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médecin

  • La fuite du Docteur Mengele (Olivier Guez)

    Unknown.jpegPetite ou grande déception ? Je me suis précipité, comme tant d'autres, sur le dernier roman d'Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele*, célébré par une presse unanime et auréolé du Prix Renaudot. Et j'ai été pris, comme les autres, par cette histoire de fuite éperdue d'un criminel de guerre nazi — qu'on appelait l'ange de la mort — qui officia comme médecin dans le camp d'extermination d'Auschwitz. 

    S'appuyant sur une documentation impressionnante (5 pages de bibliographie!), Guez reconstitue fidèlement le parcours de cet homme, nazi de la première heure, qui n'a jamais exprimé le moindre doute, ni le moindre remords sur ses agissements monstrueux pendant la Seconde Guerre Mondiale. images.jpegOn le sait: Mengele se livrait à des expériences pour le moins délirantes sur des prisonniers d'Auschwitz (greffes, transfusions, amputations, etc.), en particulier les jumeaux et les handicapés. Tout cela est parfaitement rendu dans le roman d'Olivier Guez (même si l'information n'est pas de première main : il existe déjà des dizaines de biographies du Docteur maudit).

    Non. La déception, petite ou grande, vient plutôt du traitement assez plat de cette vie d'éternel fugitif (Mengele n'a jamais été arrêté). Le style, volontairement dépouillé, demeure descriptif et neutre. Les personnages, extrêmement nombreux, ont de la peine à s'incarner et manquent d'épaisseur. Quant au docteur lui-même, on aimerait en savoir plus sur ses motivations, sa folie intérieure. Et cela, malgré le récit un peu scolaire d'Olivier Guez, nous laisse sur notre faim.

    * Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele, roman, Grasset, 2017.

  • Le brave médecin et l'écrivain

    aEdm3WqX0r8J.jpeg Je n'aimerais pas être à la place du médecin yverdonois, le docteur D., qui, ayant interpellé violemment l'écrivain Jacques Chessex, vendredi 9 octobre, lors d'un débat public, a provoqué le malaise qui causé la mort de l'écrivain. Ce médecin courageux (qui s'est éclipsé sans même attendre la réponse que Chessex lui destinait) s'explique aujourd'hui dans 24 Heures (voir ici). Que valent ces explications ? Pas grand-chose, bien sûr, en regard de la mort d'un écrivain. D'autant qu'elles sont émaillées de mensonges (le docteur D. prétend avoir appelé plusieurs fois Chessex pour lui parler et être tombé sur son répondeur : pas de chance, Chessex n'en avait pas !) et lestées de mauvaise foi (« Je ne savais pas que Chessex était si malade » prétend le Tartuffe, décidément peu clairvoyant). C'est la rengaine habituelle du : « Désolé, mais je n'y suis pour rien. »

    Faut-il voir là — comme le suggère notre ami Freud — un désir inconscient de meurtre qui, pour le malheur de l'écrivain comme du médecin, s'est réalisé ce soir-là, à Yverdon ? S'agit-il, comme veut le faire accroire le docteur D., d'une simple réaction aux propos  enflammés de l'écrivain sur l'affaire Polanski ? Le vrai coupable n'est-il pas l'écrivain, au fond, qui s'est permis de défendre le cinéaste franco-polonais ? Etc.

    Les interprétations, on le voit, sont multiples. Elles ne changeront rien, hélas, à la triste réalité. Jacques Chessex est mort parmi les livres, subissant, une dernière fois, les attaques d'un brave médecin vaudois, pétri de bonne conscience, et sans doute radical.