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Ecrivain de la comédie romande - Page 171

  • Blind date (2)

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    Rideaux tirés. Halogène high-tech. Encens qu’il fait brûler presque religieusement pour éloigner les esprits vagabonds. Il est assis devant l’écran de son PC, une main sous le menton, l’autre accrochée à la souris fouineuse.

    Cette souris toujours en alerte qui le transporte au bout du monde par un simple mouvement du poignet.

    Mais aujourd’hui il est fébrile. Le sang bat dans ses tempes. Il tourne en rond dans sa cellule. Il ouvre les rideaux pour voir si le monde derrière la vitre est toujours là. Si des hommes et des femmes habitent encore cette planète de plus en plus virtuelle. Puis il revient s'asseoir à son bureau, devant la lumière verte du PC.

    Pour lui le temps ne compte pas. Il vit à la vitesse de la lumière. Des images qu'on copie à distance. Des chats à l'autre bout du monde. Dans le secret de son alcôve l'écran est un soleil. C'est là qu'il sacrifie les plus belles heures de la nuit et du jour. Là qu'il s'installe, rideaux tirés, porte fermée à double tour, pour surfer sur l'écume du monde. Comme l'héliotrope il est tourné vers l'écran du PC. C'est l'homme lucivore. Sa solitude presque irréelle à force de silence est troublée quelquefois par une mélodie mécanique qui l'avertit qu'un message vient d'arriver dans l'une de ses nombreuses boîtes à lettres

    C'est Adèle qui lui donne rendez-vous.

    17 heures au Café King’s, rue du Théâtre 3.

  • Blind date

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    Devant sa glace, elle se demande si elle n’en fait pas trop. Un coup de blush sur les pommettes. Du mascara pour rendre plus profond le regard assassin. Un rouge à lèvres couleur sang. Des créoles en argent pour fasciner le regard comme un serpent qui danse.

    Elle se regarde encore une fois dans le miroir et elle se plaît. Elle est prête au combat.

    C’est la première fois qu’elle accepte de rencontrer un inconnu. D’habitude, ce n’est pas son genre. Sans être esclave des conventions, elle est un peu old style. Elle aime la galanterie et les longues conversations. Les promenades silencieuses. Les regards doux comme une caresse. Elle préfère les vieux livres qui sentent le papier jauni aux écrans plats d’ordinateur.

    L’amour à fleur de peau aux amours virtuelles.

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  • Isabelle Martin, dernière critique

    images-5.jpegCelle que Jacques Chessex, par antiphrase, mais affectueusement, appelait tantôt « la verdoyante Isabelle Martin », tantôt « la sémillante Isabelle Martin », vient hélas de nous quitter, des suites d'une longue maladie.

    Pendant près de trente ans, Isabelle Martin aura marqué le paysage culturel suisse-romand. C'est à elle qu'on doit, sans contexte, l'intérêt nouveau pour la littérature suisse, qu'elle n'a cessé de défendre, depuis les années 80. Ainsi a-t-elle encouragé de nombreux écrivains à poursuivre leur travail, à une époque où la critique littéraire était encore vivante et importante. Son nom est lié au Journal de Genève, où elle était responsable du fameux Samedi littéraire, dont l'aura était grande et que tout le monde regrette aujourd'hui.

    Avec la disparition d'Isabelle Martin, la critique littéraire romande perd l'une de ses derniers fleurons (si l'on excepte Jean-Louis Kuffer, Jacques Sterchi ou Bernadette Richard, il n'y a plus de critique littéraire dans les journaux).

    Signalons encore qu'Isabelle Martin venait de publier, aux Editions Zoé (dont elle fut toujours très proche), une étude éclairante consacrée à l'écrivain suisse Claude Delarue (La Grandeur des perdants).