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  • Genève rencontre New York (suite et fin)

    f-2012-03-12-book.jpgDernier jour à New York.

    Visite du Metropolitan Museum le matin avec ses trésors de peinture italienne, flamande, espagnole.

    Le soir, présentation de L'Amour nègre (et de son auteur) au French Institute de l'Alliance française, sur la 60ème rue. Les discussions ont lieu dans la bibliothèque. 60'000 volumes. La plus grande bibliothèque francophone des USA. Elles sont menées, de main de maître, comme toujours, par Olivier Delhoume, qui connaît le livre, et la littérature française, sur le bout des doigts. Dans le public, des Genevois bien sûr. Mais aussi des Américains férus de littérature française. C'est la première fois qu'un auteur suisse est reçu dans cette impressionnante bibliothèque.

    Ensuite, il faut foncer à Cooper Union où se tient un débat sur la censure et Internet qui met aux prises un journaliste saoudien, Internet_Censorship1-600x500.jpgEbtihal Mubarak, Anas Qtiesh, un blogger syrien établi à San Francisco, Stéphane Koch, bien connu de la blogosphère helvétique, et Thérèse Obrecht, ancienne journaliste de la TSR et présidente de Médecins Sans Frontières suisses. Où commence la censure ? Et où est-elle présente ? Quels dangers menacent les utilisateurs de l'Internet, enfants compris ? Où vont toutes les traces que nous laissons journellement sur la Toile ? Qui les recueille ? Qui les enregistre ?

    Ce furent quelques questions que les pannelists, comme on dit ici, autrement dit les débatteurs, ont essayé d'éclairer de leur mieux. Ils ont eu du mérite, à vrai dire, car Rebecca MacKinnon, qui menait les débats, semblait peu concernée par les questions pourtant cruciales.

    Le séjour touche à sa fin. Tout le monde est ravi, mais sur les genoux. L'« expédition culturelle » mise sur pieds par la ville de Genève, aidée de quelques sponsors généreux, s'est déroulée parfaitement, grâce aux bons soins de Cédric Alber, conseiller de Pierre Maudet, et d'Olivier Delhoume, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour organiser cette semaine intensive et passionnante, dont les échos bruissent déjà de part et d'autre de l'Atlantique.

  • Genève rencontre New York (5)

    images-1.jpegAvant-dernier jour à New York, où le ciel est toujours bleu délavé et où l'hiver est de retour, tant les températures ont chuté depuis quelques jours.

    Deux grands moments, encore, dans cette ville debout, éprise de liberté, où l'on ne peut fumer nulle part, ni prendre des photos dans les salles de spectacle, sans qu'un aimable gardien de l'ordre vienne vous faire une remarque…

    De liberté, il est question dans le spectacle présenté hier à La Kitchen, haut-lieu du théâtre expérimental et de la musique d'avant-garde (John Cage y a créé plusieurs de ses pièces, ainsi que Philip Glass, dans les années 70). L'artiste est suisse, même genevois. Né en 1969, Footwa d'Imobilité (le nom que Frédéric Gafner s'est choisi pour entamer une carrière solo) a été nourri au giron de la danse par sa mère Beatriz Consuelo, puis a dansé en Allemagne et fait partie de la prestigieuse troupe de Merce Cunningham à New York. Foofwa_new-120x100.jpgDepuis 2000, il a créé plus de 40 spectacles de danse-video. D'ailleurs, le spectacle d'aujourd'hui, joué en première américaine, débute par une vidéo de Jonathan O'Hear, qui réussit le prodige de réunir trois figures majeures de la danse contemporaine : Pina Bausch, Merce Cunningham et Michael Jackson. Autrement dit : la Reine de Wuppertal, l'Empereur de la danse moderne et le Roi de la pop. Footwa imagine leurs retrouvailles inattendues (ils sont morts à quelques semaines d'intervalle, en 2009, et se retrouvent aux portes de l'enfer). L'idée est assez géniale. Le spectateur, guidé par une sorte de Virgile à l'accent italien, va assister, pendant 50 minutes, aux périgrinations des trois danseurs qui racontent leur vie. Mêlant à la fois le théâtre et la danse, l'imitation, la parodie, les images video, le spectacle de Footwa interroge aussi la liberté de l'artiste. Le danseur est-il libre ou condamné à réciter une chorégraphie longuement apprise ? A-t-il le droit d'improviser ? Et de franchir la ligne rouge qui le sépare des territoires inconnus ? Footwa, qui joue non seulement devant le public, mais avec lui, nous entraîne dans une réflexion assez vertigineuse sur la danse et les libertés de l'interprète.

    images-2.jpegÀ peine le spectacle terminé, il faut sauter dans un taxi pour se rendre au Allen Room, près du Lincoln Center, à deux pas de Central Park, mais à l'autre bout de Manhattan.

