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Ecrivain de la comédie romande - Page 181

  • Fin de règne à la Comédie

    images-3.jpegDisons-le franchement : peu de monde, à Genève et ailleurs, regrettera le prochain départ d'Anne Bisang de la Comédie, tant il semble flotter à present dans ce théâtre autrefois vivant et joyeux une atmosphère de fin de règne.

    En quelques années, les abonnements ont chuté de moitié. Quant aux entrées, elles ont suivi la même pente désastreuse que celle des abonnements : 50% d'entrées payantes en moins…

    Bien sûr, il ne faut pas juger de la qualité d'un théâtre uniquement au nombre d'entrées. Pourtant, non loin d'ici, un théâtre comme celui de Vidy, dirigé de main de maître par René Gonzalez, généreux dans son offre et toujours bondé, montre à qui veut le voir que l'on peut très bien concilier spectacles de qualité et fréquentation importante, créant plus souvent qu'à son tour l'événement. Au point de devenir, au fil des ans, l'un des théâtres de référence de la francophonie…

    images-4.jpegRien de tel, hélas, à la Comédie, où le théâtre, sous la férule de sa directrice Anne Bisang, est devenu triste et solitaire. Preuve en est son dernier spectacle, Katharina, d'après Heinrich Böll, qui ne semble pas enthousiasmer les foules.

    Autre preuve d'une fin de règne, la publication d'un ouvrage entièrement consacré à la gloire de la maîtresse des lieux, comportant photos couleurs et articles de complaisance. Ouvrage de commande qui, par son propos autocélébratif et son coût exorbitant (50'000 Frs quand même !), a fait tousser quelques magistrats en haut lieu. Si l'on veut ériger sa statue, et passer à la postérité, autant le faire soi-même !

    Après l'âge d'or de Benno Besson (ah ! L'Oiseau vert ! Ah ! Dom Juan avec Carlo Brandt !), il y a eu l'âge d'argent de Claude Stratz, qui n'était pas si mal que ça (ah ! L'École des mères et Les acteurs de bonne foi ! de Marivaux). Aujourd'hui, nous traversons l'âge de bronze, celui qu'a instauré Anne Bisang, dont peu de souvenirs, hélas, resteront vivants et joyeux dans nos mémoires.

     

     

  • Les grenouilles de la RTS

    images-2.jpegIl y a toujours quelque chose qui se passe à la RTS (anciennement TSR). Quand on ne supprime pas les rares séries originales qui marchent (par exemple Photo sévices, de et avec l'excellent Laurent Deshusses), ce sont les animateurs-vedettes qui jettent l'éponge. Comme Michel Zendali, fatigué d'animer Tard pour Bar, la seule émission culturelle de la RTS. Aimant le débat et la controverse, Zendali avit imaginé une sorte d'Infrarouge culturel, un talk-show plus proche d'Ardisson que de Ruquier. En quoi, sans doute, il a eu tort, vu l'échec relatif de son émission.

    L'Hebdo de cette semaine, sous la plume de Melinda Marchese (voit ici), nous apprend que la grogne monte à la RTS. Non pas parce que Zendali s'en va, mais parce que la direction de la chaîne a décidé de confier à une entreprise extérieure le mandat de produire une autre émission culturelle. Cette entreprise, c'est Point Prod, dirigée par l'ex-de la TSR David Rihs. Et l'animatrice pressentie pour remplacer Zendali n'est autre qu'Iris Jimenez, encore une ex de la TSR.

    Confier une émission culturelle à une boîte privée, est-ce vraiment un scandale ?

    « Oui ! crient en chœur les employés de la RTS. Pourquoi confier à d'autres ce que nous pourrions très bien produire nous-mêmes ? »

    L'article de L'Hebdo nous apprend, incidemment, que la rédaction culturelle de la RTS compte pas moins de… 60 collaborateurs !

    Je n'en crois pas mes yeux.

    60 personnes travaillant jour et nuit, d'arrache-pied, à l'édification des masses laborieuses et incultes de Suisse romande… ? Qui l'eût cru ?

    Moi qui pensais naïvement — vu l'indigence de l'offre en la matière de notre télévision — que seul Zendali œuvrait pour la culture! Que font alors les 59 autres collaborateurs, grassement rémunérés par l'argent de la concession ? Sont-ils à ce point inutiles, ou incompétents, qu'on aille chercher ailleurs, dans une maison concurrente et privée, une solution pour remplacer l'inoubliable Tard pour Bar ? Et qu'en pensent, alors, les collaborateurs de la radio (RSR), sensés faire partie intégrante de la nouvelle synergie de la RTS ? Comptent-ils pour beurre ?

    Avant le printemps, on entend déjà le chant des grenouilles sur nos ondes.

  • Édouard Glissant, chantre du métissage

    Un grand poète nous a quittés : Édouard Glissant. Poète de la diversité, du « tout-monde » et de la « créolisation » Élève du grand Aimé Césaire (dont on a pu lire un éloge de la négritude ici), Glissant, né à la Martinique en 1928, s'est peu à peu distancé du maître pour créer une œuvre originale, aux confins de la poésie et de la philosophie, une œuvre forte, récompensée très tôt par le prix Renaudot (La Lézarde, 1958), puis reconnue comme l'une des plus importantes de la francophonie.

    Ce qui frappe, dans cette œuvre singulière, marquée par la philosophie de Gilles Deleuze et Félix Guattari (en particulier sur la notion de  « rhizome », opposée à celle de « racine »), c'est sa richesse et sa diversité. Romancier, poète, philosophe, constamment préoccupé par des questions d'éthique et de politique, Glissant s'est fait « l'ethnologue de lui-même », en même temps qu'il s'est défié de toute autorité. Circulant d'un genre à l'autre, il a donné aux lettres martiniquaises plusieurs chef-d'œuvres, dont le roman Tout-monde (Gallimard, 1995) et la longue suite poétique des Indes (Le Seuil, 1965), épopée qui retrace, pas à pas, le parcours des esclaves africains jusqu'aux « Indes », le lieu de leur aliénation). Il est l'auteur de nombreux essais et pièces de théâtre. Et de passionnants entretiens avec Patrick Chamoiseau, Rafael Confiant ou encore Lise Gauvin.

    Pour ma part, je recommande la lecture des Entretiens de Baton Rouge (Gallimard, 2008) avec Alexandre Leupin, ancien assistant à l'Université de Genève et professeur à l'Université de Louisiane. Ils permettent de se familiariser avec la pensée de Glissant, avec le « tout-monde » et sa fameuse notion de « créolisation ». Ils donnent les clés pour lire une œuvre originale, forte et moderne.

    Quant à ceux qui voudraient réentendre la voix du poète, voici un document récent et toujours d'actualité.

     

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    Glissant : le Tout-Monde contre l'identité nationale
    envoyé par rue89. - Regardez les dernières vidéos d'actu.