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all that jazz - Page 27

  • Les livres de l'année (3) : Dino Risi ou les mémoires d'un monstre sacré

    DownloadedFile-1.jpegOn ne vous fera pas l'injure de présenter Dino Risi (1916-2008), l'un des derniers monstres sacrés du cinéma italien ! On lui doit une cinquantaine de longs métrages, depuis Vacanze col gangster (1952) jusqu'à Le ragazze di Miss Italia (2002), en passant par ces films-cultes que sont Pain, amour, ainsi soit-il (1956), Les Monstres (1963), Sexe fou (1973) ou encore Parfum de femme (1975). On ne présente pas un monstre pareil, donc : on lui tire son chapeau !

    C'est pourquoi il faut lire, toute affaire cessante, son livre de mémoires, intitulé précisément Mes monstres*, qui reconstitue, avec une précision de peintre ou de photographe, tout l'univers du cinéma italien de l'après-guerre…

    Rien ne prédisposait ce fils de médecin milanais au 7ème Art : il avait entrepris des études de psychiatrie quand la seconde Guerre mondiale a éclaté. Il se réfugie en Suisse, poursuit distraitement ses études et fait surtout connaissance avec les jeunes femmes de la région qui l'invitent volontiers dans leur lit. C'est en Suisse, par la même occasion, qu'il suit les cours de Jacques Feyder, autre réfugié artistique, qui développent en lui la passion de la mise en scène.

    De retour en Italie, il va entrer dans le cercle très fermé des réalisateurs à succès. Chaperonné par Alberto Lattuada, images-4.jpegil va d'abord écrire des scénarios pour les autres, puis, peu à peu, réaliser lui-même les histoires qu'il écrit. Il excelle, comme on sait, dans les films à sketches, où sa verve satirique s'exprime à merveille.

    Dans Mes Monstres, Risi ressuscite le fantôme de ses amis disparus, les inoubliables Mastroianni, Sordi, Tognazzi ou encore Vittorio Gassman. Ces acteurs, dans la vie, jouent leur propre rôle. Et Dino Risi n'a pas beaucoup à se forcer (et à les forcer) pour qu'ils crèvent l'écran, comme on dit. Car ils sont tous des monstres : monstres d'égoïsme, de séduction (de vrais machos ! diraient les féministes), mais aussi d'humanité, de drôlerie, de générosité.

    Des monstres humains, tellement humains…

    Comme il excelle dans les films à sketches, Risi est le meilleur, également, dans les saynètes, histoires irrésistibles, anecdotes cocasses, qui toutes, sous sa plume, deviennent des fables de la condition humaine. Qu'il évoque cette étrange dactylo qui refusait d'écrire le mot « cunnilingus », le regretté Coluche ou encore une escapade d'Hitler, Risi a la plume aussi savoureuse que la caméra. Bien sûr, en même temps qu'on revit les riches heures du cinéma italien, on a un pincement au cœur de nostalgie, car cette époque inventive, légère, profonde, est révolue. Les comédies d'aujourd'hui sont souvent lourdingues et laborieuses. Alors que notre époque aurait besoin de satiristes pour la démystifier…

    Lisez donc cette galerie de monstres sacrés et attachants : c'est toute l'humaine condition qui défile sous nos yeux !

    * Dino Risi, Mes monstres, édition de Fallois-l'Âge d'Homme, 2013.

  • Le destin tragique de Christopher Falzone

    th.jpegIl y a trois jours, j'ignorais tout de Christopher Falzone. Depuis, je ne cesse de penser à lui.

    Un ami, sur Facebook, vient de m'apprendre sa mort tragique : ce jeune pianiste américain, que Martha Argerich considérait comme l'un des plus doués de sa génération, s'est jeté d'une fenêtre du dixième étage des HUG, où il était hospitalisé, la semaine dernière, sur l'ordre de ses parents.

    Lauréat de nombreux Prix, considéré par ses pairs comme un génie musical (on trouve sur YouTube de nombreuses video de ses interprétations d'œuvres de Saint-Saens, Rachmaninoff ou encore Tchaïkovski, retranscrites par ses soins), Christopher Falzone, d'une santé fragile, était en conflit, depuis plusieurs années, avec ses parents qu'il accusait de vouloir l'empêcher de poursuivre sa carrière musicale. 

    On sait peu de choses, bien sûr, de ce déchirement intime. Ce que le site Care2 nous apprend, c'est que ses parents, le jugeant « incapable de gérer sa propre vie » l'ont fait interner, aux USA, puis à Genève. À la suite de cette décision, Christopher a appelé à l'aide ses amis, afin qu'ils réunissent des fonds pour assurer sa défense et faire lever cette mise sous tutelle.

    Cet été, Christopher Falzone avait prévu de venir à Genève pour rencontrer Martha Argerich, qui l'avait pris sous son aile. Il a écrit à cette occasion une lettre bouleversante que l'on peut lire ici.

    Le meilleur hommage que l'on puisse rendre à ce pianiste surdoué, dont le destin ressemble à une tragédie grecque, est de l'écouter encore une fois.

  • L'aveu consternant de Fleur Pellerin

    Or donc, la délicieuse ministre française de la Culture (socialiste), Fleur Pellerin, interrogée par notre compatriote Maïtena Biraben, s'est montrée incapable de citer un seul titre de livre de Patrick Modiano, prix Nobel 2014 de littérature...

    Croyant se justifier, elle a même avoué n'avoir lu aucun livre depuis deux ans !

    http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/ministre-culture-incapable-citer-livre-patrick-modiano/

    Comment est-ce possible ? Imagine-t-on André Malraux, voire Jack Lang ou même Frédéric Mitterrand, tous ministres de la Culture, faire un aveu si pitoyable?

    Faut-il incriminer la paresse d'esprit, l'inculture crasse, ou seulement la candeur d'une jeune femme ignorante ?

    " C'est normal, disent certains. Cette jeune femme est socialiste et les socialistes ont fait table rase de l'Histoire, des idées, comme de la littérature. Ils ne savent plus rien (et ils en sont fiers".

    D'autres (j'en fais partie) déplorent l'inculture abyssale des hommes (et femmes) politiques. Qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs. Et en particulier des responsables de la Culture.

    Si on leur posait une question similaire, je suis sûr que les Ministres vaudois, valaisan ou genevois auraient mille peines à citer un seul titre d'un écrivain romand vivant.

    Est-ce l'époque qui veut ça ? Ou le désintérêt croissant (et déprimant) du monde politique pour la littérature, la musique, la peinture, et toutes autres formes d'art ?