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Je suis né dans une bulle*

images.jpegJe suis né dans une bulle.

Blanc, mâle et fou de liberté.

À qui la faute ?

Celle ou celui qui me mettra le grappin dessus n'est pas encore né.

J'ai grandi dans les années 70. À l'époque, personne ne se préoccupait vraiment des enfants. Avec mon frère (trois ans de moins que moi) nous étions sans cesse livrés à nous-mêmes. Toujours dans la rue. À jouer au football ou à se battre à coups de pierre ou de bâtons. Nous défendions notre territoire. Je ne voyais mon père qu'une ou deux fois par semaine. Il mangeait avec nous le samedi, se reposait avec ma mère le dimanche et repartait en voyage lundi matin. Il était représentant de commerce. D'abord pour une fabrique de balances de précision (qui a fait faillite), puis pour des appareils électroniques. Parfois, il rentrait au milieu de la nuit et s'éclipsait avant le lever du soleil.

Nous allions seuls à l'école du village et personne ne venait nous chercher. Après l'école, nous rentrions à la maison, qui était vide, et nous allions chercher quelque chose à manger dans le réfrigérateur. Puis nous sautions sur nos vélos et nous partions à l'aventure. Il y avait toujours une expérience à faire. Un mauvais coup à tenter. Nous étions actifs et toujours en mouvement — et je ne parle pas des parties de football qui duraient jusqu'au seuil de la nuit ! Il fallait nous confisquer le ballon pour que nous arrêtions de jouer. Bien sûr, nos choix étaient plus limités qu'aujourd'hui (il n'y avait que deux ou trois chaînes de télévision et pas d'ordinateur, ni de portable), mais l'éventail de nos bêtises était illimité. Personne ne se souciait de nous, de ce que nous faisions ou regardions ou lisions. Et quand il arrivait un coup dur (pouce écrasé, jambe cassée, œil au beurre noir), nous ne pouvions nous en prendre qu'à nous-mêmes.

* extrait d'un roman en chantier.

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