Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

politique - Page 5

  • Le choc des cultures

    images.jpeg L'affaire Kadhafi, me semble-t-il, est révélatrice de ce que d'aucuns appellent « le choc des civilisations » — c'est-à-dire des cultures, des rites et des coutumes.

    Acte premier. Le fils d'un despote étranger maltraite ses domestiques dans un grand hôtel genevois. La police intervient, comme Zorro, menote l'énergumène, l'arrête, lui fait passer deux jours dans un cachot infâmant. Pourquoi? Parce qu'il contrevient aux lois suisses. Aurait-il agi de la même manière à Tripoli, personne ne l'aurait inquiété. Non pas que tous les Libyens maltraitent leurs domestiques (quand ils en ont), mais, en Libye il ne viendrait à l'idée de personne d'arrêter le fils du dictateur local pour d'aussi futiles raisons. Première erreur.

    Acte deuxième. Le despote, dont le fils a été humilié, se venge en faisant disparaître le frère de l'un des domestiques, puis en arrêtant deux ressortissant suisses qui n'ont bien sûr rien à voir avec l'affaire. Cette prise d'otages, bien dans l'esprit teroriste, ne soulève que peu d'émotion. Tout le monde, en Suisse et ailleurs, est persuadé que tôt ou tard les otages (qui, pour les Libyens, n'en sont pas) seront libérés. Nouvelle erreur, bien sûr, à mettre sur le compte du fameux choc des cultures.

    Acte troisième. Pendant plus d'une année, la diplomatie suisse multiplie les contacts, sa cheftaine se rend à Tripoli, discute avec des sous-fifres. On lui fait maintes et maintes promesses. On est même à « deux millimètres » d'une solution. Nouvelle erreur : on ne discute pas avec quelqu'un qui s'est senti humilié et qui n'a qu'un désir : humilier l'autre à son tour. Cela, madame Calmy-Rey ne l'a visiblement pas compris, persistant à croire à une illusoire négociation.

    Acte quatrième. Prenant son courage à deux mains, fâché par l'inefficacité de sa diplomatie, le Président de la Confédération décide de se rendre à Tripoli. Il va même jusqu'à s'excuser publiquement des exploits de la police genevoise. Ce qui a dû lui coûter beaucoup. On lui fait, une fois encore, maintes promesses, qui ne seront jamais tenues. Parce la parole d'un terroriste humilié n'a aucune valeur. Le petit Président s'en revient. À son retour, on le couvre d'insultes et de quolibets. Il garde la tête haute. Cet homme qui a frôlé la mort en a vu d'autres.

    Acte cinquième. L'affaire n'a pas avancé d'un pouce. On est toujours à deux millimètres d'une solution. Tout le monde, en Suisse, met son grain de sel. Les partis pérorent, comme à leur habitude. Les beaux-parleurs des hauts parleurs (Me Poncet, Jean Ziegler, etc) en profitent pour se faire valoir. C'est le grand cirque médiatique. Là encore, le choc des civilisations. D'un côté, les palabres sans fin et de l'autre la Loi du Talion. Deux points de vue inconciliables. Le despote éclairé demande même à l'ONU le démantèlement de la Suisse. Preuve que toutes les manœuvres diplomatiques n'ont servi à rien. Une fois de plus, il se ridiculise aux yeux du monde. Mais un despote se fout du monde. Il se songe qu'à tyraniser son peuple, et, une fois de plus, à appliquer la fameuse Loi du Talion.

    Tout cela ne ressemble-t-il pas à un « choc des civilisations » ?

     

  • Le bilan du roi Couchepin

    images.jpeg Dans la grisaille politique suisse, le départ de Pascal Couchepin, soigneusement mis en scène par ses conseillers en communication, a fait figure de coup de tonnerre, alors qu'il n'est, au mieux, qu'un non événement. En effet, depuis le temps que tout le monde, à Berne et ailleurs, réclamait la démission du conseiller fédéral valaisan, son départ faisait partie de la logique des choses. Même si, refusant de céder aux pressions, le Roi Couchepin a voulu décider lui-même du moment de partir…

    Étrange parcours que celui de cette « bête politique », comme l'appelle la presse spécialisée ! « Une bête » qui a conjugué à la fois la nostalgie impériale (un homme politique, en Suisse, aujourd'hui, a encore du pouvoir) et la nécessité de négocier et de communiquer au mieux pour faire passer ses idées. Le problème de Pascal Imperator, on l'a très vite compris, c'est les autres. Ceux qu'il aime affronter (c'est un homme de combat) et qui, sur presque tous les dossiers, ont eu le dernier mot! Ce n'est pas le moindre paradoxe de la démocratie de voir un homme à idées et à convictions échouer sur (presque) tous les dossiers qui lui ont été confiés.

