
Rendons justice à Pascal Décaillet : sans sa verve, son énergie intarissable, son talent d'orateur grec, la politique genevoise ne serait pas ce qu'elle est. En d'autres termes, elle ne serait pas du tout. Non seulement, Décaillet offre une tribune à celles et ceux qui n'ont rien à dire (ou plutôt dont les idées sont minuscules, tâtonnantes, souvent opportunistes) mais encore ils les met en valeur, leur offre une vitrine officiclelle qui leur confère un semblant d'existence.
Il faut suivre les débats de « Genève à chaud » sur Léman Bleu pour s'en convaincre presque tous les jours. Décaillet brille, termine les phrases de ses invités peu loquaces, remet en perspective les idées (très souvent rabâchées) de ses hôtes d'un soir. Grâce à lui, Eric Stauffer (qu'il est le seul, d'ailleurs, à pouvoir faire taire) paraît intelligent. Grâce à lui, Guy Mettan (ah! la « Saint-Maurice Connection »!) retrouve son latin. Grâce à lui, Jean Romain nous parle de ses problèmes de thermomètre. Grâce à lui, Micheline Calmy-Rey fait moins peur. Et Doris Leuthard a les prunelles moins exorbitées…
Combien de discussions interminables brusquement sauvées de l'ennui par un bon mot, un clin d'œil, une référence à Saint-Simon ou à Léon Bloy! Souvent, je me dis que Genève ne mérite pas Pascal Décaillet, qu'il faudrait laisser les politiques mariner longuement dans leur inexistence. Mais heureusement, il est là, toujours sur le qui vive, pour relancer, expliquer, donner des couleurs aux discours insipides qui sont balbutiés à l'antenne.
Si j'étais député, je proposerais illico qu'on élève une stèle à Pascal Décaillet pour tout ce qu'il a donné à notre république. Mais le monde politique est ingrat. Surtout après les élections. En attendant l'érection de sa stèle, rendons grâce, encore une fois, à Saint Décaillet.
J'ai toujours aimé les marionnettes. Et j'aime beaucoup Claude-Inga Barbey, qui est à la fois comédienne, écrivaine et metteuse en scène. On pourrait croire que les deux font la paire, surtout quand c'est Claude-Inga qui manipule les marionnettes, comme c'est cas actuellement aux Marionnettes de Genève*. La pièce s'appelle Règlement de contes. Elle a été écrite par notre femme-orchestre, qui joue et manipule, sur scène, des fleurs, un grand soldat de plomb et surtout un canard, à qui elle fait subir les pires tortures. Le prétexte de la pièce est de « corriger » les contes d'Andersen (dont certains finissent mal) dans un sens résolument positif. Pour cela, elle est aidée par l'excellente Doris Ittig, qui joue la servante du Maître, et par l'irrésistible Claude Blanc, qui incarne le vieil Andersen.