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roman - Page 28

  • Houellebecq l'agitateur

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    Difficile d’échapper à la déferlante Houellebecq ! Intense battage médiatique, logorrhée critique partisane ou fielleuse (haïssables toutes les deux), présence de l’auteur en chair et en os dans les talk shows des grandes chaînes de TV… Autant de symptômes qui tendraient à occulter le phénomène Houellebecq écrivain au profit de son clone médiatique. Car phénomène il y a, c’est indéniable. Mais il est littéraire. Malgré quelques longueurs, des pages complaisantes où Houellebecq, dirait-on, s’amuse à se singer lui-même en écrivant ce qu’on attend de lui, La possibilité d’une île*, son dernier roman, est un texte fort, violent, bien sûr, authentique, où l’auteur ne triche pas.

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  • Un très bon Beno

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    Le titre, comme d'habitude, est impossible : La voix des mauvais jours et des chagrins rentrés*, mais le talent, fait de lucidité, d’ironie triste et d’humour triomphant, reste le même. Le dernier livre de Jean-Luc Benoziglio, écrivain suisse établi à Paris depuis des lustres, est un grand livre.

    Largué par sa Julie, le narrateur, moderne Saint-Preux, retourne en douce sur les lieux de ses amours : la maison de campagne que son ex a rénovée et dans laquelle, parmi les cris d’enfants et les disputes familiales, le narrateur et elle ont vécu la plus belle tranche de leur histoire. Il y a beaucoup de nostalgie dans ce pèlerinage cruel et hilarant, puisque le narrateur assiste, comme un intrus, aux diverses scènes de famille qui se déroulent sous ses yeux. Il en était l’acteur ; il n’en est plus que le spectateur silencieux et marri. Son chant d’amour est un chant de détresse : Julie l’absente occupe tout l’espace de sa mémoire : sa chaleur, sa « voix des mauvais jours », ses éclats de rires, ses relations impossibles avec son éditeur (et sans doute amant), sa stature de mater familias, etc. Ressuscitant les images du passé (fêtes, repas, week-ends pluvieux, jeux de société), le narrateur vit dans la perte de Julie. Et le plus triste, dans ce roman qui joue si bien avec nos émotions, c’est que personne, sans doute, ne remplacera jamais l’amoureuse enfuie. Même les fables superbes (mahons sauds), les poèmes elliptiques, les citations ignorées de gens célèbres, l’incroyable intermède du cocktail littéraire (50 pages !) ne parviennent à chasser l’étrange mélancolie qui se dégage de ce roman poignant.

     

     

    * La voix des mauvais jours et des chagrins rentrés, par Jean-Luc Benoziglio, Le Seuil, 2004.

  • Philip Roth et ses doubles

    images-9.jpeg Ils sont nombreux, les doubles de Philip Roth, sans doute le plus grand écrivain américain vivant : il y a Portnoy (et son célèbre complexe), Zuckermann (l’écrivain fantôme) et David Kepesh, professeur de littérature à l’Université — mais surtout de désir. Après une longue absence, celui-ci revient dans un roman magnifique et bouleversant, La Bête qui meurt.*

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