On connaît bien Jean-François Duval, grand reporter pour M Magazine (ses interviews de Nathalie Baye ou de Michel Houellebecq, par exemple, sont des morceaux d’anthologie…), spécialiste de Charles Bukowski et de la beat generation, mais aussi romancier de talent (Boston Blues, Phébus, 2000). Il se penche aujourd’hui sur ses années d’adolescence, dans un roman qui cherche à ressaisir, avec justesse et authenticité, la douceur des commencements.
Cette année-là, tout le monde s’en souvient, comme si c’était la première. Et ce fut la première pour beaucoup d’entre nous. Les Beatles venaient de sortir leur double album blanc. Bob Dylan se remettait de sa chute en moto. Dans tous les transistors, Tom Jones hurlait son amour pour une certaine « Delilah ». Mary Hopkins sussurait « Those were the Days, my Friend » (une chanson du folklore yiddish sur laquelle Paul Mc Cartney avait fait subrepticement main basse). Walt Disney venait de sortir Le Livre de la Jungle en dessin animé. Et le joli mois de mai, à Paris, avait été du genre chaud…
1968 : personne n’a fait mieux depuis ! Comme le note si justement Duval : « Je n’avais pu monnayer mon âme au diable qu’une seule et bonne fois. Je n’ai vécu qu’une saison dans ma vie, mais en état de grâce, peut-être précisément parce que j’avais un temps limité devant moi. » Cet état de grâce, c’est le séjour qu’entreprend Chris, 18 ans (et donc un peu plus jeune que l’auteur…) à Cambridge, en Angleterre. Séjour linguistique (c’est le prétexte). Mais bien plus que cela en réalité. L’anglais, à cette époque (mais cela a-t-il vraiment changé ?) était la langue de la musique et de la vie, de la pensée et de l’amour. C’était la langue qui inventait le monde, créait un lien magique entre les sexes et les nationalités, incarnait le désir partagé par toute une génération.
Cette année-là, « pulvérisant son horloge interne », changeant de langue et de climat, Chris rencontre Mike, qui compose avec talent des protest songs, Simon qui collectionne les voitures anciennes, Harry le doux colosse et, bien sûr, Maybelene, 17 ans, tout droit sortie d’une chanson de Little Richard ou de Jerry Lee Lewis. C’est avec elle que Chris va connaître une passion dévorante, comme une suite de métamorphoses inattendues : de nouvelles naissances.
Avec délicatesse, Duval nous entraîne dans l’Angleterre des sixties, parvenant à restituer parfaitement ce climat de liberté souveraine et d’expérimentation qui régnait à l’époque, mélange de douce mélancolie et de violence sourde, de grâce et d’exaltation. Composé d’une centaine de brefs chapitres, qui se lisent comme on écoute une chanson, portés par une musique à la fois entraînante et secrète, L’année où j’ai appris l’anglais* résonne longtemps dans les mémoires et laisse sur la peau des frissons qu’on avait oubliés.
Cette année-là, tout le monde s’en souvient, comme si c’était la première. Et ce fut la première pour beaucoup d’entre nous. Les Beatles venaient de sortir leur double album blanc. Bob Dylan se remettait de sa chute en moto. Dans tous les transistors, Tom Jones hurlait son amour pour une certaine « Delilah ». Mary Hopkins sussurait « Those were the Days, my Friend » (une chanson du folklore yiddish sur laquelle Paul Mc Cartney avait fait subrepticement main basse). Walt Disney venait de sortir Le Livre de la Jungle en dessin animé. Et le joli mois de mai, à Paris, avait été du genre chaud…
1968 : personne n’a fait mieux depuis ! Comme le note si justement Duval : « Je n’avais pu monnayer mon âme au diable qu’une seule et bonne fois. Je n’ai vécu qu’une saison dans ma vie, mais en état de grâce, peut-être précisément parce que j’avais un temps limité devant moi. » Cet état de grâce, c’est le séjour qu’entreprend Chris, 18 ans (et donc un peu plus jeune que l’auteur…) à Cambridge, en Angleterre. Séjour linguistique (c’est le prétexte). Mais bien plus que cela en réalité. L’anglais, à cette époque (mais cela a-t-il vraiment changé ?) était la langue de la musique et de la vie, de la pensée et de l’amour. C’était la langue qui inventait le monde, créait un lien magique entre les sexes et les nationalités, incarnait le désir partagé par toute une génération.
Cette année-là, « pulvérisant son horloge interne », changeant de langue et de climat, Chris rencontre Mike, qui compose avec talent des protest songs, Simon qui collectionne les voitures anciennes, Harry le doux colosse et, bien sûr, Maybelene, 17 ans, tout droit sortie d’une chanson de Little Richard ou de Jerry Lee Lewis. C’est avec elle que Chris va connaître une passion dévorante, comme une suite de métamorphoses inattendues : de nouvelles naissances.
Avec délicatesse, Duval nous entraîne dans l’Angleterre des sixties, parvenant à restituer parfaitement ce climat de liberté souveraine et d’expérimentation qui régnait à l’époque, mélange de douce mélancolie et de violence sourde, de grâce et d’exaltation. Composé d’une centaine de brefs chapitres, qui se lisent comme on écoute une chanson, portés par une musique à la fois entraînante et secrète, L’année où j’ai appris l’anglais* résonne longtemps dans les mémoires et laisse sur la peau des frissons qu’on avait oubliés.
Les Éditions Zoé ont eu l'excellente idée de reprendre ce livre délectable en colelction de poche. Qu'on se le dise !
*L’année où j’ai appris l’anglais, par Jean-François Duval, Zoé-Poche, 2012.