et d’ailleurs, devraient l’engager pour leur communication, car en matière de buzz, il est imbattable !

    L’année dernière, pour lui, a été un cauchemar. Mal conseillé par des avocats vétilleux, il s’est lancé dans une croisade perdue d’avance contre les instances du football européen. N’est pas Don Quichotte qui veut ! Malgré tous les recours, appels désespérés aux tribunaux civils des quatre coins de ce pays et d’ailleurs, il a perdu sur toute la ligne. 36 points de pénalité ! On n’a jamais vu ça. Et son équipe de foot, l’une des meilleures sur le papier, n’a pu échapper à l’humiliation des matches de barrage. Elle aurait dû être deuxième : elle a fini dernière. Ce qui n’est pas glorieux.

    Un autre que lui, probablement, aurait posé les plaques, comme on dit. Assez de tracasseries ! Trop de temps, d’argent perdu ! Il y a d’autres choses, dans la vie, que les procès à répétition et une équipe de traîne-savates.

    Mais ce n’est pas un homme à renoncer. En quoi il incarne la légende. Les échecs et les quolibets le rendent toujours plus fort.

    Il est donc reparti de plus belle. Avec cet enthousiasme et ce flair qui n’appartiennent qu’à lui. D’abord il engage un nouvel entraîneur : Sébastien Fournier. Un prince des pelouses. Énergie, intelligence, générosité. Pour l’avoir vu jouer aux Charmilles, je peux vous dire que Fournier, depuis toujours, est l’homme qui peut faire basculer un match. Il ne s’avoue jamais vaincu. C’est la grâce incarnée. Ensuite, il va chercher en Italie l’intraitable Gattuso, ce joueur qui a fait tant de mal aux Bleus en 2006. Un coup de pub et de génie. En attendant sans doute d’autres surprises qu’il va tirer de son chapeau.

    Car c’est un prestidigitateur — même si ses tours de magie ne réussissent pas toujours. Il donne vie au football suisse. Il incarne le défi et l’envie de se battre. Il sait retourner presque toutes les situations à son avantage. À chaque instant, il invente l’avenir. Il a le goût du risque et la soif d’entreprendre.

    Rendons justice à Christian Constantin : il aura agacé beaucoup de monde, horripilé ses fans, irrité les cadors du foot par ses tracasseries sans fin. Pourtant, dans le paysage médiatique du pays, il est irremplaçable. Quelque part entre Astérix et Guillaume Tell, c’est notre irréductible Helvète.

     

  • Magnifiques Servettiens !

    292248_10150942621553234_10985463233_233306126_297481883_n.jpgAllons, pour une fois, parlons de choses importantes.

    Les bourses dégringolent ? C'est leur destin biologique, et tout le monde s'en fout. L'Europe est en crise ? Elle l'a toujours été. Et qui croit encore à l'Europe aujourd'hui ? La France est désormais gouvernée par des hommes (et des femmes) normaux. Tant pis pour elle. Car, au fond, elle l'a bien cherché…

    Non, l'important, vous l'aurez deviné, c'est la formidable victoire, hier, de Servette sur Bâle, multiple champion et vainqueur de la Coupe. Un match plein, vivant, généreux. Comme le stade de la Praille, subitement ressuscité avec ses 22000 spectateurs. Qui a dit que les Genevois n'aimaient pas le football ?

    Une victoire qui se soulève aucune critique : tant au niveau du jeu, toujours porté vers l'offensive, qu'à celui de l'engagement (on dirait que les quelques mois passés en enfer — club en faillite, joueurs non payés — ont renforcé la cohésion de l'équipe).

    En un mot comme en cent : chapeau bas, les Servettiens !

    Si seulement les politiques de la ville et du canton pouvaient s'en inspirer ! À défaut de génie (et d'argent) il faut montrer du cœur !

  • Cruel hiver

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    Avec l’hiver, un vent sec et glacé souffle sur les pelouses.

    Tout a commencé, il y a des mois, avec l’invraisemblable croisade menée par Christian Constantin, mécène et président du FC Sion, contre la Swiss Football League, l’Association suisse de football, l’UEFA et la FIFA. Autant dire la planète entière. Feuilleton rocambolesque, dont tout le monde a perdu le fil depuis longtemps, mais qui a eu pour résultat une sanction digne du Roi Ubu : on a retiré au club valaisan pas moins de 36 points. C’est-à-dire plus de points qu’il n’en avait acquis sur les pelouses ! Mal conseillé, et se prenant sans doute pour Don Quichote, Constantin a beaucoup perdu dans l’affaire. Du prestige. Du crédit. Et bien sûr de l’argent (le dernier club au classement est moins attractif que le deuxième ou le troisième).

    Peu importe le verdict final. Pour Constantin, la guerre qu’il a conduite contre les moulins à vent du foot méritait d’être menée.

    Ensuite, il y a eu la consternante affaire Chagaev, heureux propriétaire de Neuchâtel Xamax. On ne sait comment cet homme, au passé louche, est arrivé à la tête de l’un des fleurons du football suisses (mais on le devine). Il n’empêche qu’aussitôt arrivé, l’homme d’affaire tchétchène a fait le vide autour de lui. Virant, au fil des mois, à peu près tout le monde. Sans se douter une seconde qu’après avoir viré joueurs, secrétaires et entraîneurs, il se serait le prochain sur la liste à partir. Résultat des boulettes de Bulat : Chagaev est en prison. Xamax n’existe plus. Et les Neuchâtelois, qui ont laissé le club agoniser, puis mourir de sa sale mort, ont la gueule de bois (et se soignent au Xanax).

    Aujourd’hui, c’est un autre club romand qui est pris dans les glaces. Servette, 17 fois champion suisse, est au bord du naufrage. Son président, l’homme d’affaire iranien Majid Pishyar, ne règle plus aucune facture, attendant l’hypothétique soutien des Genevois qui assistent, impuissants, comme les Neuchâtelois, à la descente aux enfers de leur club. Il est vrai qu’il ne faut rien attendre des Genevois. Et Majid Pishyar, l’énigmatique président, s’il veut sortir son club des eaux troublées, devra trouver une solution tout seul.

    Quand un club meurt, ce n’est pas seulement une ville ou une région qui a la mort dans l’âme. Mais le pays tout entier. Le football, contrairement à une idée reçue, ne se joue pas à onze. Ni même à vingt-deux. Mais à 1000, 2000, 10'000 personnes. En l’occurrence, quand une équipe romande disparaît, c’est la fin des derbies. C’est-à-dire des empoignades fratricides, fiévreuses, bouleversantes, qui nous chavirent le cœur et alimentent les conversations de bistrot pendant plusieurs semaines.

    S’il n’y a plus de Sion-Xamax ou de Sion-Servette, quel intérêt le foot peut-il encore avoir pour nous ? Qui a envie d’aller applaudir Wil ou Thoune ? Ou même Vaduz ? Le foot ressemble au Titanic. Soit on traverse la mer ensemble. Soit on coule tous ensemble. Il n’y a pas d’alternative.