Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Une rentrée explosive

    craie_icone.jpgLa nouvelle n'a pas fait la une des journaux, trop occupés à disserter sur l'équipée folle (mais courageuse) de Hans-Rudolf Merz en Lybie ou la future élection au Conseil Fédéral (la valse des neutrons). Pourtant, elle mérite qu'on s'y arrête quelques instants.

    Comme on sait, l'école genevoise va très bien. Effectifs réguliers, profs satisfaits de leur sort, locaux modernes,  nouvelle matu tip-top, etc. Sauf que…

    L'école genevoise va si bien, elle est si attractive, si compétitive, qu'elle attire de plus en plus d'élèves (débauchés, le plus souvent, des écoles privées). Seulement, s'il y a dee nouveaux élèves, la logique voudrait que l'on engageât aussi de nouveaux profs. Mais voilà ! Pour ne pas engager de nouveaux profs, on falsifie volontairement le chiffre des nouveaux arrivants. Lesquels, pour le post-obligatoire, se chiffreraient cette année à plus de 1200 ! Ce qui voudrait dire qu'il faudrait ouvrir au moins 48 nouvelles classes (à effectif surpeuplé…)! Comme on aime à s'étourdir de mensonges, on se retrouve, à la rentrée, avec plus d'un millier de nouveaux élèves qu'il faut caser, coûte que coûte, et illico presto. Les directions d'établissement font ce qu'elles peuvent pour jouer le jeu. Mais le fait est que la situation est explosive dans plusieurs écoles et collèges. On gonfle l'effectif des classes (certains élèves n'auront pas de pupitre, ni de chaise où s'asseoir : il faudra qu'ils apprennent à rester debout!). On surcharge les postes de maîtres (certains travaillent à 110%, voire davantage). On supprime, dans la foulée, les cours facultatifs et les cours d'appui. En bref, on rend la vie des élèves comme des profs de plus en plus précaire et difficile.

    Juste un chiffre : depuis, 1991, l'effectif des élèves au PO a augmenté de 30%, tandis que, pendant cette même période, l'effectif des maîtres augmentait de 3%. Cherchez l'erreur…

    Il faudra garder ces chiffres en mémoire au moment d'élire nos futurs Conseillers d'État!

     

  • Recherche Pelli désespérément

    images.jpeg

    Fulvio Pelli existe-t-il? Quelqu'un l'a-t-il rencontré en personne ? Quelqu'un lui a-t-il parlé ? Est-on sûr que c'était lui?

    Il me semble l'avoir croisé à Locarno, où le gratin politique aime à se faire voir, mais peut-être était-ce son sosie…

    La politique suisse, qui n'a jamais brillé par son lustre et sa visibilité, avait besoin de Fulvio Pelli* pour incarner cette présence diaphane, cette transparence spectrale, en un mot cette inexistence qui semble si bien la caractériser.

    Dans son genre, Fulvio Pelli* incarne à merveille la confusion du centre politique suisse. Ni dedans, ni dehors ; ni avec, ni sans ; ni de gauche, ni de droite. Bien au contraire. Ce candidat fantôme appartient à un parti fantôme qui mène depuis deux mois une stratégie fantôme pour ne pas perdre son siège au Conseil fédéral (ce qui s'annonce mal). Aucun projet, aucune initiative positive, aucun débat d'idées, aucune volonté d'engagement. On laisse les autres occuper le terrain en attendant qu'ils se fatiguent, ou qu'ils se retirent d'eux-mêmes. Voilà tout le programme du nouveau parti libéral-radical (ou l'inverse)…

    Dans le pire des cas, Fulvio Pelli* sera élu le mois prochain. A l'insu de son plein gré bien sûr. Et l'on aura un Conseiller fédéral encore plus gris, neutre, pleutre, transparent, que les autres. Dans le meilleur des cas, l'assemblée fédérale renverra tous ces fantômes à leur inexistence (ce qui semble peu probable).

    Alors, peut-être, un véritable candidat avec un programme, des idées, de l'imagination, voire du culot, sortira des rangs pour occuper la place du grand Pascal, qui doit bien s'amuser, depuis deux mois, de ce bal des fantoches.

    * Nom fictif.

  • Souvenirs de Locarno (1)

    images.jpeg Il faut aller à Locarno, comme tous les Romands branchés, et les hommes politiques désœuvrés. C'est une ville pleine de charme et de surprises, où l'on découvre parfois un bon film. Si vous voulez devenir Conseiller fédéral, par exemple, c'est un must, il faut aller vous faire voir sur la Piazza Grande, de préférence quand les caméras de la télévision sont plantées près des loges VIP, vers les 21 heures. Sinon vous n'avez aucune chance…

    Le gratin de la politique suisse l'a bien compris qui a fait semblant de s'intéresser, pour un jour ou deux, aux dernières merveilles du 7ème art…

    Le cinéma, parlons-en. C'est d'abord, tout le monde à Locarno l'a compris, une affaire de politique et de gros sous. Pascal Couchepin, à son plus grand mérite, a créé une structure de soutien du cinéma suisse. C'est un effort unique pour encourager et développer des projets cinématographiques « populaires et de qualité ». images-2.jpegComme on sait, il a placé le genevois Nicolas Bideau à la tête de cette structure, lequel Bideau, année après année, doit doit affronter la polémique à Locarno. Cette année comme les précédentes. Nous y reviendrons.

    Mais les films, alors? Le cinéma, à Locarno, intéresse-t-il encore quelqu'un?

    Malgré un début de festival plutôt terne (la première soirée sur la Piazza Grande, avec les films de Mark Webb et Amos Gitaï, fut un désastre), malgré l'invasion des mangas japonais, hôte d'honneur du festival (est-ce encore de notre âge?), quelques perles se sont glissées dans une programmation souvent lourde et austère, marquée par la lèpre naturaliste des frères Dardenne, qui ont hélas fait école. Entre une mère (admirable) obligée de s'occuper, seule, de son fils tétraplégique, un ado japonais livré aux horreurs de la misère, une jeune lesbienne assassinant avec sa comparse le père qui l'a abusée, l'atmosphère générale, on le voit, n'est pas à la franche rigolade.

    Heureusement, il y a les courts-métrages suisses, largement subventionnés par Berne, qui offrent de belles promesses. Et il y a cette nouvelle génération (spontanée ?) de cinéastes qui réalisent leurs films sans aucune équipe technique, armés de leur seul téléphone portable. Le film le plus abouti, dans ce nouveau genre, est sans conteste Téhéran sans permission, de Sepideh Farsi. Revenant dans la ville qui l'a vue naître, Sepideh Farsi promène son portable incognito (ou presque) dans les rues, les taxis, les magasins de Téhéran. 1873160553.jpgC'est peu dire que ce film clandestin (et risqué) coupe souvent le souffle par son culot (la réalisatrice pénètre dans les mosquées, côtoie des policiers sur le qui-vive). Il frappe d'abord par sa justesse et son authenticité, le poids de vérité des témoignages recueillis. Son goût du risque. Sans mise en scène, ces rencontres de hasard, soigneusement montées comme une vraie fiction, nous donnent à voir et à sentir l'Iran d'ajourd'hui, quelques mois à peine avant les émeutes récentes de juin 2009. On comprend mieux ces mouvements de révolte en découvrant le film de Sepideh Farsi, qui les annonce et les explique. C'est encore une force de ce cinéma sans artifice qui puise dans la réalité sa raison d'être et son engagement.

    C'est sans doute l'une des voies-voix les plus prometteuses du cinéma de demain.