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  • Hommage à Mouduneux

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    Rendons hommage, une fois n'est pas coutume, au magistrat le plus charismatique de Genève, grand amateur de pipes et fidèle adepte de l'adage selon lequel « mieux vaut ne rien faire que tenter le diable », qui s'est encore une fois illustré, ce samedi, en mobilisant, dans la vieille-ville transformée en camp retranché, près de 1300 policiers pour endiguer la violence (forcément…) aveugle d'une poignée de manifestants. Coût de l'opération : 1,5 millions de francs. Est-ce cher payé pour dormir sur nos deux oreilles?

    « Avocat besogneux, il avait, au grand bonheur de ses clients, renoncé au prétoire pour s’occuper d’une association de locataires. Comme il n’était jamais à son bureau, préférant aller à la pêche ou fumer une bonne pipe, il fit peu de dégâts. Sans doute est-ce la raison pour laquelle un groupement politique l’inscrivit sur sa liste pour les futures élections. Un ténor du parti tomba malade. La pasionaria des causes féministes dut renoncer à son mandat à la suite d’une plainte pour harcèlement sexuel déposée contre elle par l’une de ses secrétaires. Le numéro trois disparut du pays, abandonnant femme et enfants, et laissant derrière lui une ardoise de plusieurs millions de francs.
    Pour Mouduneux, tête de liste malgré lui, la voie était brusquement libre.
    Il fut élu, prit possession de son bureau Téo Jacob et s’empressa de reprendre ses anciennes habitudes.
    Ne rien faire, surtout, et attendre.
    Cela ne dura pas longtemps. Élias le contacta, lui présenta un ambitieux projet de construction de logements à la frontière franco-genevoise et déploya toute son énergie pour le convaincre d’y souscrire. Mais l’autre, tirant comme un malade sur sa pipe d’écume, était plus coriace que prévu. Dans les semaines qui suivirent, il revint à la charge plusieurs fois. Il fit valoir les nombreux postes de travail créés (Genève connaissait alors le taux de chômage le plus élevé de Suisse), le grand nombre de logements (dans un canton frappé de pénurie) et l’ouverture transfrontalière qu’un tel projet allait favoriser.
    Fidèle à sa légende, la pipe vissée entre les dents, Mouduneux resta inébranlable. Car au moment de s’engager, considérant les risques du projet et les jalousies politiques qu’il n’allait pas manqué de susciter, il préférait ne pas tenter le diable. »
    Extrait de La Vie mécène, roman, l’Âge d’Homme, 2008.