Toute origine est partagée, déchirante. À jamais mystérieuse.
Mon histoire est banale.
C’est un nœud de silence et de peur.
Comme la fumée des cigarettes, mon père s’est évaporé. Ma mère l’a suivi quelques années plus tard. Je veux dire qu’elle aussi est partie en effaçant ses traces. Elle m’a laissé une plume et un carnet de notes qui n’étaient pas à elle. Elle n’a pas prononcé un mot. Ce jour-là j’ai compris qu’il fallait commencer mon enquête.
Une chambre n’est rien : que le siège d’une absence qu’elle rend palpable. Absence d’une personne. Et de toutes les autres. Mortes ou vivantes. Absence qui résonne en elle comme la mer dans un coquillage.
C’est bien à tort que l’on croit habiter certains lieux, alors que ce sont eux, souvent, qui vous habitent.
© Phographie : Bernard Faucon.