Triste jour pour la littérature — romande, suisse, européenne — : Vladimir Dimitrijevic, né en 1934 à Skopje, fondateur des éditions de L'Âge d'Homme, nous a quittés hier soir, 28 juin, victime d'un accident de la route, près de Clamecy, au sud de Paris. Nous rendrons hommage, dans les jours qui viennent, à cet homme exceptionnel.
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Vladimir Dimitrijevic (1934-2011)
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Isabelle Martin, dernière critique
Celle que Jacques Chessex, par antiphrase, mais affectueusement, appelait tantôt « la verdoyante Isabelle Martin », tantôt « la sémillante Isabelle Martin », vient hélas de nous quitter, des suites d'une longue maladie.
Pendant près de trente ans, Isabelle Martin aura marqué le paysage culturel suisse-romand. C'est à elle qu'on doit, sans contexte, l'intérêt nouveau pour la littérature suisse, qu'elle n'a cessé de défendre, depuis les années 80. Ainsi a-t-elle encouragé de nombreux écrivains à poursuivre leur travail, à une époque où la critique littéraire était encore vivante et importante. Son nom est lié au Journal de Genève, où elle était responsable du fameux Samedi littéraire, dont l'aura était grande et que tout le monde regrette aujourd'hui.
Avec la disparition d'Isabelle Martin, la critique littéraire romande perd l'une de ses derniers fleurons (si l'on excepte Jean-Louis Kuffer, Jacques Sterchi ou Bernadette Richard, il n'y a plus de critique littéraire dans les journaux).
Signalons encore qu'Isabelle Martin venait de publier, aux Editions Zoé (dont elle fut toujours très proche), une étude éclairante consacrée à l'écrivain suisse Claude Delarue (La Grandeur des perdants).
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Édouard Glissant, chantre du métissage
Un grand poète nous a quittés : Édouard Glissant. Poète de la diversité, du « tout-monde » et de la « créolisation » Élève du grand Aimé Césaire (dont on a pu lire un éloge de la négritude ici), Glissant, né à la Martinique en 1928, s'est peu à peu distancé du maître pour créer une œuvre originale, aux confins de la poésie et de la philosophie, une œuvre forte, récompensée très tôt par le prix Renaudot (La Lézarde, 1958), puis reconnue comme l'une des plus importantes de la francophonie.
Ce qui frappe, dans cette œuvre singulière, marquée par la philosophie de Gilles Deleuze et Félix Guattari (en particulier sur la notion de « rhizome », opposée à celle de « racine »), c'est sa richesse et sa diversité. Romancier, poète, philosophe, constamment préoccupé par des questions d'éthique et de politique, Glissant s'est fait « l'ethnologue de lui-même », en même temps qu'il s'est défié de toute autorité. Circulant d'un genre à l'autre, il a donné aux lettres martiniquaises plusieurs chef-d'œuvres, dont le roman Tout-monde (Gallimard, 1995) et la longue suite poétique des Indes (Le Seuil, 1965), épopée qui retrace, pas à pas, le parcours des esclaves africains jusqu'aux « Indes », le lieu de leur aliénation). Il est l'auteur de nombreux essais et pièces de théâtre. Et de passionnants entretiens avec Patrick Chamoiseau, Rafael Confiant ou encore Lise Gauvin.
Pour ma part, je recommande la lecture des Entretiens de Baton Rouge (Gallimard, 2008) avec Alexandre Leupin, ancien assistant à l'Université de Genève et professeur à l'Université de Louisiane. Ils permettent de se familiariser avec la pensée de Glissant, avec le « tout-monde » et sa fameuse notion de « créolisation ». Ils donnent les clés pour lire une œuvre originale, forte et moderne.
Quant à ceux qui voudraient réentendre la voix du poète, voici un document récent et toujours d'actualité.
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Glissant : le Tout-Monde contre l'identité nationale
envoyé par rue89. - Regardez les dernières vidéos d'actu.Lien permanent Catégories : Hommage