L’univers de Yasmine Char, née au Liban et vivant aujourd’hui à Lausanne, est aux antipodes de celui de Catherine Lovey (voir Cinq vivants pour un seul mort). Autant le monde de Lovey est fait de silence, de glace, de solitude, autant celui de Yasmine Char est rempli de bruit et de fureur, grouille de personnages hauts en couleur, frémit de passion et de larmes. Dans La Main de Dieu*, un roman aux accents très autobiographiques, Yasmine Char raconte un rite de passage. Son héroïne a quinze ans. Elle vit dans un pays en guerre, seule, avec son père malade, qu’elle aime d’un amour « pur comme un diamant ». Bientôt, elle va rencontrer une autre sorte d’amour, charnel et clandestin, avec un étranger mystérieux, qui s’avérera être un franc-tireur.
L’intrigue de La Main de Dieu vous rappellera sans doute un autre livre, prix Goncourt 1984 : L’Amant de Marguerite Duras ! Yasmine Char aime à s’inscrire dans cette filiation : de nombreuses phrases de son livre semblent calquées, tant au niveau du style que du contenu, sur certains passages de L’Amant. Ce qui agace au début le lecteur. Car Yasmine Char n’a pas besoin de ce genre de pastiche. Ce qu’elle a à raconter est si fort, si central, qu’elle doit se dégager de toute manière de parodie. En effet, la grande qualité de son livre tient aux portraits qu’elle trace de ses parents, du père malade et faible, de la mère française qui abandonne son foyer, du pays mis à feu et à sang par les milices religieuses ou les raids incessants de l’armée israélienne. Il y a là des pages magnifiques sur le Liban déchiré, le conflit des générations, le rôle si équivoque des étrangers. Yasmine Char a beaucoup à dire sur cette blessure, qui est la sienne, et elle le dit très bien. Comme elle dit très bien l’émerveillement amoureux, la jouissance, la douleur d’être quittée ou trahie. L’originalité du roman tient peut-être à ce lien très troublant entre l’amour et la trahison. Vivant un amour clandestin, l’héroïne de Yasmine Char est condamnée au silence et à la transgression. Elle ne peut avouer son amour à personne. Elle doit le vivre dans le silence et la honte. Pour le vivre complètement, elle doit trahir les siens. Et finalement, bien sûr, c’est elle qui sera trahie par son amant.
L’intrigue de La Main de Dieu vous rappellera sans doute un autre livre, prix Goncourt 1984 : L’Amant de Marguerite Duras ! Yasmine Char aime à s’inscrire dans cette filiation : de nombreuses phrases de son livre semblent calquées, tant au niveau du style que du contenu, sur certains passages de L’Amant. Ce qui agace au début le lecteur. Car Yasmine Char n’a pas besoin de ce genre de pastiche. Ce qu’elle a à raconter est si fort, si central, qu’elle doit se dégager de toute manière de parodie. En effet, la grande qualité de son livre tient aux portraits qu’elle trace de ses parents, du père malade et faible, de la mère française qui abandonne son foyer, du pays mis à feu et à sang par les milices religieuses ou les raids incessants de l’armée israélienne. Il y a là des pages magnifiques sur le Liban déchiré, le conflit des générations, le rôle si équivoque des étrangers. Yasmine Char a beaucoup à dire sur cette blessure, qui est la sienne, et elle le dit très bien. Comme elle dit très bien l’émerveillement amoureux, la jouissance, la douleur d’être quittée ou trahie. L’originalité du roman tient peut-être à ce lien très troublant entre l’amour et la trahison. Vivant un amour clandestin, l’héroïne de Yasmine Char est condamnée au silence et à la transgression. Elle ne peut avouer son amour à personne. Elle doit le vivre dans le silence et la honte. Pour le vivre complètement, elle doit trahir les siens. Et finalement, bien sûr, c’est elle qui sera trahie par son amant.
Yasmine Char, La Main de Dieu, roman, Gallimard, 2007.