Intituler son livre Best-seller*, il fallait oser! Et Isabelle Flückiger — l'une des plumes les plus libres et impertinentes de la littérature romande — l'a osé, dans un conte à la fois tendre et drolatique.
Petit rappel : Isabelle Flückiger (née en 1979) a déjà publié trois livres, fidèlement chroniqués sur ce blog : Du Ciel au ventre **, Se débattre encore *** et L'Espace vide du monstre****. Si le premier racontait les tribulations érotiques d'une jeune femme en rupture, qui va s'éclater à Paris avec une copine délurée, le second montrait une autre facette, plus philosophique, de la jeune écrivaine fribourgeoise. Quant à L'Espace vide du monstre, il faisait se croiser plusieurs destins, fragiles, inaccomplis, chacun lançé dans une course au bonheur un peu désespérée.
On retrouve ces thèmes, bien sûr, dans Best-seller. En particulier ce vide qui menace d'engloutir à chaque instant les fragiles personnages de ce roman, qui ressemble à un conte. Un prof contesté, voire méprisé, par ses élèves. Une jeune femme travaillant pour une galerie de peinture, menacée, quand la « conjoncture » est difficile, de perdre son emploi. Et Saïd, un requérant d'asile kurde, vivant dans l'angoisse d'être renvoyé en Turquie.
Voilà pour l'arrière-fond du roman. Mais il manque le personnage principal. Un petit animal au pelage noir et blanc (comme un livre), vif et indiscipliné, qui déboule un jour dans la vie passablement routinière du couple que forment Mathieu et sa jeune amie. Sans crier gare, Gabriel (c'est le nom du chienchien), comme dans un jeu de quilles, vient tout bouleverser. Est-ce un signe du Destin ? Un coup de chance (ou de malchance) ? Gabriel est-il cet ange qui vient apporter la bonne nouvelle, et permettre enfin au couple plan-plan de sortir un peu du vide dans lequel il s'enlise (sans en être conscients) ? C'est la force (impertinente) du roman d'Isabelle Flückiger de poser ces questions. Sans lourdeur. Ni prétention.
Un chien perdu, puis adopté, peut-il sauver ses nouveaux propriétaires, surtout quand ils sont jeunes et « pleins de promesses » ? Peut-il leur insuffler cette soif de liberté qui manque si fort à leur existence ? Toutes ces questions prolongent, en quelque sorte, celles initiées dans le livre précédent d'Isabelle Flückiger. Mais ici elles sont admirablement posées. Avec ce zest d'humour et de dérision qui les rend plus profondes. Incontournables, comme on dit. Il y a de la légéreté et du désespoir, de l'ironie et de la douleur, dans ces pages qui filent à la vitesse du plaisir qu'on en éprouve à la lecture. Parfaitement construit, tenu d'un bout à l'autre, écrit dans une langue à la fois souple et précise, Best-seller mérite bien des éloges. Et même le titre qu'il porte.
* Isabelle Flückiger, Best-seller, éditions faim de siècée, 2011.
** Du Ciel au ventre, roman, l'Âge d'Homme, 2003.
*** Se débattre encore, roman, l'Âge d'Homme, 2004.
**** L'Espace vide du monstre, roman, édition de l'Hèbe, 2007.
C’est l’un des livres les plus intrigants de la rentrée. Son titre : Les Îles*.
Retenez bien ce nom, aux allures de pseudonyme ethno : Douna Loup. Douna comme Douna, une petite ville du Burkina Faso Et Loup comme le grand méchant loup, et comme le Théâtre du même nom. Car Douna Loup vit à Genève où elle est née en 1982, de parents marionnettistes. Si l'on en croit Culturactif, « elle passe son enfance et son adolescence dans la Drôme. À dix-huit ans, son Baccalauréat Littéraire en poche, elle part pour six mois à Madagascar en tant que bénévole dans un orphelinat. À son retour elle s'essaye à l'ethnologie, elle nettoie une banque suisse pendant trois mois, garde des enfants durant une année, écrit sa première nouvelle, puis devient mère, et étudie les plantes médicinales. Après avoir vendu des tisanes sur les marchés et obtenu un certificat en Ethno-médecine, elle se consacre pleinement à l'écriture et à ses deux filles. »