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France

  • Une grande perte pour Genève

    images-4.jpegLa nouvelle, bien sûr, n'a pas fait la une des journaux — ni même un entrefilet, pourtant elle est d'importance : François Jacob, l'éminent directeur de l'Institut et du Musée Voltaire, aux Délices, vient de démissionner de son poste, lassé par les bâtons qu'on a mis dans ses roues depuis quatre ans (tracasseries administratives, réduction de budget, intrigues diverses).  

    Fondé par Theodore Besterman, l'Institut Voltaire a été dirigé longtemps par Charles-Ferdinand Wirz de 1973 à 2002, puis par François Jacob qui lui a redonné éclat et dynamisme, en mettant en valeur son extraordinaire bibliothèque (25'000 volumes !) et en consacrant à Voltaireimages-5.jpeg
    plusieurs ouvrages essentiels, dont une savoureuse (et savante) biographie, parue cette année chez Gallimard (voir ici) dans la collection Folio.

    Le grand Voltaire doit se retourner dans sa tombe !

    Et pour Genève, c'est indéniablement une grande perte. images-6.jpeg
    D'abord parce que François Jacob (à gauche sur la photo) — par ses compétences, son esprit, son dynamisme  —  était la personne idéale pour diriger l'impressionnante voilure de l'Institut Voltaire. Ensuite parce que l'on ne remplace pas facilement un homme d'une telle envergure. Et que laisser partir un tel oiseau rare relève de la bêtise ou de l'incompétence (mais nous sommes à Genève !)…

    François Jacob retourne en Franche-Comté, où il enseignera à l'Université de Besançon. Nous lui souhaitons le meilleur pour sa nouvelle vie.

  • Ne baissons pas les bras ! Construisons des écoles !

    Unknown.jpegIl y a presque vingt ans, en 1996, j’ai publié "Les innocents" (L’Age d’Homme, 1996), l’un des premiers romans à mettre en scène un attentat islamiste. Cela se passait à Genève. Tandis qu’on célébrait, en grande pompe, le 300e anniversaire de la naissance de Voltaire, un fanatique rêvait de mettre la ville à feu et à sang. Il avait des ennemis, mais aussi des complices: un pasteur, un maire écolo-bobo, un policier véreux, un juge d’instruction. Au-delà du jeu de massacre, par la satire, je voulais dénoncer les intégrismes (politique, religieux, judiciaire), comme Voltaire l’avait fait trois siècles plus tôt. Prémonitoire, ce roman m’a valu des lettres de menaces (anonymes, bien sûr).

    Avec effroi, je constate qu’il s’est réalisé à Paris la semaine dernière. Les écrivains sont des voyants. Des archers, dans la nuit, qui tirent sur des cibles mouvantes. Quel homme politique aujourd’hui, quel expert autoproclamé en religion ou en stratégie géopolitique, aurait la lucidité de Voltaire, qui écrivait ceci dans son "Dictionnaire philosophique": «Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené le cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant? Ce sont d’ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains.»

    Tout est dit: le fanatisme n’est pas la religion (chrétienne ou musulmane), c’est le cancer de la religion. Une pathologie qui a ses causes et ses symptômes. Un mal presque incurable, selon Voltaire. En effet, comment soigner un homme (le fanatisme est essentiellement féodal, patriarcal, nostalgique) qui ne désire que la mort – et celle des autres? L’intégrisme est un nihilisme. C’est aussi une haine longuement ruminée contre l’Occident et ses valeurs «dégénérées» (la fête, le rire, la liberté, l’émancipation des femmes, l’éducation, la culture.

    Le cancer veut la mort. Le cancer aime la mort (Daech en a fait sa bannière noire). Il répand le chaos dans le corps en déroute. C’est le but recherché de tous les intégrismes: semer la peur, la haine, le doute. Monter les hommes les uns contre les autres (car il se trouve toujours des âmes bien-pensantes, chez nous, pour comprendre ou justifier l’injustifiable). Attiser un feu qui embrasera le monde pour faire place à cet Ordre Nouveau qui assassine des enfants, viole des femmes et décapite ses ennemis.

    Ne tombons pas dans le piège qu’on nous tend! Les terroristes n’auront ni notre peur, ni notre haine, ni notre amour. Le chaos qu’ils souhaitent n’arrivera jamais. Ils vont perdre bientôt la guerre désespérée qu’ils mènent misérablement (on ne dira jamais assez combien ils sont misérables et méprisables.

    Il y a désormais des remèdes au cancer. Lesquels? Méfions-nous des solutions faciles. François Hollande a choisi la manière guerrière. Ce n’est pas la plus sûre. Mais la guerre est sans doute un passage obligé, car il faut toujours répondre à la mort. Méfions-nous aussi des discours angéliques, pontifiants, qui font des tueurs parisiens des victimes. Ce ne sont pas des produits de l’injustice sociale (l’un des tueurs parisiens travaillait pour la RATP, les frères Kouachi, auteurs de l’attentat contre "

    Le fanatisme repose sur deux piliers: la bêtise et l’ignorance. Contre la bêtise, disait Lacan, il n’y a rien à faire! Mais l’ignorance peut être vaincue. C’est la leçon des attentats, et un avertissement à ceux qui veulent couper dans les budgets scolaires. L’école laïque enseigne la tolérance, l’écoute, la réflexion critique – tout ce que le Diable déteste. Ne baissons pas les bras! Construisons des écoles – non des prisons! Ainsi nous écraserons l’Infâme! (TDG)