    On connaît ses déboires sur la question de l'AVS, ses déclarations intempestives, les haines qu'elles lui ont valu. Sur ce dossier sensible, de révision en révision, toujours en retard d'un train, Pascal Couchepin a plombé pendant un lustre toute avancée décisive.

    Idem sur la question de l'assurance-maladie : naviguant à vue, sans vision à long terme, ayant de la peine à cacher son mépris pour les médecins (ni ses sympathies pour certaines caisses-maladie valaisannes!), il aura non seulement échoué à stabiliser des primes qui prennent l'ascenseur chaque année, mais il se sera mis à dos tous les acteurs du dossier. Et celui (ou celle) qui reprendra le flambeau aura fort à faire pour débloquer les choses !

    Autre paradoxe de cet homme de caractère et d'esprit : en tant que responsable de la culture, il aura beaucoup fait pour le cinéma suisse, en soutenant les efforts d'un Nicolas Bideau, par exemple, promu grand manitou du 7ème art. Il fallait le faire et on le félicite.  Il aura défendu, également, la liberté d'expression lorsque l'artiste Thomas Hirschhorn aura été attaqué pour les œuvres qu'il exposait au Centre Culturel suisse de Paris. Là encore, bravo! En revanche, grand lecteur devant l'Eternel, citant facilement les poètes et les philosophes, il n'aura rien fait pour le livre, dont la place est chaque jour plus menacée. On connaît la situation difficile (pour ne pas dire plus) des maisons d'édition suisses, les problèmes de diffusion, la disparition dramatique des petites librairies, la question du prix du livre, etc.

    Sur ce point, comme sur les autres, le chantier est ouvert, et dans une grande pagaille.

    Pourtant, sous ses airs bourrus, Pascal Couchepin aura toujours été un homme sensible, intelligent, subtil, volontaire. Alors que lui a-t-il manqué pour devenir un grand homme politique ? L'humilité, peut-être. Ou, plus simplement, le doute, la remise en question, la vision à long terme. En tous points, le poète Couchepin (inégalable pour son phrasé et sa syntaxe rocailleuse) n'aura jamais été prophète.

  • Le PS vire au PC

    images.jpeg Impayables, les socialistes genevois! Alors que le monde traverse une crise (financière, mais aussi politique et sociale) sans précédent, alors que Genève a besoin de personalités fortes et compétentes, ils choisissent, une fois de plus, le compromis, la pseudo-parité, l'éloge du juste de milieu. « Soyons médiocres ! » semble être leur mot d'ordre. Pourtant, samedi, lors de la désignation du ticket socialiste pour le futur Conseil d'État, les membres du PS avaient le choix. Quatre candidats pour un poste : Mmes Rielle-Fehlmann, Torracinta-Emery et Pürro et M. Tornare. Sur le papier, déjà, la lutte était inégale. Tout s'est avéré joué d'avance. L'intrigue, les complots souterrains, l'alliance des pleutres et des vélléitaires, la mesquinerie, les revanchards ont fait le reste. Le choix final s'est porté sur deux noms, qui ne font la paire que sur les photos. Charles Beer, donc, malgré un bilan désastreux (qui va s'alourdir encore dans les mois qui viennent) et Véronique Pürro, déjà éjectée une fois des joutes électorales, sont les deux dindons de la farce.

    Plus Politiquement Correct, tu meurs, dirait ma fille !

    Alors que Genève a besoin, comme jamais, de fortes têtes et de compétences marquées (pour faire oublier, si c'est possible, le désastre Moutinot), le PS choisit un couple jeune et branché, polo rayé et top fuchsia, digne de la Star'Ac, en espérant que les électeurs genevois (pas plus bêtes que les autres, au demeurant) cautionneront ce choix démagogique et dangereux. Pourquoi démagogique?  Parce que la « parité » n'a de valeur que si elle met sur un même pied d'égalité deux personalités aux compétences égales et reconnues par tous. Ce qui n'est pas le cas ici. Pour s'attacher le vote des femmes, le PS s'est montré prêt à tout : même à choisir Véronique Purro. Et pourquoi dangereux? Parce que, dans ce pocker menteur, les électeurs ne sont pas dupes. En voyant, une fois de plus, l'extrême légéreté  (pour ne pas dire inconsistance) du ticket socialiste, ils vont se tourner vers d'autres partis, plus à même, selon eux, de fournir des réponses fortes et intelligentes à la crise. Autrement dit, les deux candidats socialistes risquent bien de rester sur la touche cet automne.

    Quel gâchis, quand on pense aux qualités de Manuel Tornare ou de Laurence Rielle-Fehlmann…