La charmante ville de Nyon — qui est la plus belle de tout l'arc lémanique, et celle où je suis né — risque de perdre sa tête. C'est-à-dire son syndic (traduction genevoise : son maire).
Ne riez pas! L'affaire est trop sérieuse. Il y va de l'honneur de toute une région — et peut-être même de l'honneur national. La situation est cornélienne : parce qu'il a déménage en mai dernier dans une villa construite à un jet de pierre de Nyon — mais sur la commune de Prangins — le brave syndic Astérix Poitry, à la tête de la ville depuis six ans, devra abandonner son poste. L'ordre est venu d'en-haut : c'est-à-dire du Grand Château de Lausanne (traduction : des Romains).
Que faire alors? Obéir aux tyrans lausannois ou faire cessession ? Rayer Astérix Poitry du rôle électoral ou renvoyer la patate chaude aux Conseil d'État? Les Nyonnais sont bien embêtés. On le serait à moins. L'honneur commande pourtant de se battre jusqu'au bout. Il faut sauver le soldat Poitry. Quitte à se mettre tout le monde sur le dos. Une solution serait d'annexer la parcelle sur laquelle le syndic a construit sa villa — et, dans la foulée, d'annexer Prangins (qui, de toute manière, n'existe pas). Une autre serait de déplacer l'étude d'avocat du syndic Poitry dans sa villa et, inversement, d'installer sa villa dans son étude d'avocat. Une troisième solution serait de demander l'asile politique à Genève (qui occupe déjà, de facto, l'essentiel de la région nyonnaise).
Quelle quelle que soit la solution choisie, le maître-mot est : résister. C'est uniquement en résistant tous ensemble contre le tyran que nous pourrons sauver le brave syndic Poitry.