Sur la scène apprêtant le corps nu du ballet
Elle passe, éventail, d’un mouvement allègre
Parmi les arlequins & les danseuses nègres
Voguant de bras en bras. Les hommes en gilet
Ne l’effleurent que pour l’embrasser de violet
& pour saisir enfin sur ses lèvres intègres
Un instant, sans frémir, en éternels valets,
Le secret dangereux d’un accouplement aigre
Sans trêve, la douceur obscure du stylet
Traverse alors la bouche en vrille & réintègre
En son fil incertain la nuée de corps maigres,
Orphelins amoureux laissés sans bracelet,
Près du doute acrobate aspirant sous l’ourlet
La goutte de rosée à l’odeur de vinaigre.
* poème écrit il y a fort longtemps, dans les années septante, et repris récemment dans le recueil de sonnets 4433, paru au Miel de l'Ours, sous la direction de Patrice Duret.