Saviez-vous qu'Amy Winehouse, la plus grande chanteuse soul de l'après-guerre (du Golfe), souffrait d'impétigo, une maladie de la peau due à un streptocoque ou un staphylocoque, qui laisse sur le visage (et ailleurs, semble-t-il) des plaques rouges fort disgracieuses? Et que la cocaïne, qu'Amy consomme en doses déraisonnables, rendait tout traitement aléatoire, voire inutile? À son médecin qui suppliait la diva d'arrêter la poudre blanche, Amy a répondu en pleurant : « C'est plus fort que moi... J'aime trop ça ! »
C'est la même poudre blanche qu'on a retrouvée sur le porte-monnaie que Valérie Garbani, conseillère administrative de la ville de Neuchâtel, a oublié par mégarde chez un ami de longue date, qui pourrait bien être dealer…
Où ai-je trouvé ces informations de la plus hautes importance?
Dans Le Matin, me direz-vous. Ou pire : Le Matin Bleu.
Pas du tout.
Dans La Tribune de Genève, alors, qui cultive tous les jours sa rubrique people?
Que nenni!
C'est dans La Temps, héritier lointain du vénérable (et austère) Journal de Genève, qu'on trouve aujourd'hui ce genre de ragots. Non content d'avoir ouvert le feu roulant des potins, Le Temps en remet chaque jour une couche, en révélant tous les secrets d'alcôve que ses plus fins limiers ont découverts, après avoir analysé le contenu des poubelles de la dame, et passé au peigne fin ses draps de lit…
Rappelons qu'au départ les déboires de la politicienne ont été rendus publics à la suite d'un courrier anonyme envoyé au Temps. Au lieu d'écarter d'emblée cette source peu glorieuse, le journal a reproduit des notes internes de la police cantonale, parvenues par le plus grand hasard à un journaliste du « quotidien suisse édité à Genève ». Inutile de se demander à qui profite le crime! Victime d'un véritable lynchage médiatique (une fois les chiens lâchés, on ne les arrête plus) Valérie Garbani ne s'en relèvera pas. Déjà en congé maladie, elle aura besoin de beaucoup de courage pour simplement revenir à une vie normale. Et Le Temps, qui en a vu d'autres, saluera comme il se doit l'élection dans quelques jours du candidat libéral ou UDC qui n'a rien à voir, c'est sûr, avec les fuites orchestrées depuis l'Hôtel de Police…
Disons tout net notre écœurement devant ce journalisme de trottoir — tellement dans l'air du temps — qui s'attaque à la personne humaine, avec ses faiblesses et ses défauts, et pas à ses idées, ses convictions, son engagement politique. Quand une « personnalité » est livrée (par la police!) à la fureur des média, il y a bien peu de chance qu'elle y survive. Souhaitons tout de même à cette femme sympathique (et remarquable) d'avoir la force de traverser cette tempête qui ne la laissera pas indemne.