    Cette salle, magnifique, est l'une des plus prestigieuses de New York. On n'a pas le droit de la prendre en photo. Qu'à cela ne tienne ! De nombreuses images circulent sur le Net, qui donnent une idée de l'endroit. Spectaculaire…

    Au programme, donc, ce soir, le trio du musicien de jazz genevois Marc Perrenoud (né en 1981), ancien élève du Collège de Saussure (cocorico!). Il joue avec l'excellent Marco Müller (basse) et le dynamique Cyril Regamey (batterie). Marc_Perenoud_Trio-120x100.jpgLe trio est installé devant l'immense bait vitrée qui offre une vue plongeante sur la ville et la nuit qui descend. It could be worse

    Disons-le d'emblée. Est-ce que cadre ? L'ambiance si particulière de cette fin d'après-midi ensoleillée ? La chaleur du public (en partie genevois) ? Le punch intact des musiciens ? Le concert fut sublime. Interprétant presque intégralement les titres de son dernier album, Two Lost Churches, Marc Perrenoud (visitez son site ici) et ses acolytes ont subjugué le public. Tout a commencé avec le lancinant « Gospel », avant d'enchaîner avec « Mantas Playground ». Puis le standard de Prévert et Kosma, « Autumn Leaves » (Les feuilles mortes) et l'extraordinaire et swingant « You'be so Nice to Come Home to » un titre de Cole Porter. Une heure et demie de jazz planant et métronomique. Un régal !

    Signalons que le spectacle de Footwa d'Imobilité, comme le concert du Trio de Marc Perrenoud, n'auraient pu avoir lieu sans le soutien de la ville de Genève et du Flux Laboratory animé par Cynthia Odier, qui peut être fière de ses protégés !

     

  • Genève rencontre New York (4)

    DownloadedFile-1.jpegOn ne présente plus Michèle et Michel Auer (visitez leur site ici). Ou les Auer. Ou Michèle et Michel. Depuis près de quarante ans, ils vivent pour et par la photographie. Leur collection d'anciens appareils est l'une des plus riches au monde. Quant aux images qu'ils ont rassemblées ici et là, de photographes célèbres ou peu connus, en noir et blanc et en couleur, elles sont innombrables. Rappelons que leur fondation pour la photographie ouvrira bientôt ses portes, à Hermance, pour une série d'expostions prévue à partir du mois de juin de cette année.

    C'est une vingtaine de photos, triées sur le volet, qu'ils ont exposées à New York, dans un lieu improbable et magnifique : l'atelier du photographe Gilles Larrain* (visitez son site ici) situé au cœur de Soho dans un ancien garage transformé en caverne d'Ali-Baba. IMG_0699.JPGParmi ces images, on trouve la mythique photo de ce promeneur endormi devant les gratte-ciels de Manhattan. Ou encore des calèches avançant sous la neige. Ou encore ces ouvriers cassant la croûte sur une poutrelle du 50ème étage de l'Empire State building. Une manière de rendre hommage à la fois à New York — ville photogénique s'il en est — et à ses photographes. Gilles Larrain, qui fut l'un des premiers photographes de Miles Davis, nous a accueillis avec chaleur et générosité, sur des musiques de flamenco.

    IMG_0697.JPGOn le voit ici avec son épouse et Sami Kanaan, responsable genevois de la Culture.

    Le soir, découverte du Merkin Concert Hall, à quelques pas du Lincoln Center, à l'ouest de Central Park. Autre lieu magnifique et prestigieux. La salle accueille trois jeunes solistes de l'Orchestre International de Genève (dont la fondation est dirigée par Dominique Föllmi, ancien chef de l'Instruction publique, et présent à New York). Au programmes des festivités, Kalkbrenner et Marescoti (variations sur un thème de Rousseau, car Jean-Jacques fut aussi musicien, et copiste de partitions), Ravel, Liszt, Brahms et Mendelssohn.

    Les vedettes de ce soir sont au nombre de trois. IMG_0705.JPGTrois magnifiques musiciens genevois qui ont déjà une belle carrière derrière eux. Louis Schwizgebel, d'abord, pianiste aux doigts de fée, subtil, fougueux, toujours précis et clair (son « Ondine », extrait de Gaspard de la Nuit de Maurice Ravel, restera dans les mémoires). François Sochard, violoniste au son pur et profond, chatoyant, accompagnait Schwitgebel dans les Danses hongroises de Brahms. Quant à Lionel Cottet, violoncelle, il n'était pas en reste. Il a rejoint ses camarades pour le Trio N°1 de Mendelssohn, ajoutant de l'ampleur et de la profondeur aux voix du piano et du violon.

    C'est peu dire que les jeunes solistes de l'OIG ont impressionné l'auditoire. Ils ont été acclamés longuement. Le public new yorkais a été épaté par la performance du pianiste (qui suit les cours de la fameuse Julliard School), comme par celle de ses acolytes. À qui une belle et longue carrière est promise. Même si la concurrence, en matière de musique, est aujourd'hui plus vive que jamais.

    * Le hasard a voulu que la photo de Michèle et Michel Auer qui illustre ce billet ait été prise par… Gilles Larrain. Je ne le savais pas, l'ayant trouvée sur Internet. Rendons donc à Gilles ce qui lui appartient!